La faillite industrielle africaine peut être
attribuée aux mauvaises politiques des états qui ont
freiné la compétitivité des entreprises.
SECTION 1 : LES MAUVAISES POLITIQUES DE
L'ETAT
Les gouvernements africains ont conduit des politiques
très volontaristes d'industrialisation qui se sont avérées
être des échecs. Les causes immédiates de ces échecs
sont définies comme étant :
- Les choix stratégiques faits par les Etats africains
pour promouvoir eux-mêmes une industrie moderne en procédant
à des investissements publics. La mise en oeuvre de ces
stratégies sans souci suffisant des marchés et plus
généralement sans souci des conditions locales a conduit à
des entreprises non viables ou extrêmement fragiles :
- La mauvaise gestion des entreprises publiques ou semi
publiques liée aux interférences de l'Etat et au mode de
fonctionnement des sociétés africaines (le jeu des
solidarités en groupe, le poids du chef de groupes) :
- le refus ou l'incapacité des gouvernements à
créer les conditions favorables à l'émergence et au
développement d'investissements privées par
l'établissement d'un « Etat de droit » qui assure un
environnement stable :
Les entrepreneurs n'ayant pour issue que le fait de rester
discrets, informels autant qu'il leur est possible, afin d'échapper
à la prédation de l'Etat et des détenteurs d'une parcelle
de pouvoir.
- Les états ont adopté les politiques
héritées du système colonial. Faute de pouvoir
créer des richesses nouvelles par une augmentation de la
productivité, jusqu'à présent impossible, les pouvoirs
n'ont eu d'autres issues que de s'approprier les rentes ;
- Les investissements se sont révélés
trop souvent inadéquats, surinvestissements et mal investissements
caractérisent l'industrie africaine ;
- La sous capitalisation des entreprises qui a pour
conséquence un recours excessif à l'emprunt et souvent
l'utilisation de crédits à court terme onéreux, pour
financer des actifs qui devraient l'être par d'autres
ressources ;
- Dans les entreprises privées, l'interventionnisme de
multiples administrations, le poids de la fiscalité officielle et de la
parafiscalité grèvent les comptes d'exploitation des
entreprises. Celles-ci sont de plus en plus vulnérables, d'où la
tentation pour les petites entreprises de disparaître dans l'informel et
pour certaines plus grandes, de développer un secteur souterrain
à côté de leur activité officielle ;
Ces différentes défaillances et les
réactions qu'elles suscitent sont source de
non-compétitivité et de destruction du tissu industriel.
SECTION 2 : LE MANQUE DE
COMPETITIVITE
Qu'il s'agisse d'exportation ou de parts de marché
local que les entreprises africaines peuvent satisfaire, le problème de
la compétitivité constitue le point focal de toute analyse. Les
causes en sont multiples :
- tous les facteurs de production sont, à des
degrés divers, d'un coût supérieur en Afrique à ceux
de leurs concurrents, asiatiques notamment : main d'oeuvre,
énergie, fret, crédit etc. ;
- Les entreprises sont dotées d'une infrastructure
matérielle insuffisante et de ressources humaines limitées ayant
un niveau d'instruction primaire et secondaire peu élevé, elles
manquent aussi de personnel qualifié ;
- Au coût des facteurs de production s'ajoutent des
coûts liés à l'environnement politique et administratif,
à la pauvreté de l'environnement industriel et économique
qui entraîne des coûts supplémentaires :
nécessité de constituer des stocks de précaution, de
doubler les équipements, de renforcer les effectifs dans certaines
spécialités, de supporter les défaillances de
fonctionnement des télécommunications etc. ;
- Au cours de la vague d'industrialisation qui a suivi les
indépendances, chaque pays s'est doté d'équipements
industriels directement concurrents entre eux ; on retrouve de ce fait les
mêmes activités industrielles dans tous les pays ;
- La prolifération de la fraude fait partie des maux
qui rongent l'industrie africaine. Outre le manque à gagner
considérable que représente la fraude douanière pour les
budgets de l'Etat, elle remet en cause la position concurrentielle des
industries fabriquant localement les produits et entraîne la faillite de
ces dernières ;
Les multiples problèmes rencontrés par le
secteur industriel sont la cause de ses pertes de marché au niveau
mondial.