CONCLUSION
Au fil de ce travail, il nous parait important de rappeler
quelques notions essentielles. Au début de la décennie 80, on ne
parlait pas encore de la coopération décentralisée. Eu
égard au monopole étatique de la diplomatie, la seule
évocation du principe d'action extérieure des
collectivités locales, soupçonnées de mettre en
péril la souveraineté de l'Etat, avait des accents
révolutionnaires. Dix ans plus tard, la coopération
décentralisée est un phénomène reconnu et
légalisé.
Depuis l'avènement de la décentralisation au
Bénin, nous avons assisté à un transfert de
compétences et de ressources de la part de l'Etat central vers les
communes ; ceci, dans l'optique de favoriser l'implication réelle
des populations dans le processus du développement et un réel
développement à la base. Tout le processus de la
décentralisation doit conduire à une situation de fait où
les capacités organisationnelles et institutionnelles des populations
locales auront été augmentées de façon
significative.
Dans le souci d'atteindre la réalisation de leurs PDC,
les autorités des collectivités locales perçoivent la
coopération décentralisée de nos jours comme un moyen leur
permettant de réaliser leurs ambitions en faveur du développement
économique et social. C'est pourquoi, depuis plus de dix ans, on assiste
à une multiplication des accords de partenariats et de
coopérations internationaux qui prennent la forme d'échanges
institutionnels entre les collectivités locales de différents
pays. En majorité ces accords concernent les relations Nord-Sud. Les
accords Sud-Sud sont quasi inexistants.
En effet, la coopération décentralisée
Sud-Sud loin de certaines visions néfastes qui lui sont
attribuées, permet un partenariat pragmatique, basé sur
l'amitié, la fraternité, la réciprocité, la
capitalisation des expériences entre plusieurs pays pour un lendemain
meilleur des collectivités du Sud. Cette coopération convient aux
populations dans un environnement où l'on parle de plus en plus de
l'unité des pays pauvres afin d'affronter les défis de la
mondialisation.
Pour une meilleure coopération
décentralisée Sud-Sud, il faut une coopération plus
étroite qui doit être fondée sur la fierté
d'appartenir au Sud, la confiance en ses possibilités et la
détermination dans tous les secteurs sociaux des différentes
collectivités. C'est seulement sur de telles bases qu'une association
durable peut se créer entre les partenaires et les peuples du Sud.
En outre, les pays du Sud doivent prendre conscience de leur
pauvreté et susciter un courant d'opinion favorable à
l'établissement des liens entre eux.
Pour relever le défit et permettre à l'Etat
d'encourager la coopération décentralisée Sud-Sud dans les
différentes collectivités locales du Bénin, nous avons
proposé un certain nombre de solutions qui passent par :
des actions de la CNCD pouvant susciter le partenariat
Sud-Sud ;
l'institution des Communications pour un Changement de
Comportement (CCC) en coopération décentralisée
Sud-Sud ;
la connaissance des avantages de la coopération
décentralisée Sud-Sud dans le processus du développement
local et de l'Etat.
Il importe donc que cette approche soit intégrée
au sein d'une véritable politique de développement durable de
l'Etat, s'appuyant sur tous les acteurs de la coopération
décentralisée, leur participation, leur responsabilisation ainsi
que l'appui financier au processus de la coopération
décentralisée Sud-Sud. Ces changements d'attitude sont aussi
nécessaires dans le guide de l'ensemble des acteurs de la
décentralisation, qui devront impérativement faire des efforts
pour adapter leurs comportements et leurs structures à cette nouvelle
coopération.
Le pari peut paraître audacieux, mais face aux
défis de la démocratisation à la base, aux aspirations
croissantes des populations à participer à la gestion de leur
futur, aux objectifs de la coopération décentralisée
Sud-Sud ainsi qu'à la cruelle réalité des moyens
financiers, cette approche s'avère tout simplement essentielle.
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