L'éducation en matière de santé et
de lutte contre le sida
Bien que les expériences avec l'éducation en
matière de santé et de lutte contre le sida aient
été modestes au Sénégal, des institutions
nationales, des ONG et Associations de lutte contre le sida offrent leurs
services à toutes et à tous et ont permis à ceux qui le
désirent d'acquérir un savoir-faire, un savoir-être et un
savoir-devenir en matière de santé et de lutte contre le sida
dans la gestion quotidienne de leurs activités. Par contre, les leaders
reconnaissent qu'il existe des difficultés d'accessibilité
à l'éducation en matière de santé et de lutte
contre le sida et déplorent la faible participation des filles et des
femmes à cette éducation, à cause du manque de temps
nécessaire pour suivre la formation, l'analphabétisme des femmes
et les contraintes socioculturelles. Toutefois, l'éducation en
matière de santé et de lutte contre le sida donne accès
à des avantages de protection à la santé et en
hygiène publique. Elle permet aussi d'adopter des comportements sociaux
positifs pour faire face aux pressions négatives telles que le sentiment
d'invulnérabilité, l'effet de groupe et la croyance aux fausses
rumeurs. C'est ainsi, que le ministère de la santé et de la
prévention du Sénégal, les ONG et Associations de lutte
contre le sida dont le Groupe pour l'Etude et l'Enseignement de la Population
(GEEP) ont très tôt compris en s'investissant dans diverses
activités qui ciblent les jeunes du Sénégal. Des
activités d'animation et de sensibilisation pour stimuler la
créativité chez les jeunes par des moyens
privilégiés de formation et de transmission de messages de
sensibilisation de la communauté :pièces de
théâtre, sketchs, poèmes et de production de manuels d'auto
formation par les pairs. Ces activités d'éducation en
matière de santé et de lutte contre le sida sont universelles
même si des stratégies d'approches diffèrent d'une
contrée à l'autre. Elles sont partout presque les mêmes et
visent le même public.
Au Niger, comme au Sénégal, l'éducation
en matière de santé et de lutte contre le sida est une
éducation basée sur des valeurs et des principes qui guident les
différentes stratégies de la lutte contre les IST/VIH/SIDA. Le
PNLS/IST, les ONG et Associations de lutte contre le sida travaillent en
étroite collaboration en vue de faire prendre conscience aux groupes
prioritaires visés par leurs programmes du danger que représente
le sida. C'est ainsi que des activités d'éducation, d'information
et de communication (IEC), la promotion du comportement à moindre risque
et la réduction des pratiques à risques de transmission du
VIH/SIDA sont organisées en direction des jeunes.
La problématique du sida est intégrée
dans toutes les politiques et les programmes de développement. C'est
pourquoi des approches novatrices ont été mises en oeuvre dans
les programmes de lutte contre le sida. Elles comportent, outre
l'alphabétisation, des formations dans le domaines de l'organisation et
de la gestion d'activités génératrices de revenus, la mise
en place des «fadas» ou groupements des jeunes en vue de la
pérennisation des activités. Des groupes relais, des leaders
d'opinion et les tradipraticiens constituent aujourd'hui les facilitateurs dans
ces programmes.
5.8. Les limites de l'étude
Cette étude et surtout l'ampleur des données
collectées n'ont qu'une modeste portée. L'étude doit
être considérée comme un point de départ pour la
recherche sur un phénomène aussi complexe que la participation
des filles et des femmes à l'éducation en général,
et l'éducation en matière de VIH/SIDA en particulier.
L'échantillon étudié est restreint aux
leaders d'opinion, et les contenus sont spécifiques. Le focus group
prévu n'a pas été testé sur place à Dakar du
fait que les populations visées ne parlent pas français et nous
mêmes ne parlons pas la langue du milieu, ce qui peut engendrer des
pertes d'informations liées à la traduction. Cependant, nous
sommes conscients de ces limites et pensons qu'il est possible de les
surmonter.
Malgré les différences des lieux
d'enquête, il existe des similitudes culturelles et religieuses entre le
Niger et le Sénégal sur le plan de l'éducation en
matière de santé et de lutte contre le sida. L'une des
barrières constatées est la langue du milieu.
Toutefois, malgré ces limites, nous croyons que les
résultats obtenus par l'analyse des réponses des leaders
d'opinion permettent de faire certains constats en ce qui concerne la
participation des filles et des femmes à l'éducation en
matière de VIH/SIDA. Ils mettent tout d'abord en évidence un lien
entre le pouvoir économique, le manque de temps, l'analphabétisme
et la participation des filles et des femmes à l'éducation en
matière de VIH/SIDA. Il existe aussi des liens étroits entre la
participation à l'éducation en matière de VIH/SIDA et la
profession de l'intéressée, et son lieu de résidence.
Les opinions recueillies auprès des leaders d'opinion
permettent d'attirer l'attention sur certains aspects positifs et leur
engagement auprès des filles et des femmes. Les leaders d'opinion
acceptent que la femme est la première école, la base de la
famille à laquelle il faut apporter les soins nécessaires et
l'encadrement adéquat.
Les facteurs propres à l'environnement familial et
social entreraient également en ligne de compte dans la participation
des filles et des femmes à l'éducation en matière de
VIH/SIDA. En effet, les données recueillies mettent en lumière
les opportunités qu'offre la famille élargie c'est-à-dire
les oncles et les cousins aussi bien pour l'encadrement parental, que
l'implication des frères et soeurs bien informés sur
l'éducation en matière de VIH/SIDA.
Cette étude a montré que la participation des
filles et des femmes à l'éducation en matière de VIH/SIDA
est déterminée par plusieurs facteurs dans lesquels interviennent
plusieurs éléments. Ceci confirme les approches socioculturelles
et socio-économiques élaborées par plusieurs auteurs. Les
questions qui ont été plusieurs fois soulevées signalent
la nécessité de se pencher plus attentivement sur la variable
«religion». En Afrique en général, la religion occupe
une place importante de la vie. Deux personnes sur trois fréquentent une
mosquée, un temple ou une église. Cet attachement à la
religion constitue une référence pour les communautés
africaines fortement islamisées qui rejettent toute éducation qui
ne prend pas en charge l'éducation religieuse des filles et des femmes.
Nous avons relevé que les leaders mettent en avant la religion pour
contrôler ce genre d'éducation qui semblerait donner de
liberté à parler du sexe et des préservatifs. La religion
conseille aux filles et aux femmes d'être subtiles et pudiques dans tout
sujet évoquant la sexualité. La finalité de toute
éducation, selon le guide religieux est d'exercer un contrôle sur
les filles et les femmes pour qu'elles soient de bonnes moeurs.
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