Des siècles de politiques inadéquates et
d'échecs sur le plan institutionnel sont la cause première du
manque de capitaux et du peu de compétitivité qui
caractérise l'agriculture africaine.
La déficience des ressources causée par
l'extraction de ces dernières a entraîné des effets tant
directs qu'indirects, par son incidence sur les politiques. Les politiques
sectorielles conduites par les Etats tout autant que l'évolution du
coût des facteurs expliquent la dégradation actuelle.
L'absence d'investissement public dans le secteur rural et de
soutien institutionnel a limité les opportunités pour les paysans
et les agro-industries. Le manque d'investissements dans ce secteur a
entraîné la vieillesse des vergers, le déficit de
fertilité des sols des plantations, la déstructuration des
filières.
L'Afrique a ainsi du mal à rester compétitive en
face des producteurs des autres pays, les rendements des terres étant
très bas. Or dans la plupart des pays africains, les produits
étrangers qui sont les bases de la nourriture entrent sans taxe à
l'importation, les paysans ne pouvant absolument rien faire face à la
concurrence de prix si bas. Les agro-industries sont parfois obligées
d'exporter à perte leurs surplus.
Le secteur agricole africain est mal géré, ou
géré suivant des principes ignorant les réalités du
marché mondial. La faible compétitivité externe
apparaît ainsi comme l'une des conséquences directes de
l'inadaptation des politiques à l'évolution du marché
mondial.
L'environnement de l'agriculture africaine est
illustré par :
- des coûts de revient élevé : les
agro-industries africaines peuvent payer jusqu'à 7 fois plus cher leur
gasoil ou 3,8 fois plus cher, leur électricité que leurs
concurrents ;
- la compétitivité d'une société
agricole africaine peut être remis en cause à tout instant par la
lenteur des décisions de ses autorités de tutelle ou par la
concurrence d'intérêts particuliers ;
- La gestion macro-économique des filières
agro-industrielles africaines n'est pas assurée ;
- Les paysans vendent cher leurs produits agricoles, mais
achètent très cher tout ce qui est nécessaire à
leur travail ;
- Le commerce privé qui a parfois tendance à
profiter du besoin de ressources financières des paysans au moment de la
récolte pour lui acheter des grains à bas prix, et de la
pénurie forte ou relative des mêmes denrées au moment de la
soudure pour les revendre à prix fort, surtout quant il y a peu de
concurrents ;
- La faible productivité du travail des paysans dus
à une mauvaise alimentation ;
- Etc.
Ces facteurs entravent directement le développement
agricole en haussant le coût du transport, en freinant l'adoption de
nouvelles technologies, en élevant le coût des services sociaux et
agricoles.
Les effets directs de la déficience du patrimoine
naturel, et non seulement ceux de politiques néfastes, seraient donc
responsables au plan des institutions et des marchés, de maintes
défaillances qui maintiennent l'agriculture à la traîne.
À cela s'ajoute la suppression brutale des subventions aux engrais
pourtant capital, sous la pression du FMI et de la Banque mondiale sans laisser
aux paysans et à tous les acteurs économiques le temps de
s'adapter à une situation nouvelle en diminuant les subventions
progressivement.