CHAP III : REFLEXION SUR
UNE VOIE DE PLANIFICATION
POUR
LA SOUS-REGION DES GRANDS LACS
1. Introduction
Nous sommes convaincu qu'il n'y aura pas de
développement pour cette sous- région que sous une planification
commune.
Nous reconnaissons tous, les similitudes
géomorphologie entre les territoire du Burundi et du Rwanda, les
mêmes problèmes socio-culturels, avec le temps l'Est du zaïre
(la R.D.C.) connaît les mêmes tensions.
Il sied dont d'organiser un cadre commun de conceertation
pour une planification rationnelle en n'omettant aucune des
réalités socio-culturelles et économiques, aucun secteur
de la vie des populations. Un seul aspect peut tout boulverser si on en prend
pas garde.
Nous ne proposerons dans les lignes qui suivent que des
grandes lignes quitte à toute celle ou tout celui qui voudra,
étudiant ou chercheur, enrichir par des recherches plus
fouillées, puisse trouver ici une piste de réflexion et nous
compléter.
2. Quelle planification
pour la sous-region des grands lacs ?
Qu'il nous soit permis de présenter dans ce point une
piste dans la recherche d'une bonne stratégie adaptée pour la
sous- région des grands lacs.
En effet le plan que nous avons exploité est un plan
de développement socio- économique des pays des grands lacs.
Nous sommes tous d'accord qu'en visant le
développement des trois pays, le plan vise par conséquent le
développement de leurs populations. Or selon les estimations des
différents plans de développement des 3 pays : la population du
Rwanda est à 95% rurale, celle du Burundi à 95% et celle du
zaïre (RDC) à 87%.
La moyenne donne, une population de la sous-région
(avec écart prèt) estimée à 90% rurale ou paysanne.
Pour ce faire le développement souhaité ne doit que être
rural, le développement de le majorité.
Nous croyons qu'il faille préserver la CEPGL pour que
nos Etats soient prêts pour entrer dans la mondialisation. Qui est le
passage, sur le plan économique, d'une multitude d'économies
nationales distinctes à un système mondiale d'échanges.
Toute fois, nous ne pouvons entrer dans cette mondialisation
dans ce «village planétaire» sans rien, pauvres. C'est
pourquoi nous devrons nous unir mais avant de nous unir, il faut que chaque
pays soit UN, c'est à dire uni, intégré, c'est à ce
niveau que nous faisons appel à l'intégration nationale avant
toute processus de planification.
2.1 Le développement rural pour la CEPGL
Le choix d'une stratégie de développement est
un étape capitale pour la planification de développement il peut
être soit technocratique, soit humaniste, la prioritée peut
être accordée soit à l'économie soit à
l'homme.
Une stratégie économique est souvent
orientée vers «la croissance». Tous azimuts. Cette
stratégie a déjà fait preuve d'échec dans des
nombreux pays en développement. L'exemple du Brésil qui en 1972
comptait 15% de riches et 85% des pauvres et le Président ayant fait le
choix économiste avouait «le Brésil va bien; mais le peuple
va mal».
En nous raliant aux éminents penseurs comme le R.P
Georges Defour, Salieman cohen, Michel MALDAGUE, et le PNUD qui desormais
propose d'évaluer le développement d'une nation, non seulement
sur le PNB, mais sur un IDH (Indicateur de développement humain) partant
du fait qu'il faut prendre comme objecif le développement de la
population ( Santé, éducation, nutrition, bien être
social), le développement par la population (participation à tous
les niveaux ) et le développement pour la population ( satisfaire autant
que possible les besoins de chaque citoyen, créer des revenus et des
surplus, offrir à tous les possibiltés d'emploi).
Pour arriver à un réel développement de
l'homme de la CEPGL, les stratégies de développement dans la
planification doivent tenir compte de sept composantes nous proposés par
le professeur ordinaire R.P Georges DEFOUR: les composantes psycho- sociale,
culturelle, spirituelle, technologique, économique, écologique et
politique.
2.1.1. La composante psycho - sociale
Toute stratégie de développement devra tenir
compte de la dynamique sociale endogène des population de la
sous-région. Ceci nous ramène à une politique
intégrative des toutes les tribus et races de la sous-région qui
depuis des longues années participent à de massacres qui bloquent
toute action de développement. Il sera impossible d'arriver à une
intégration économique tant que des groupes de populations
vivront les uns dans le maquis les autres en exile ou refugiés.
