I.1.3 SITUATION DEMOGRAPHIQUE
Au dernier Recensement Général de la Population
et de l'Habitat (RGPH) d'avril 1993, le Tchad comptait 6 279 931
habitants dont 48% d'hommes et 52% de femmes dont 22% de femmes
âgées de 15-49 ans (Tchad, 1995). La population nomade
s'élevait à 353 489 soit 6% de la population totale.
L'information disponible montre que la population tchadienne se
caractérise par sa jeunesse : 48% de la population a moins de 15
ans, alors que les personnes âgées de plus de 64 ans ne
représentent que 4%. Cette structure est typique d'un régime
où la fécondité et la mortalité sont
élevées. D'un autre côté, cette population est
très inégalement répartie à l'intérieur du
territoire national. Cette inégale répartition de la population
sur le territoire constitue un véritable problème de
développement dans la mesure où elle compromet
l'égalité de chance de différentes régions du pays
d'accéder à des niveaux de développement comparables. En
effet, environ la moitié de la population (47%) est concentrée
sur seulement 10% de la superficie totale (Tchad, 1995). La densité
globale de la population est de l'ordre de 4,9 habitants au kilomètre
carré. On passe de 0,1 habitant au kilomètre carré au
Borkou-Ennedi-Tibesti à 52 habitants au kilomètre carré au
Logone Occidental (ibid.).
L'indice Synthétique de Fécondité (ISF) a
été estimé à 5,6 enfants par femme (Tchad, 1995).
La fécondité y est donc encore élevée. Actuellement
on estime qu'une femme tchadienne met au monde en moyenne près de 7
enfants au cours de sa vie féconde (INED, 2003) ; quant au taux
brut de natalité, un des plus élevé au monde, il est
demeuré à un niveau approximatif de 50 pour 1000. La
fécondité élevée peut donc être
considérée comme une des réponses à la forte
mortalité infantile et juvénile. Pour les parents, en effet, il
faut faire beaucoup d'enfants pour avoir la chance de voir survivre quelques
uns (Tchegho, 1991). La forte fécondité est ainsi associée
à la forte mortalité. Au Tchad, la mortalité infantile
était estimée en 1993 à 132 pour 1000 au niveau national,
et à 103 pour 1000 en 2003, d'après respectivement les
résultats du Recensement Général de la Population et de
l'Habitat, les estimations de l'INED. A l'instar des pays en
développement, le Tchad est caractérisé par une faible
espérance de vie à la naissance, conséquence d'une
mortalité infanto-juvénile très
élevée : 54 ans chez les femmes et 47 ans chez les hommes en
1993 (Tchad, 1995). En effet, la forte mortalité infantile est
généralement associée à un manque ou une
insuffisance de soins pendant la grossesse, l'accouchement et le post
partum. L'une des caractéristiques de la population tchadienne est
aussi la croissance rapide : la population est ainsi passée de
3 254 000 habitants en 1964 à 6 279 931 en 1993. Le
taux d'accroissement naturel atteint 2,5%, ce qui conduit à un
doublement de la population tous les 28 ans. Cette population aurait atteint
7 600 000 habitants en l'an 2001 (EDST, 1996-1997).
Enfin, il convient de noter également que le Tchad est
l'un des pays en développement les moins urbanisés. Le
phénomène urbain au Tchad, comme dans l'ensemble de pays
d'Afrique Centrale, est d'origine récente car ce phénomène
découle du fait de la colonisation. La plupart de grandes villes ont
été créées dans le but de répondre aux
besoins de l'administration coloniale. C'est le cas de Fort Lamy, Fort
Archambault, etc. Actuellement, le réseau urbain tchadien est moins
dense et est composé de 44 villes de moins de 5 000 habitants et de
40 villes de plus de 5 000 habitants (Tchad, 1997a). L'essentiel de la
population urbaine est concentré à N'djaména, la capitale,
avec environ 40% de la population urbaine totale (EDST, 1996-1997). Cela peut
être un début du « phénomène de
macrocéphalie » comme on rencontre dans certains pays
africains parmi les quels on peut citer le Gabon, la Côte d'Ivoire, le
Sénégal, etc.
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