I.1.4 SITUATION SANITAIRE
Au Tchad, les services de santé sont fournis par le
secteur public, le secteur privé à but lucratif et le secteur
traditionnel.
I.1.4a LE
SECTEUR PUBLIC
Le système public de santé au Tchad est de type
pyramidal à trois niveaux : le central, l'intermédiaire et
le périphérique. Les trois niveaux communiquent entre eux pour
éviter les chevauchements et assurer une utilisation optimale des
ressources.
@ Le niveau central ou stratégique, se charge de la
conception et de l'orientation de la politique sanitaire du pays, du choix des
stratégies, de l'élaboration des modèles et de la
répartition des ressources, de la définition des tâches du
personnel, de l'établissement des profils de postes, de l'adaptation des
contenus de formation. Il est essentiellement constitué du
ministère de la santé publique, la direction
générale, les directions techniques, les institutions
(Hôpital Général de Référence Nationale,
Ecole nationale des agents sanitaires et sociaux, centre national
d'appareillage et de réadaptation, centrale pharmaceutique d'achat) et
les programmes et projets.
@ Le niveau intermédiaire ou niveau d'appui technique
comprend les 14 délégations préfectorales sanitaires,
l'équipe cadre des délégations et les hôpitaux de
préfecture. Il assure la mise en application de la politique sanitaire
nationale, la répartition et l'affectation des ressources,
l'élaboration du plan directeur, l'évaluation de l'avancement du
plan d'action, la mise en place de l'équipe cadre de
délégation et la supervision régulière de ses
composantes.
@ Le niveau périphérique ou niveau d'application
des programmes d'activités, comprend les 49 districts sanitaires et leur
direction, les hôpitaux de district, 646 zones de responsabilité
et les centres de santé intégrés chargés des soins
de base de manière intégrée. Le niveau
périphérique constitue également l'interface entre les
services de santé et les communautés
bénéficiaires.
Les trois niveaux sont liés et s'articulent dans une
dynamique qui fonctionne du périphérique vers le central. A
chaque niveau du système de santé, un ensemble d'activités
concernant les maladies ainsi que des soins préventifs ont
été définis.
Au niveau du centre de santé, le Paquet Minimum
d'Activités (PMA) inclut :
1. Les activités de prévention dans des domaines
comme les consultations prénuptiales, les soins prénatals, les
soins post-partum pour la mère et l'enfant, le conseil et les services
en planification familiale, les activités de santé scolaire et de
surveillance épidémiologique.
2. Les activités curatives, incluant les consultations,
la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques, la
réhabilitation nutritionnelle, les soins curatifs, l'observation avant
l'hospitalisation, les accouchements normaux, les interventions chirurgicales
légères et les analyses de laboratoire.
3. Les activités de promotion, y compris les
activités d'Information, d'Education et de Communication (IEC) ainsi que
les activités de support psychosocial, les activités en
matière de nutrition, la participation communautaire, la gestion et le
financement des services de santé, ainsi que les questions
d'hygiène et de système sanitaire dans la zone de rayonnement du
centre de santé.
Au niveau de l'hôpital de district, le Paquet
Complémentaire d'Activités inclut les activités 2 et 3 du
Paquet Minimum d'Activités pour le niveau périphérique
mais il met l'accent sur le traitement des cas référés.
Les activités supplémentaires suivantes sont incluses dans le
PCA :
1. La prévention, y compris les consultations
préventives pour des cas référés et les
consultations prénatales pour les grossesses à risque ;
2. la planification familiale avec la disponibilité de
toutes les méthodes pour les cas référés y compris
la stérilisation ;
3. les soins curatifs, y compris la prise en charge des cas
référés pour les soins de niveau tertiaire, la prise des
accouchements compliqués, les urgences médicales et
chirurgicales, les interventions chirurgicales légères et
compliquées, les soins hospitaliers les analyses de laboratoire et
l'imagerie médicale ; et
4. la gestion incluant la formation du personnel
paramédical dans les écoles de district et la collaboration avec
le groupe de travail du district pour la formation continue et les
activités de supervision.
Enfin, au niveau de l'Hôpital Général de
Référence Nationale (HGRN), le Paquet Complémentaire
d'Activités fournit les services au stade le plus élevé.
L'hôpital de district transfère le patient dont l'état de
santé dépasse ses compétences vers l'hôpital de
préfecture. Si celui-ci se rend à l'évidence que son
plateau technique ne lui permet pas de prendre le patient en charge, il ordonne
son évacuation à l'Hôpital Général de
Référence Nationale (HGRN), dernier palier pour les cas
extrêmes. Mais dans les faits, le HGRN ne profite qu'aux habitants de
N'djaména et ses environs, les patients référés par
des hôpitaux de préfecture s'y rendent peu à cause
notamment des difficultés de transport (Tchad, 2005).
I.1.4b LE
SECTEUR PRIVE
Au Tchad, le secteur privé s'est
considérablement développé et continue de
s'accroître. Cela se traduit par la prolifération des
établissements privés dotés de capacités
d'hospitalisation voire de services très spécialisés comme
des services de gastro-entérologie, d'ophtalmologie et de
physiothérapie. Ces établissements disposent aussi de personnel
ayant une formation paramédicale.
I.1.4c LE
SECTEUR TRADITIONNEL
La médecine moderne au Tchad cohabite avec la
médecine traditionnelle. Les malades consultent aussi bien les
médecins modernes que les guérisseurs traditionnels,
dépendamment de la nature de la maladie. Ainsi, par exemple, pour les
maladies telles le paludisme, la tuberculose, le cataracte sont comme
couramment prises par la médecine moderne. Les maladies supposées
d'origine surnaturelle telles que les maladies mentales, l'épilepsie
sont l'affaire de la médecine traditionnelle. Parfois, c'est le faible
pouvoir d'achat amène à faire recourir à la
médecine traditionnelle pour se soigner. Des cas d'intoxication due
à l'ingestion des plantes médecinales sont par endroits
constatés (Tchad, 2005). C'est dans ce cadre que la Cellule d'Etude et
de Recherche en Pharmacopée et de Médecine Traditionnelle
(CERPHAMET), organe rattaché à la faculté des sciences de
la santé de l'Université de N'djaména, a été
créée en 1994. Elle s'est fixée comme objectifs de :
@ promouvoir et réglementer la médecine
traditionnelle au Tchad ;
@ former les tradi-praticiens dans l'exercice de leur
métier ;
@ approfondir les recherches en vue de valoriser les plantes
médecinales pour les formulations correctes et acceptables.
Le nombre de guérisseurs assurant les soins est loin
d'être négligeable. A titre d'illustration, dans le Tchad rural,
la majorité de femmes accouchent à domicile, seules ou
assistées par une parente, voisine ou une accoucheuse traditionnelle.
Cela a conduit le Gouvernement à rechercher la collaboration avec les
accoucheuses dans le cadre du programme d'appui aux structures publiques et
communautaires de santé, financé par la Direction du
Développement et de la Coopération (DDC) dans 4 districts
sanitaires du pays. On attend des accoucheuses traditionnelles qu'elles
encouragent les femmes enceintes à se rendre aux consultations
prénatales, à se faire vacciner et à consulter des
services de planification familiale et également qu'elles apprennent aux
femmes à reconnaître les signes de danger pour lesquels il est
nécessaire d'être référé vers un
hôpital. En général, la formation systématique des
accoucheuses traditionnelles se heurte à la résistance passive
des professionnels de santé qui perçoivent cette stratégie
comme une régression (De Brouwère et Lerberghe, 1998).
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