L'Afrique, surtout si l'on exclut l'Afrique du Sud, est
à la traîne du reste du monde sur presque tous les plans du
développement de l'infrastructure : qualité,
quantité, coût et égalité d'accès. En outre,
au cours des dernières années, le fossé entre l'Afrique et
le reste du monde s'est creusé. Ceci explique la perte de parts de
marché de l'Afrique au niveau mondial.
Dans bien des pays africains, c'est sur les routes que
s'effectue une bonne partie du transport de marchandises. Or, l'Afrique se
trouve à la queue de liste lorsqu'il s'agit de densité
routière, la plupart des gens sont plus éloignés d'une
route en Afrique qu'ailleurs. En Ethiopie, 70 % de la population n'a aucun
accès à des routes praticables en toute saison.
Le mauvais fonctionnement du réseau ferroviaire
rend la distribution d'engrais coûteuse et inefficace et retarde la
croissance de la productivité agricole qui pourrait inciter les
consommateurs ruraux à dépenser d'avantage pour des produits
industriels et créer des relations verticales pour l'industrie.
Le coût du transport aérien devrait
être moins touché par les frontières et les distances,
pourtant ce coût pour l'intérieur du continent est de deux
à quatre fois plus élevé que pour la traversée de
l'Atlantique. Il faut ajouter que dans de nombreux pays d'Afrique occidentale,
le fret aérien est tout simplement inexistant.
Le manque de moyens de transport et de communication
explique environ 25 % du déclin de la part africaine des exportations.
En effet, des interruptions de production, des retards de livraison ou
l'incapacité de communiquer raisonnablement bien interdisent le
développement de produits à forte valeur ajoutée, qui
doivent absolument être livrés à temps.
Le coût du transport en Afrique est le plus
élevé au monde, le fret pour les importations coûte
70 % de plus en Afrique de l'Est et de l'Ouest que dans les pays
asiatiques en développement.
Cette déficience de l'infrastructure a des
conséquences multiples :
- Les coûts de revient sont élevés par
rapport aux autres pays ;
- La croissance et la compétitivité
industrielle à long terme de l'Afrique sont considérablement
entravées par le mauvais état des infrastructures ;
- Le ralentissement de l'intégration aux
marchés intérieurs, or même si elle est moins
évidente que l'obstacle à la compétitivité
mondiale, l'obstacle à l'intégration des marchés est
préjudiciable pour la croissance ;
- Le manque de routes rurales praticables en toute saison, en
particulier, condamne les zones rurales à l'isolement, à une
production de subsistance et à des risques
élevés ;
- La mauvaise infrastructure de
télécommunications abaisse d'un point de pourcentage le taux de
croissance de l'Afrique. Elle entraîne une faible
compétitivité des prix qui explique environ 25 % du
déclin de la part africaine dans les exportations mondiales
etc. ;
L'absence d'infrastructures est l'une des causes
premières du manque de compétitivité. Amjadi et Jeats
concluaient en 1995, qu'en Afrique, le coût du transport est une
barrière commerciale plus élevée que les droits de douane.
Or, le coût du transport dépend de la qualité de
l'infrastructure, selon des variables telles que, la densité du
réseau routier, du réseau des routes revêtues, du
réseau ferroviaire, et du nombre de téléphones par
habitant.