Solidarité et Logiques sociales du non-remboursement des prêts sociaux à la coopérative des planteurs d'hévéa de songon (cophes)( Télécharger le fichier original )par Sédji Donald AKRE Université de Cocody-Abidjan - Maitrise de Sociologie 2007 |
CHAPITRE IIILECTURE DE LA SEMANTIQUE DES PRETS SOCIAUX DANS L'IMAGINAIRE COLLECTIF DESCOOPERATEURS1- Des comportements aux effets de déconstruction de la sémantique des prêts sociaux octroyés par la cophes Rappelons brièvement que qu'il est revenu de récurrente des propos des enquêtes, c'est-à-dire des membres de la coopérative des planteurs de songon (cophes) que lorsqu'un membre leur structure sait qu'il doit de l'argent à la coopérative et qu'il est encaissé de façon quotidienne, alors il s'en suit le comportement suivant : soit il rembourse et le plus souvent, il reconstruit autrement son rapport à sa structure. En clair, lorsque l'un des membres de la cophes se trouve dans une posture de débiteur et que cet acteur social est interpellé régulièrement afin de se mettre à jour vis-à-vis de son engagement, alors soit il rembourse sa dette et il démissionne après ;ou il ne rembourse pas, et il démissionne par la suite de la coopérative. En clair, la démission dont nous parlons n'est pas une démission contractée ouvertement avec l'accord des autres membres de la coopérative, mais c'est en fait une démission qui est perceptible sous l'angle structurel ; c'est-à-dire que le débiteur chronique, rompt ses rapports aux autres membres,ses rapports à la coopérative. Or, un individu qui déconstruit ses rapports à un champ social par la rupture des liens qu'il entretenait jusque-là avec celui là, illustre symboliquement d'une sorte de démission. L'analyse sociologique que nous faisons de cet état de fait,est que les comportements qui sont développés par ces acteurs sociaux quand ils doivent à leur coopérative, trouve son explication dans la conception ou la perception qu'ils ont de l'idée des prêts sociaux. Car, pour ces derniers, les encaisser quotidiennement renvoie dans leur imaginaire collectif comme des acteurs sociaux extérieurs à un champ. Ainsi,les rappeler à l'ordre,renvoierai à une sorte de « négation »de leur appartenance au groupe social qu'est la coopérative ;c'est en quelque sorte « dissiper »la confiance qui les lie à la coopérative,qui, du coup est devenue leur « tutrice » en quelque sorte. Tous ces comportements et toutes ces stratégies mobilisées par ces acteurs sociaux peut trouver aussi une autre explication sociologique encore plus pertinente ;et cela est certainement perceptible dans la représentation que ces acteurs sociaux se font de ces prêts. Car, «les institutions,les actes ou les croyances collectives ne sont intelligibles et explicables que pour autant que l'on montre comment elles découlent de décisions,ou de l'entrecroisement de décisions prises par les individus ;et pour autant que ces décisions procèdent des calculs rationnels de ces individus ; ces sujets sociaux sont d'abord des sujets économiques... » (Caillé, 1995 :52-53)26(*). 2- Des prêts sociaux à valeur de « don » pour les coopérateurs. Le point de mire reste les sociabilités paysannes qui, concernent les formes d'organisations, les associations de secours et de solidarité, qui construisent des réseaux et arrangements sociaux. En présence donc de ces initiatives de soutien et de secours mutuels dans presque toutes les aires culturelles africaines, « le phénomène communautaire et mutualiste fait partie des modes de vie africain et de la tradition africaine (...). L'Afrique conserve une mentalité collective et le culte de la solidarité » (Marsan,1964 :4)27(*). C'est dans cette idéologie d'une Afrique solidaire que nous inscrivons notre regard sociologique sur la solidarité qui découle des systèmes de prêts sociaux octroyé par la cophes à ses membres et les représentations que ces coopérateurs associent aux prêts sociaux. Car, si nous analysons les comportements des acteurs sociaux,c'est-à-dire les membres débiteurs, cela revient à s'interroger sur la façon dont ces argents sociaux construisent un sens à ces prêts sociaux. A la lumière de ce qui a été dit plus haut,nous pouvons ressortir comme