Le planificateur devra donc s'investir et investir dans la
recherche de la cohabitation des groupes d'individus pour un objetif commun.
Tout en faisant des limites de sorte que chaque citoyen se sente mieux chez
lui, y vive et accepte de vivre avec les siens.
2.1.2. La composante culturelle et spirituelle
Nous croyons que la multiplicité culturelle de la
sous-région est un atout pour le développement le planificateur
devra orienter les activités de développement selon les
réalités culturelles de chaque région, province,
préfecture, territoire, village) car «chaque société
suit sa propre voie de développement vers un état de
modernité qui lui est particulier !» G. Maryanov, in Politics in
indonesia ; 1966)
Il devra viser la maintenance et le bon fonctionnement des
institutions, rapports sociaux, structures d'autorité et de
dépendance, de possession ou d'usage, de parenté, la maintenance
des modes coutumiers dans la façon de régler les tensions, de se
situer dans le groupe, de penser de saisir le réel, de s'exprimer, de
concevoir et d'admettre le rôle des autres, d'approcher les objets et
l'environnement naturel de se relier au divin.
L'éducation est primordiale pour tout processus de
planification, le planification tenant compte des taux très bas de
scolarité (44% au rwanda et Burundi, 61% au zaïre (R.D.C) devra
orienter les actions vers une éducation rationnelle de tous les citoyens
de la sous-région et les considérer comme urgentes.
Nous proposons une école qui dégage les hommes
nécessaires pour satisfaire les besoins fondementaux, assurant la survie
biologique, assurant la nourriture etc. une école qui est avant tout au
service des tâches prioritaires puis ensuite au service des tâches
secondaires.
2.1.3. La composante
technologique
Le transfert de technologie est un processus souvent
très couteux pour nos pays pauvres (la réalisation de
l'aménagement hydro-électrique de Ruzizi II entreprise par la
société internationale d'Electricité des pays des grands
lacs (SINELAC) a consommé des investissements consentis par les 3 pays
de l'ordre de 93.038.000 dollars u.s hors charges financières)
Les travaux ont été réaliser par:
- Génie civil (lot 1)
Cogefar société italienne de Milan.
- Vannes et conduite forcée (lot 2) salvatore
trifone & figli de magent
-
Italie
- Turbines (lot 3)
Neyrpie Grenoble - France
- Alternateurs (lot 4)
Ansaldo genes - Italie
- Equipements électriques internes Marelli.
Milan - Italie
- (lot 5A)
- Equipement externes (lot 5B) Abay Bruxelles
Belgique
- Bâtiment administratif et habitations
- (lot6)
Shamukiga Bujumbura Burundi
« le transfert des technologie est toujours
accompagné des experts des pays exportateurs par manque des experts
locaux ce qui entraine des conséquences économiques, sociales,
c'est pourquoi le planificateur doit avant de s'y engager s'assurer que ; une
technologie devra toujours être appropriée et l'appropriation
technologique est une demarche par laquelle les gens qui envisagent d'utiliser
une nouvelle technique la transforme et l'adaptent à leur cadre de vie
(Geneviève de crombrugghe) il est aussi vrai que les futurs
bénéficiaires de cette technique doivent être
associés, dès la naissance du projet, à la gestion de
celui- ci en Amont et en Aval.
Aussi faut-il , comme l'affirme José Arocena (le
développement par l'initiative locale, l'Harmattan, Paris,p.152) «
le transfert de formation, entre les pays producteurs de technologie et les
pays acheteurs, semble un outil nécessaire pour assurer une plus grande
maîtrise des techniques transférées...»
Nous portons notre choix sur les technologies traditionnelles
ou locales, qu'il sied d'améliorer et d'encourager, car elles sont les
fruits de plusieurs millénaires de créativité et
d'interaction entre l'homme et son environnement
Le planificateur doit faire un choix judicieux pour rompre
avec la dépendance technologique. Le chercheur Jean claude willame, du
cedaf; écrit «Au zaïre, le poids insupportable d'une dette
publique extérieure provient à 50% de transfert de technologies
avortées... nombre d'abus ont été permis dans ce cadre:
projection d'outputs irréalistes à partir de données
systématiquement tronquées, erreurs d'appréciation
technique flagrantes, manque total de prise en compte de données
sociologiques, humaines et mêmes économiques
élémentaires, confusion entre la fonction d'étude et la
fonction d'éxécution des réalisations, non respect des
termes de références imposés au départ,
argumentation hyper- ingénieriste. Réproduction dans les
études dites d'argumentation que les autorités nationales et les
sociétés étrangères souhaitaient voir
défendues etc.
