CONCLUSION
Nous voudrions en conclusion revenir sur les
résultats que nous avons obtenus concernant le rôle des
interactions entre pairs pour l'acquisition d'une théorie de
l'esprit.
Nous avons mis en évidence une période de
transition dans l'acquisition de la théorie de l'esprit au cours de
laquelle les enfants sont capables de réussir les épreuves de
théorie de l'esprit mais sans être capables de justifier leur
réponse. L'acquisition de la théorie de l'esprit est un long
processus organisé en plusieurs étapes au cours desquelles
l'enfant augmente sa capacité à prendre en compte les
états mentaux d'autrui dans toutes les situations. Cette acquisition ne
peut correspondre à une simple étape mais plutôt comme une
modification profonde de concepts qui peuvent être
considérées comme des précurseurs développés
au cours des années qui précèdent l'accès à
la théorie de l'esprit.
Deuxièmement, les interactions entre pairs
entraînent une amélioration des réponses aux
épreuves de théorie de l'esprit mais ces échanges ne
permettent que rarement d'atteindre un niveau équivalent à une
réussite totale des épreuves.
Troisièmement nous n'avons pas mis en évidence
de différence significative des résultats en fonction du niveau
de l'enfant qui est placé en interaction mais il semble
nécessaire de compléter cette recherche par une étude sur
un échantillon plus important afin de valider ces résultats.
Il pourrait être intéressant d'intégrer
à l'étude la prise en compte des statuts des enfants dans les
interactions à partir des profils sociaux définis par Montagner
(1978) ou des types d'adaptation sociales de Strayer (1989) ( Baudier,
Celeste,2002), afin de déterminer si le statut de l'enfant intervient
dans la capacité à transmettre les informations facilitant la
réussite des épreuves de théorie de l'esprit.
En ce qui concerne le contenu des phrases produites au cours
des interactions, nous avons effectivement mis en évidence l'utilisation
massive de certains marqueurs linguistiques dans les réponses aux
questions de justification mais sans qu'il y ait de lien entre l'occurrence de
ces termes et les progrès observés.
Cette étude pourrait également être
complétée par une étude du rôle des interactions
entre enfants ayant une différence d'âge plus importante afin
d'apporter des éléments de réponse à la
précocité relative de l'acquisition de la théorie de
l'esprit chez les enfants puînés des fratries.
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