dimension sociologique du comportement de ces acteurs, le fait que dans leur imaginaire, les prêts sociaux octroyés renvoient à autre chose que ce à quoi renvoie l'esprit de ces prêts. En clair, l'idéologie qui sous-tend des prêts postule l'idée explicite et implicite selon laquelle,le demandeur de prêts est défini comme un acteur social en quête d'assistance, d'aide ;ceci étant, appartenant à un groupe social inscrivant son action et dont la morphologie et les caractéristiques laissent transparaître le caractère sociable mais aussi social,il est clair que la coopérative dans cette posture, ne peut que répondre aux besoins sociaux de ses membres. En retour donc, le demandeur de prêt devra être en mesure de rembourser au prêteur (la coopérative) afin que ces fonds servent à jouer pleinement ses fonctions quand il s'agira des autres membres de la coopérative en difficultés sociales. Sous ce rapport, il est donc clair que l'octroi de ces prêts obéit à une logique de « retour » ; c'est-à-dire que le demandeur ne peut que rembourser les fonds par l'entremise de la même nature (ce qui veut dire qu'un prêt économique est égal à un remboursement économique et non autre chose) . Du coup, les prêts mettent le demandeur dans une situation d' « endetté social ». Or, à la lecture des comportements des membres de la cophes, il est clair que leur tendance à reconstruire autrement leur rapport à leur coopérative quand ils lui doivent de l'argent, ressort l'idée implicite selon laquelle, dans leur imaginaire, l'idée de prêts renvoie au « don » ; car en réalité, en science sociales en général et en Anthropologie en particulier, « depuis le texte fondateur de Mauss intitulé Essai sur le don, paru en 1925, le « don » apparaît comme un échange, et plus spécifiquement comme un échange différé de biens mais aussi d'autres choses :politesse, festins, rites, femmes,etc. ;entre des groupes qui s' « obligent entre eux » ; tout se passe comme s'il y avait un « contrat » qui lie le groupe qui donne et celui qui reçoit. Il y a donc obligation de donner, de recevoir et enfin de rendre. Entre les deux groupes, s'instaure un double rapport : un rapport de solidarité-l'un partage-et un rapport de supériorité- l'autre se met en dette. Celui qui reçoit doit donc rendre ; c'est-à-dire, faire un contre don ; et cette dernière obligation tient, selon Mauss, à « l'esprit de la chose »28(*). Ramenant ce constat général à notre contexte, cela revient à positionner les demandeurs de prêts ou débiteurs de la cophes et la coopérative dans un échange ; et dans cet échange,le groupe qui donne, c'est la coopérative (la direction), et le groupe qui reçoit,est symbolisé par les coopérateurs. Dans le contexte de la coopérative des planteurs d'hévéa de songon, il « se construit la théorie générale de l'échange prenant sa source à la « théorie générale de l'obligation » qui comprend : donner, rendre, recevoir (Mauss,1968 :160)29(*).Car, l'interdépendance des acteurs fait de l'échange, une pratique centrale dans tout système social. Cette perspective « d'interdépendance collective » (Padioleau, 1986 :11) fait des individus dans leurs rapports multiples non pas des individus mais des « collectivités qui obligent mutuellement, échangent et contractent, les personnes présentes au contrat sont des personnes morales : clans, tribus, qui s'affrontent et s'opposent » (Mauss, 1968 :150-151).Sous ce rapport, l'échange met en relations des acteurs sociaux qui s'ajustent mutuellement. Fort de ce constat anthropologique, nous disons que cela peut être la même façon de construire leur rapport à la coopérative tout en convoquant leur passé ; passé qui est chargé d'idéologies, de façon de penser, de faire, d'agir ; c'est donc en réactivant donc leur passé, en l'actualisant que ces membres de la coopérative des planteurs d'hévéa de songon (cophes) se comportent ainsi quant au remboursement des prêts sociaux .Et aussi, cela trouve son sens dans la mesure où nous sommes dans ce cas d'espèce en présence d'une paysannerie, milieu social où la plupart du temps,il y a des foyers de résistance au changement social, et où le culte de la tradition africaine est encore en survivance. Ainsi, les