A aucun moment, des solutions alternatives plus simples et
plus adéquates par exemple, dragage régulier au lieu de la
construction d'un nouveau port en eau profonde, réhabilitation de
centrales électriques existantes au lieu d'édification des
nouvelles, utilisation de l'énergie locale au lieu d'un transport de
force d'un bout à l'autre du pays - ne furent recherchées.
2.1.4. La composante
écologique
Le développement rural intégré met
l'homme au centre de tout processus de développement durable l'homme est
pris dans toute sa globalité le prendre dans son environnement.
Le planificateur doit associer dans tout projet, la
conservation des équilibres écologiques et le
développement socio- économique - idée centrale du
programme MAB de l'unesco et de la stratégie mondiale de la conservation
de l'UICN - en vue de mettre un terme à la destruction des
écosystèmes et à la dégradation des ressources
naturelles.
L'aménagement hydro-électrique du Ruzizi II,
couvre une superficie du bassin versant repartie comme suit:
- Bassin hydrographique du lac kivu: 6.884 km²
- Bassin intermédiaire entre Ruzizi I et Ruzizi II 116
Km²
- Superficie totale 7.000 Km²
Avec des réservoirs de régulation,
capacité utile
- Lac kivu: 2.4.109 m
- Réservoirs de compensation du Ruzizi II 1.750.000
m
Ces aménagements n'ont seulement ont depouillé
les paysans de leurs terres mais aussi, exploitant une superficie de 7.000
Km², nous pouvons remarquer des vastes étendues nues autour de
bassin versant, ce qui constitue un danger pour la dégradation du sol et
l'équilibre écologique.
Ainsi le retenu d'eau perturbe l'équilibre halieutique
sur la cour de la Ruzizi.
Le projet ne prevoit pas des mesures de subsitution des
dommages causés à l'environnement.
2.1.5. La composante
économique
Nous croyons que le développement n'est pas une
affaire «Economique» où l'homme est intégré,
mais plutôt une affaire d'homme ou l'économie est
utilisée.
Le planificateur devra donc mettre l'économie au
service de l'homme.
Dans la sous-région des grands lacs l'économie
a toujours été au service de la politique. Les Etats sont les
grands, voire les seuls employeurs. Cette situation élargi les
écarts entre les dirigeants politiques et la population entre les
centres et les périphéries.
Le planificateur devra tenir compte de la globalité et
la bipolarité de la nouvelle société; la bipolarité
consiste à considérer l'interaction entre le monde urbain et le
monde rural, soit le centre et la périphérie.
Ici la cité s'érige souvent en modèle
dominant et reduit la campagne (la majorité) à la servitude. Il
faut donc impliquer la reconnaissance du monde paysan en tant que tel, l'estime
et la prise en compte de ses valeurs économiques égales.
Le plan tiendra donc compte des activités
professionnelles rurales ( élevage, agriculture, artisanat);
Promouvoir des petites et moyennes entreprises (PME) qui sont
souvent d'une efficacité supérieure de taille modeste,très
humanisées, très motivées adaptées à la
technologie appropriée au milieu rural, elles dynamisent et transforment
le milieu, donne du travail à une main d'oeuvre peu ou moyennement
qualifiée, sont maniables, réparables, augmentent la
productivité améliorent les conditions de vie et de travail,
préparent à une technologie plus fine.
L'apport des citadins (consommateurs des produits de la
terre, cadres, intellectuels, hommes des sciences et de recherche, circuits de
commercialisation, producteurs d'outils et d'engins agricoles etc)
L'agriculture-élevage devrant être mise au
centre de toute planification, lui reserver une place plus importante en
intrants et en extants. La petite industrie doit lui être
dédiée par l'installation des industries agro- alimentaires.
L'accent, pour le choix des cultures, devra être mis
sur les cultures vivrières pour l'auto suffisance alimentaire; une
augmentation de la productuvité agricole libère des bras pour le
développement de l'artisanat et de l'industrialisation.
