I.1.5 LES PROBLEMES DE SANTE AU
TCHAD
Au Tchad, malgré les efforts du Gouvernement en
matière de politique de santé, des maladies endémiques
auxquelles viennent s'ajouter des épidémies ne cessent
décimer la population. Selon l'annuaire des statistiques sanitaires
2002, les problèmes de santé qui constituent les dix
premières causes de consultation restent le paludisme simple (21,1%),
les infections aigues des voies respiratoires inférieures (8,3%), la
diarrhée (6,6%), la dysenterie (2,8%), le paludisme grave (2,6%), la
conjonctivite (2,0%), l'urétrite purulente (1,7%), la toux de 15 jours
et plus (1,6%), le paludisme échec à la chloroquine (1,3%),
l'infection grave des voies respiratoires inférieures (1,2%). A
côté de ces maladies, figurent d'autres pathologies parmi
lesquelles on peut citer entre autres, l'avitaminose A, la cataracte, la
coqueluche, la dysenterie, la rougeole, les pertes vaginales, le
tétanos, le trachome et les complications pendant la grossesse,
l'accouchement et le post partum. La grossesse en elle-même, dans le
processus d'accompagnement médical, n'est pas une cause fréquente
de consultations mais seulement en cas de complication.
En 2002, 1 704 jeunes ont été atteints de
poliomyélite (Tchad, 2002). Au cours de la même période,
les centres de santé ont enregistré au total 10 166 nouveaux
cas d'ulcération génitale et 17 000 autres d'urétrite
purulente (inflammation de l'urètre due à la gonococcie, avec
écoulement de pus), deux pathologies qui affectent surtout la tranche
d'âge en activité sexuelle. D'un autre côté, des
foyers de trypanosomiase dont le vecteur, la mouche tsé-tsé,
s'acclimate très bien dans la zone méridionale du pays, sont
déclarés notamment à Bodo, Tapol, Goré-Ranga,
Timbéri-Békan et Moïssala. Les épidémies
telles que la méningite, le cholera et la rougeole se déclarent
périodiquement et entraînent des centaines de morts au sein de la
population. En 1996, par exemple, on a relevé 7 830 cas de
choléra dont 488 décès. Malheureusement, le pays ne
dispose pas de stratégie appropriée pour combattre ces
épidémies pour de diverses raisons : incapacité de
l'Etat à financer les coûts des interventions
adéquates ; insuffisance de personnel qualifié, etc.
Le Tchad fait face à une insuffisance qualitative et
quantitative des services de santé. Depuis les années 1960
à l'an 2000, la part du budget de l'Etat alloué à la
santé était faible, en moyenne 7%, bien en- deçà
des 10% recommandés par l'OMS. Cette situation s'est vue aggravée
par les décennies de conflits armés et l'instabilité
politique. Mais depuis l'an 2001 le budget de l'Etat alloué à la
santé satisfait largement les normes de l'OMS (Cf. tableau 1.1). Par
ailleurs, le nombre d'hôpitaux est passé de 153 en 1966 à
701 en 1996 (Tchad, 1997b) mais reste insuffisant par rapport au nombre
d'habitants. En l'an 2002, le Tchad comptait, au niveau national, 51 lits pour
100 000 habitants, 271 médecins pour 29 000 habitants,
1 160 infirmiers pour 6 761 habitants et 184 sages-femmes pour
42 621 habitants (Tchad, 2002). Cette insuffisance des ressources dans le
secteur de santé ne va pas sans incidences sur la qualité des
services prénatals et par conséquent sur la continuité des
soins. Traditionnellement, le niveau de financement du secteur de la
santé est faible. Les sources de financement les plus importantes
proviennent des allocations gouvernementales pour le ministère de la
santé et de l'assistance extérieure par le biais de contributions
ou d'accords avec des partenaires multilatéraux, bilatéraux ou
des partenaires non gouvernementaux du ministère de la santé. La
participation communautaire contribue également au financement des
services de santé dans le pays.
Tableau 1.1 : Evolution du budget
prévisionnel de la santé en milliers de francs CFA.
Année
|
Budget
Etat
en milliers de francs CFA
|
Budget
Santé
en milliers de francs CFA
|
% budget national alloué à la
santé
|
%
personnel
|
%
fonctionnement
|
1990
|
40 107 000
|
1 534 761
|
3,83
|
74,2%
|
25,8%
|
1991
|
40 925 878
|
2 180 211
|
5,33
|
71,4%
|
28,6%
|
1992
|
43 692 000
|
1 829 069
|
4,19
|
72,3%
|
27,7%
|
1993
|
41 214 301
|
2 415 147
|
5,86
|
74,8%
|
25,2%
|
1994
|
70 864 889
|
2 148 735
|
3,03
|
60,0%
|
40,0%
|
1995
|
61 652 000
|
2 678 394
|
4,34
|
65,0%
|
35,0%
|
1996
|
56 423 000
|
4 152 954
|
7,36
|
52,4%
|
47,6%
|
1997
|
75 288 000
|
3 957 783
|
5,26
|
51,9%
|
48,1%
|
1998
|
61 845 682
|
4 386 739
|
7,09
|
47,6%
|
52,4%
|
1999
|
69 499 255
|
3 495 996
|
5,03
|
64,1%
|
35,9%
|
2000
|
75 820 076
|
6 581 057
|
8,68
|
39%
|
61%
|
2001
|
81 701 000
|
9 408 537
|
11,52
|
|
|
2002
|
6 279 5000
|
10 596 338
|
16,87
|
|
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Source : MSP : Annuaire des
statistiques sanitaires du Tchad, 2002.
En guise de synthèse...
Dans ce chapitre, nous avons montré que le Tchad est un
pays continental dépourvu des débouchés sur la mer. Son
économie est essentiellement dominée par les activités
agro-pastorales qui emploient près de 80% de la population active. Sur
le plan démographique, la population tchadienne se caractérise
par sa jeunesse : près de la moitié de la population a moins
de 15 ans. Les femmes en âge de procréer (15-49 ans)
représentent 22% de la population totale. Le taux de mortalité
maternelle est l'un des plus élevés au monde et en Afrique
subsaharienne. Sur le plan sanitaire, un effort considérable reste
à fournir. Le Tchad connaît une réelle insuffisance des
ressources dans le secteur de santé, autant en terme de quantité
qu'en terme de qualité de services de santé. Depuis les
années 1960 à nos jours, la couverture sanitaire demeure encore
embryonnaire. Cette situation pourrait affecter négativement
l'accès et la continuité des soins dans le pays.
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