membres de la coopérative, en démissionnant et déliant leur rapport à leur organisation quand il s'agit de rembourser les prêts, résulte du fait que ces acteurs tendent à rompre d'avec « l'esprit de retour » qui caractérise les prêts sociaux. Car, pour eux, le délai de remboursement de ces prêts sociaux ne saurait exister en tant que tel. Car, étant engagés dans un système d'échanges, ces acteurs sociaux ne perçoivent pas réellement le remboursement des prêts comme une contrainte, mais dans leur imaginaire, c'est que ces prêts économiques peuvent être remboursés autrement ; c'est-à-dire dans des réseaux de relations, dans les rapports sociaux quotidiens qu'ils entretiennent avec la coopérative et autres membres. Alors il « s'établit une situation que Jacques Godbout qualifie d'endettement mutuel positif ; non pas la réciprocité simple du donnant-donnant, mais cet état dans lequel chacun a le sentiment de recevoir plus qu'il ne donne et où c'est d'ailleurs effectivement le cas puis qu'en état de confiance mutuelle »30(*)
Conclusion Partielle Nous pouvons retenir au terme de cette partie qu'a travers le système de prêt en vigueur au sein de leur structure, les membres de la coopérative des planteurs d'hévéa de songon (cophes), reconstruisent et revivifient leur rapport à leurs familles qui dans les sociétés traditionnelles étaient enclin à une solidarité légendaire. Sous ce rapport, leur rapport à la cophes est un rapport reconstruit et en référence à un enjeu : la quête d'un paternalisme. SECTION 3 : LES MECANISMES SOCIAUX LIES A L'OCTROI DE PRETS A LA COPHES Etudier les mécanismes sociaux liés à l'octroi de prêts ne saurait se passer de faire la lumière sur l'origine où la nature de ces fonds sociaux. En effet, les fonds soumis aux prêts des membres de la coopérative des planteurs d'hévéa de songon (cophes) sont en réalité le fruit de la collaboration, de la coopération et de la coordination des efforts de tous les membres de ladite coopérative. Ces fonds sont nés des prélèvements faits par la coopérative sur la production de ses membres ; prélèvement fait au kilogramme.Sous ce rapport, il est à mentionner que c'est avec l'accord de toutes les composantes de la coopérative que ce prélèvement se fait. A la lumière donc de ce constat, nous pouvons affirmer que c'est dans un souci de renforcer l'esprit de solidarité, de renforcer ce lien social fort entre les membres de la cophes que ce fonds a été pensé et entretenu. CHAPITRE I L'OCTROI DE PRETS : UN EXERCICE REGLEMENTE 1- Les conditionnalités d'octroi de prêts à la cophes A la cophes, se présenter, comme candidat à la demande de prêts relève dores et déjà du fait que les membres en instance de demande de ces prêts ont rempli deux conditions minimales. Ce sont : 1. Demander des prêts voudrait dire qu'on est membre de la cophes 2. Demander des prêts voudrait également dire qu'on est membre actif de la coopérative des planteurs d'hévéa de songon (cophes) ; c'est- à dire qu'il faille être reconnu comme un membre qui livre régulièrement ses productions à la coopérative. Ces deux dimensions des conditionnalités de l'octroi de prêts est un fait qui s'est traduit de façon régulière dans les discours de nos enquêtés. A la lumière de cette réalité, deux constats polarisent notre attention. C'est que la coopérative des planteurs d'hévéa de songon en créant ces fonds d'aide aux membres en difficultés sociales, a donc eu le souci de répondre aux besoins sociaux de ses membres. En clair, cette solidarité que constitue l'inclination à offrir des prêts à ses membres est une solidarité « exclusionniste » dans la mesure où les règles du jeu des prêts le définit ainsi. Ce qui voudrait dire clairement que la cophes est portée vers une solidarité « choisie » ou orientée. Ainsi, le faisant, la cophes croit-elle pouvoir mobiliser de cette façon des potentiels candidats à l'adhésion à leur coopérative qui ferait d'eux des ayants droits aux prêts. Les prêts ici à la cophes constituent en quelque sorte un capital que les membres de la coopérative mobilisent ou brandissent pour attirer les nouveaux candidats à l'adhésion. A cet effet, les propos de M.M et de M.A sont révélateurs : « Si tu