La décentralisation du pouvoir économique ainsi
organinée diminuera la dépendance éconmique de nos trois
pays. Une économie où le privé joue un rôle
principal sur base des orientations de la planification souple au niveau de la
CEPGL.
Prénons les cas de la SINELAC qui prevoyait une
incidence de la centrale de Ruzizi II sur le développement
socio-économique par l'induction de nouvelles activités
économiques connexes. Mais étant donné que le secteur
principal de la vie de populations, l'agriculture, ne produit rien, aucune
activité économique majeure ne s'est développée
à Bukavu, ni a cyangugu, ni à Bujumbura moins encore à
Uvira.
2.1.6. la composante politique
Toute planification de développement née d'une
volonté politique. Est ce le politique a été
organisé en fonction des besoins des populations locales ? Nous avons
hérité du congrés de Berlin en 1884 des pays
artificiellement constitués. L'OUA préfère que l'on ne
touche pas aux fontières héritées de la colonisation.
Depuis la période coloniale le Rwanda et le Burundi
sont des grands foyers de tensions politiques liées à la gestion
du pouvoir politique et qui dit pouvoir politique dit pouvoir
économique.
Les tutsi et les Hutu s'entre dechirent pour le pouvoir et
créent de remue- ménage dans toute l'Afrique centrale. Des
populations entières quittent leurs territoires se réfugient dans
d'autres pays où elles s'adonnent à des actes terroristes ou
à des formations militaires avec pour objectif de renverser le pouvoir
en place, de leur pays d'origine ou du pays d'accueil.
Le président Buyoya du Burundi, lors de la XIe
session ordonaire de la conférence des chefs d'Etat, tenue
à Gisenyi le 28 janvier 1989, déclarait: «la
préoccupation des Etats membres en matière de
sécurité a donc présidé à la création
de notre communauté. Elle a consacré en cette matière le
principe de l'accord de coopération en matière de
sécurité, signé à Kinshasa le 29 août 1966
entre les 3 pays, complété par celui signé à Kigali
le 21 juin 1975 lequel stipule qu'aucune partie contractante ne pourra
tolérer sur sur son territoire toute organisation à
caractère subversif ou toute activité subversive succeptible de
porter atteinte à la sécurité extérieure ou
intérieure des autres Etats signataires...
Nos efforts sur le plan national pour extirper à
jamais les démons de la division et pour construire des Etats modernes
seraient vains si nos régions frontalières se transformaient en
zones de prédilection des éléments subversifs pour saper
l'ordre public et compromettre la tranquilité de nos
populations».
Le président Burundais avec une armée mono
éthnique oubliait que c'est sa propre politique qui lui fabrique des
énemies et que l'intégration régionale qui réserve
le droit à chaque individu d'habiter librement dans l'un des territoires
de la CEPGL était un «cheval de troie «pour ces
différents régimes forts et repressifs.
Pour ce faire la planification de développement ne
doit pas perpetuer ces systèmes de tyrans, mais choisir des
stratégies qui libèrent l'homme paysan du joug de l'oppression
par la décentralisation du pouvoir politique avec une participation
effective des masses paysannes à toute les décisions
politiques.
Pour lutter contre la pauvrété, l'une de raison
des conflits des grands lacs; le planificateur doit créer des
mécanismes pour séparer la richesse et le pouvoir politique en
une planification souple où l'Etat coordonne les efforts des
particuliers en établissant seulement des bornes dans les quelles la
croissance doit s'opérer.
L'Etat ne devra plus être le principal employeur, car
les dirigeants politiques y trouvent un moyen sûr pour gagner l'argent.
ceci crée des camps éthniques pour garder le pouvoir, ou arriver
au pouvoir.
La démocratie est le seul schéma
théorique pour arriver au pouvoir. Dans la sous- région des
grands lacs elle implique des éléctions, où ces
dernières sont mathématiques, il est donc évident que les
plus nombreux gagnent. Ceux qui sont au pouvoir (les Tutsis) lacheront
difficilement.
Si le planificateur oriente l'action de l'Etat dans la
création des conditions favorables, en supprimant tous les obstacles
(voies de communications, sécurités,..)
Il y aura émergence des entreprises privées,
car l'Etat ne serait plus propriétaire de tous les facteurs de
production ce qui aura des repércutions positives sur l'endettement des
Etats.
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