L'Afrique est confrontée à un important
déficit financier dû en partie à l'insuffisance de
l'épargne et de l'investissement et aux réticences du
système bancaire
SECTION 1 : INSUFFISANCE DE L'EPARGNE ET DE
L'INVESTISSEMENT
En Afrique, la croissance industrielle dépend
essentiellement de l'accroissement de la part des investissements dans le
produit national. Des investissements plus élevés permettent la
mise en oeuvre de nouvelles technologies dans la production. Or,
l'investissement est en partie tributaire de l'épargne. L'investissement
nécessaire à l'expansion industrielle nécessite
l'accroissement de l'épargne nationale.
L'épargne provient des ménages, des
entreprises et des administrations publiques.
L'épargne des ménages dépend
fortement de leur niveau de revenu, mais elle est limitée par
l'accroissement de la pauvreté. Les 80 % de la population active
africaine n'ayant pas suffisamment accès au revenu monétaire car
vivant de la subsistance. La propension globale à épargner des
ménages africains (urbains et ruraux) dépasse rarement 3 à
5 % des revenus acquis à cause du manque de confiance envers le
système bancaire.
L'épargne des entreprises est stimulée par
des réductions d'impôts sur les bénéfices. Mais les
coûts élevés réduisent considérablement ces
bénéfices.
L'épargne des administrations publiques connaît
un déficit croissant.
Ce déficit peut-être alloué au
non-paiement des impôts et taxes par les entreprises. En effet en
Afrique, les grandes entreprises appartiennent à des étrangers et
ces derniers s'arrangent pour réduire les bénéfices
à déclarer pour payer moins. Il y a aussi la prolifération
de micro-entreprises qui hésitent à se développer pour
réduire le risque d'être soumises à une
réglementation contraignante ou aux abus de l'Etat. Le volume de
l'impôt collecté baisse entraînant celle de l'épargne
publique.
L'épargne africaine est faible par rapport aux
autres pays en développement. Pendant les années 1990, sa part
dans le PIB n'atteignait que la moitié de celle de l'Asie.
La part des investissements et de l'épargne dans le
PIB pour l'ensemble de l'Afrique est tombée depuis la fin des
années 1970 et le début des années 80.
Voir figure ci après
La faiblesse de l'investissement est en partie due
à celle de l'épargne. Mais elle dépend aussi de la baisse
de l'investissement public global et de l'investissement privé.
L'investissement public a diminué de moitié
entre le début des années 1970 (12,6 % du PIB) et le début
des années 1990 (5,6 % du PIB).
Les étrangers sont parfois réticents
à investir. L'incertitude politique est grande, et dans les services
publics traditionnels, le coût en capital est élevé, la
durée prévue de l'investissement est longue et les
bénéfices se présentent en monnaie locale plutôt
qu'en devises. L'investissement semble donc à risque et l'investisseur
étranger qui est disposé à investir peut exiger une prime
de risque élevé.
Le plus souvent, les capitaux étrangers sont à
la recherche de profit maximum et ne s'investissent que là où ils
peuvent tirer ce profit en un minimum de temps. C'est pourquoi les capitaux
engagés ne s'orientent que vers des activités qui permettent une
récupération rapide du capital et qui ne rapportent parfois rien
aux pays.
Les investissements étrangers sont faibles et
même lorsqu'ils existent n'apportent qu'un profit dérisoire aux
pays.
La faiblesse de l'épargne et de l'investissement
dans les pays africains est l'une des causes de la fragilité des
dynamiques de croissance et de la productivité.
SECTION 2 : LES PROBLEMES LIES AU SYSTEME
BANCAIRE
Le développement est impossible sans un système
financier efficace. Ce système devrait pouvoir mobiliser les ressources
nationales et étrangères en vue d'investissements à forts
rendements, servir d'intermédiaires entre les épargnants et les
investisseurs pour réduire et répartir les risques, et offrir un
accès général aux services financiers sans oublier les
segments de la population qui vivent en marge de l'économie.
La qualité, la quantité, le coût et
l'accessibilité des services financiers sont aussi importants pour le
développement.
Cependant, le système bancaire pose de nombreux
problèmes quant à l'accès au crédit ;
- Les banques attachent beaucoup d'importance à la
garantie réelle qui freine l'élan de la clientèle
potentielle vers le crédit car celle-ci ne peut pas toujours y faire
face. L'inexistence ou l'insuffisance des garanties engendre le rejet de nombre
de demande de crédits ;
- Les banques exigent des entreprises d'avoir une certaine
visibilité sur les emplois à financer, visibilité qui
présuppose les états financiers de l'investisseur et la
description de l'environnement devant accueillir l'investissement. Or beaucoup
d'industries africaines naviguent entre les secteurs formels et informels, et
se trouvent généralement dans l'impossibilité de mettre
à disposition une information comptable et financière sur une
certaine période ;
- Les banques obligent les entreprises à constituer
des déposits importants en garantie d'opérations de crédit
documentaire, d'escompte commercial, de cautionnement etc., entamant
dangereusement leur trésorerie. Cette pratique empêche les
entreprises de financer le reste des charges et de rembourser à bonne
échéance les concours bancaires accordés ;
- Il y a une certaine lenteur entre le moment du
dépôt des dossiers et le moment de la réponse, ce qui leur
fait souvent rater des opportunités commerciales décisives pour
leur avenir.
- Elles offrent des crédits à court terme au
détriment du financement de l'expansion et de crédits
appropriés pour les importations et les exportations ;
- Les taux d'intérêt appliqués sont
très élevés (8,25% et 13,25%). Les entreprises reprochent
aux banques de ne pas appliquer des taux préférentiels. Les taux
d'intérêt exorbitants grèvent sérieusement le prix
de revient compromettant ainsi leur compétitivité ;
Les banques en Afrique sont loin de remplir leur rôle,
elle sont attirées avant tout par le profit et ne financent que les
entreprises qui ont une certaine assise financière, même si
celles-ci ont peu d'utilité sociale. Les paysans quant à eux ont
une infirme possibilité pour accéder aux crédits, les
garanties imposées souvent inaccessibles pour eux.