veux bénéficier des prêts, tu n'as qu'à adhérer à la cophes » ; et M.A : « Les prêts ne sont octroyés et acceptés qu'aux membres de notre coopérative » Sous ce rapport, il est clair que les acteurs sociaux c'est-à-dire les membres de la cophes en bénéficiant des prêts octroyés par leur coopérative affirment et brandissent leur identité de membre de la cophes ; cela crée en réalité un sentiment d'appartenance au groupe, la conscience d'appartenir au groupe et l'esprit de solidarité' entre les membres. En ce qui concerne la deuxième conditionnalité d'octroi de prêts, c'est-à-dire la livraison régulière de ses productions à la coopérative ; à ce niveau des conditionnalités, l'on peut retenir que pour bénéficier des prêts octroyés par ladite coopérative, les membres devront manifester leur solidarité eux-aussi à leur structure, solidarité qui elle se traduit par la fidélité à son entreprise. Car, livrer régulièrement ses productions à la coopérative relève pour les coopérateurs d'un sacrifice pour montrer sa fidélité, son attachement à leur structure, en lui offrant donc ce qui est nécessaire à sa survie afin de bénéficier continuellement de sa solidarité : lui assurer inéluctablement les ressources nécessaires à sa pérennisation, à sa viabilité. Cet exercice qui consiste pour les coopérateurs de marquer leur adhésion à la cophes par la fidélité qu'ils doivent à leur structure en lui donnant tout ce dont elle a besoin et la récompense que la coopérative leur réserve, positionne la relation « coopérative-adhérents » dans un champ du « donner et du recevoir ». C'est donc ce rapport d'interdépendance entre la coopérative et ses membres qui caractérise l'esprit de solidarité voire les pratiques de solidarité en cours dans ce champ que constitue l'espace coopératif même si la coopérative n'est qu'un champ fictif ou réel de liens sociaux. 2- L'Itinéraire social des coopérateurs pour l'accès aux prêts Comme toute organisation, la coopérative des planteurs d'hévéa de songon (cophes), dans le souci de réguler l'octroi des prêts à ses membres, a défini un « parcours social » auquel chaque membre demandeur de prêts devra résolument passer ou se soumettre pour le bon fonctionnement de cette solidarité. Ainsi, à la question de savoir, quelles sont les démarches à mener pour bénéficier des prêts, la plupart de nos enquêtés nous ont révélé cet aspect des choses : « Pour bénéficier des prêts, on s'adresse d'abord au président de la coopérative, puis lui, il contacte le comité de prêts dont le trésorier, après quoi les prêts octroyés ou pas ». Comme nous le constatons, l'octroi de prêts à la cophes est un exercice assez régulé. A travers « le parcours social » des coopérateurs pour l'acquisition des prêts, nous pouvons retenir une chose : c'est qu'en procédant ainsi, la coopérative des planteurs d'hévéa de songon entend procéder à un contrôle du comportement de ses sociétaires. Le faisant, la cophes entend socialiser ses membres aux exigences des biens communautaires ou collectifs. Par ce processus donc de régulation des demandes de prêts, aucun membre déjà débiteur ne peut passer outre la vigilance des membres du comité de prêts pour en faire une autre demande ; à moins que ce dernier ce soit acquitté de ses dettes antérieures. 3 - Les conditionnalités de remboursement des fonds : un jeu dit « démocratique » Une fois les fonds accordés aux demandeurs, il est ainsi défini un délai de remboursement. Ainsi, en ce qui concerne le remboursement des fonds ou de la somme prêtée, il est à mentionner que dès l'instant où le demandeur c'est -à-dire le coopérateur sollicitant de l'aide, entre en possession de ce dû, il est engagé du coup un échange entre le comité de prêts et lui (le prêteur) afin de déterminer la date de remboursement. C'est en cela que les membres de la cophes qualifient le mécanisme de remboursement de ces fonds de « démocratique », comme pour reprendre leurs propres propos. A ce effet, les assertions de M.L et de M.G sont révélatrices de cet état de fait : selon M.L : « Ici à la cophes, la façon dont on donne les prêts et aussi les conditions pour les rembourser sont vraiment acceptables ».pour M.G « Ce qui est bien dans notre