Pour bon nombre de pays africains, l'endettement est devenu
un problème crucial, qui risque d'entraver leur développement et
même pour certains de les pousser vers le déclin.
Globalement l'endettement des pays en développement y
compris ceux de l'Afrique a fortement progressé au cours des
années 1970 en raison des disponibilités bancaires abondantes des
pays créanciers et de taux d'intérêts relativement bas
(10%). Les pays africains estimaient donc pouvoir emprunter de grosses sommes,
puisque les recettes des produits d'exportation leur donnaient un gage pour le
paiement des annuités futures.
Mais à partir des années 1980, la hausse des
taux d'intérêt qui a atteint 40% a augmenté le poids de la
dette. Dans la même période, les prix à l'exportation pour
les principaux produits ont baissé. L'Afrique qui était
endettée est devenue sur endettée.
De nombreux pays africains sont alors dans une situation
très grave. Ils sont incapables de payer intégralement les
annuités de la dette, les paiements partiels qu'ils font
déséquilibrent leur balance des paiements. Ce service de la dette
à la hausse épuise les ressources financières
nécessaires au développement de ces pays où
l'économie est stagnante.
Le poids de la dette des pays africains au sud du Sahara,
déjà lourd en 1980, devient insupportable vers la fin de la
décennie 90. Le stock total de la dette représentait à
cette date 340,8% des exportations de biens et services contre 98,4% en 1980 et
106,1% du PNB contre 28,1% en 1980.
La dette est théoriquement estimée
à 231 milliards. Cette somme est minime comparée à la
dette de l'ensemble des pays du tiers monde, évaluée à
2200 milliards de dollars. Mais la dette africaine est un terrible fardeau pour
des économies africaines qui comptent parmi les plus vulnérables
du monde. Le service d'une telle dette est une véritable
hémorragie financière, qui hypothèque l'avenir du
continent. Par exemple dans les années 1990, l'Afrique Subsaharienne a
transféré plus de 105 milliards de dollars à ses
créanciers de l'OCDE, c'est à dire au club des pays les plus
riches du monde.
Depuis 1988, plus de 65% de l'encours de la dette
extérieure, presque les deux tiers, est composé
d'arriérés d'amortissement et d'intérêts
capitalisés. Depuis cette date, seuls 21,4 milliards de dollars
d'argent frais ont été octroyés au continent. En revanche,
au cours de la même période ,144 milliards en sont sortis, sous
forme de service de la dette, soit près de sept fois les nouveaux
apports au titre de la dette.
Il naît alors une perte de confiance en la
solvabilité de ces pays entraînant l'élévation du
niveau de l'incertitude quant au financement par les bailleurs de fond. Ces
bailleurs sont aussi réticents à financer puis que estimant que
dans la plupart de ces pays les sommes énormes empruntées ont
été mal utilisé. Elles ont été
employées pour des investissements non productifs qui ne sont pas
capables de créer des richesses suffisantes pour payer les
annuités des emprunts.
Cette dette trop élevée à payer
hypothèque l'avenir des pays africains emprunteurs en ce sens qu'elle
freine le développement et limite l'investissement des bailleurs.
Elle est devenue aussi la manifestation la plus visible
de l'interdépendance entre pays industrialisés et pays en
développement, à travers le fonctionnement du système
monétaire international.
Les pays africains ne pourront payer les annuités
correspondant à leur dette que s'ils parviennent à se donner une
balance des paiement excédentaire, ce qui suppose le plus souvent une
Balance également excédentaire du commerce extérieur. Cela
n'est pas rendu facile par les politiques des pays développés.
La dette est un instrument de recolonisation pure et
simple, comme le prouvent les programmes de privatisation, de
libéralisation et toutes les autres conditionnalités
imposées par la Banque Mondiale et le FMI aux pays africains, en
réponse à la crise de la dette.