coopérative au niveau du remboursement des prêts c'est qu'on ne t'impose pas la date ; mais au contraire, celui qui demande des prêts discute avec le comité de crédit pour fixer ensemble un délai précis et raisonnable que les deux parties acceptent » Au regard de ces propos, il y a lieu d'affirmer que les membres de la cophes pour leur part traduisent par ces propos leurs satisfactions quant à la façon dont les prêts leur sont octroyés. La satisfaction des coopérateurs quant aux modalités de remboursement des fonds que leur structure leur prête cache en réalité le sens que les dirigeants ou la direction de la coopérative donnent à ces conditionnalités. En clair, en soumettant le remboursement des fonds prêtés à un membre ou à un sociétaire en difficultés sociales à une séance de discussion et d'acceptabilité d'un délai raisonnable pour le remboursement, n'est ni plus ni moins qu'une « fausse démocratie » en réalité ; car le faisant, la représentation qui sous-tend l'action de la direction est plutôt une stratégie pour emmener les demandeurs de prêts à ne pas vivre les conditions de remboursement de ces prêts et par ricochet, le délai de remboursement comme imposture, car l'idéologie de la coopérative étant la promotion de la solidarité (idéologie, structurelle, symbolique) mais l'arrière-plan de la direction ou l'enjeu de cet exercice est d'amener le débiteur à respecter son engagement de rembourser la somme qui lui a été prêtée. Aussi, lorsqu' un sociétaire, c'est-à-dire un coopérateur se pose comme demandeur de prêt à sa structure, la somme qu'il demande ne devra donc pas être disproportionnelle à ce qu'il est censé avoir mensuellement c'est-à-dire selon sa livraison mensuelle. Ce qui voudrait dire que le coopérateur ne peut demander plus que ce qu'il est censé avoir ou produire. Toutes ces stratégies régulatrices de ces prêts obéissent à une logique d'amener les solliciteurs des prêts à s'accorder à rembourser résolument leurs créances sans contrainte physique, mais symbolique et idéologique. Et selon les membres de la coopérative, les délais de remboursement dans leur variation ne devraient pas excéder neuf mois (09) pour les sommes d'un intérêt appréciable, c'est-à-dire les sommes d'une certaine ampleur ; mais en ce qui concerne les petites sommes, leur remboursement s'étend à trois mois au plus. 4 - Les sanctions liées au non-remboursement des prêts La fonction institutionnelle de la coopérative ne se résume pas qu'à sa fonction idéologique et de socialisation, mais aussi et surtout à sa capacité à définir clairement des sanctions, car en réalité, quand nous parlons de sanctions en sociologie, ce n'est pas sa dimension physique ou sociale à laquelle nous faisons référence mais aussi et surtout ses dimensions idéologiques,symboliques... C'est donc cette capacité pour toute institution à définir des sanctions, qui est source de socialisation des acteurs aux normes institutionnelles. Ainsi, à la cophes, en ce qui concerne les sanctions régissant l'octroi des prêts, il faut souligner que ces mécanismes sanctionnels se résument à deux réalités que tous les membres de la cophes s'accordent à reconnaître et à relater. Premièrement, des résultats de notre enquêtes, il ressort aisément qu'il est admis que le débiteur « chronique », c'est-à-dire le coopérateur ayant demandé des prêts et qui ne les rembourse pas, s'expose à des sanctions comme sa traduction devant le chef du village, ensuite, son expulsion de la coopérative si celui-ci s'entête à ne pas rembourser à la coopérative et enfin, la saisie immédiate de ses produits et de retirer la part de la coopérative. Le cas extrême de ces sanctions étant l'expulsion ou l'exclusion du débiteur « chronique » de champ coopératif. * 26 Caillé,Alain. Don et Intérêt et désintéressement. Bourdieu,Mauss,Platon et quelques uns autres. La découverte/ Paris,1995. * 27 Marsan cf Gabriel Gbénou,2000 P 236. * 28 Extrait du dictionnaire de sociologie Robert/Seuil,Paris,2000 * 29 Mauss, Marcel cité par Gabriel Gbénou,2000, P 208. * 30 Godbout,Jacques T. (1994), « L'état d'endettement mutuel », la Revue du Mauss,semestrielle, n°4 |
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