CHAPITRE 6
Conclusion et Perspectives
L'analyse de la situation de l'éducation des filles et
des femmes en Afrique subsaharienne en général, et au Niger en
particulier a révélé qu'une bonne partie de femmes n'ont
pas accès à l'éducation.
Les travaux relatifs à cette question ont mis en
exergue les facteurs explicatifs de ce phénomène. Il s'agit
principalement des facteurs socio-économiques et culturels. Nous nous
sommes également penchés sur la participation et l'engagement des
filles et des femmes à l'éducation en matière de VIH/SIDA
qui est une alternative éducative. Cette participation et cet engagement
sont liés essentiellement aux besoins d'amélioration de
l'accès des auditrices à l'éducation et d'acquisition de
compétences nouvelles.
Pour aborder cette recherche, nous avons procédé
à un état des lieux de la situation de l'éducation des
filles et des femmes. Nous avons pu voir que beaucoup de mesures importantes
ont été prises par la communauté internationale afin
d'améliorer l'accès des filles et des femmes à
l'éducation et que ces mesures ont fait l'objet de décisions
politiques internes des Etats dont le Niger.
Des études sur la situation socio-économique et
culturelle des filles et des femmes ont montré que tout
développement durable ne peut être atteint sans la participation
effective des femmes et que l'éducation de base demeure l'un des
indicateurs les plus importants pour assurer l'accès équitable de
toutes les couches de la société au développement.
Si la situation scolaire en Afrique subsaharienne, est assez
bonne, il a été démontré que beaucoup reste
à faire pour combler les écarts énormes entre les
sexes.
Le cadre théorique de notre recherche, nous a permis de
faire l'état des différentes études sur l'accès des
filles et des femmes à l'éducation. Ce qui nous a aidé
dans le choix des variables à mettre en exergue et dans le choix d'une
démarche qui complétera certains aspects qui n'ont pas
été abordé par ces recherches. Nous pensons à la
religion qui semble être fortement ancrée dans la mémoire
collective des populations africaines.
Quant au cadre conceptuel, il nous a permis de définir
les variables retenues pour mieux situer notre question de recherche. Ensuite,
le cadre problématique met en relation les variables d'entrée
(caractéristiques individuelles des filles et des femmes), les variables
processus (éducation, et éducation en matière de VIH/SIDA)
et la variable effet qui est la participation à l'éducation en
matière de VIH/SIDA.
A partir des questions posées, des hypothèses
ont été émises et la méthodologie a permis de
mettre en place un dispositif pour le recueil et le traitement des
données.
Les résultats obtenus ont montré que tous les
leaders d'opinion interrogés sont favorables à l'éducation
des filles et des femmes en général et à
l'éducation en matière de VIH/SIDA en particulier. Les
interviewés mariés et parents d'enfants ont tous une perception
positive de l'éducation en matière de VIH/SIDA des filles et des
femmes. En analysant les propos de ces leaders d'opinion, nous avons
noté que tous sont d'accord qu'il faut davantage de sensibilisation et
d'information pour amener toutes les filles et les femmes à participer
au programme d'éducation en matière de VIH/SIDA. Ils pensent que
ce n'est qu'une partie des filles et des femmes qui y participent à
cause de l'idée que tout le monde n'est pas concerné.
Pour la suite de notre recherche, nous allons suivre des
cohortes de filles et de femmes qui participent au programme d'éducation
en matière de VIH/SIDA pendant quatre ans en vue de déterminer
l'intensité du phénomène. Ensuite, nous verrons avec le
temps ce que sont devenues les participantes au programme ? Quelle a
été l'influence des programmes et des structures sur la
participation de ces bénéficiaires ?
Cependant, comme dans toute recherche, les limites et les
difficultés liées à diverses situations ne manquent pas de
se poser.
Une étude longitudinale requiert du temps pour obtenir
le maximum de cas de participation des filles et des femmes. A la fin du suivi,
nous comparerons les profils de la participation par rapport à l'origine
des familles des filles et des femmes. Il y a lieu de souligner que nous aurons
des cas de pertes compte tenu des déplacements des familles, des
migrations internes et des changements de l'environnement
socio-économique et culturel.
Dès lors, la nécessité de mettre en place
une étude plus approfondie pour obtenir des réponses plus
objectives à nos questions-problèmes se trouve ainsi
justifiée. Dans le cadre de la thèse, nous pourrons :
· Procéder à des prises de données
successives dans le temps pour nous permettre de mieux dégager les
liaisons entre les variables ;
· Augmenter le nombre d'interviews et de focus-groups et
tester à nouveau nos hypothèses de recherche, car la taille de
l'échantillon relativement faible (4 interviews) constituerait une
première limite ;
· Appliquer les focus-groups aux participantes au
programme d'éducation en matière de VIH/SIDA afin de recueillir
leur point de vue ;
· Comparer les profils des filles et des femmes qui
arrivent au bout de la formation avec ceux des autres filles et femmes qui
n'ont pas achevé la formation. Ces cohortes seront suivies jusqu'en
2007/2008 pour pouvoir déterminer l'intensité de la participation
et le temps du phénomène.
Ce travail mené à terme sera utile à tous
les Ministères de la république du Niger et aux ONG et
Associations de lutte contre le sida dans le cadre de l'amélioration de
l'éducation non formelle définie par la loi n°98-12 du
1er juin 1998. L'éducation en matière de santé
et de la lutte contre le VIH/SIDA est multisectorielle au Niger.
Devant le nombre de cas de sida enregistrés en Afrique
subsaharienne et particulièrement au Niger, ce travail dont nous
terminons la première partie, pourrait à terme contribuer
à améliorer, grâce à une éducation soutenue
en matière de santé et de lutte contre le sida des filles et des
femmes, la qualité de vie, l'accès à l'éducation et
l'adoption des comportements à moindres risques ; nous tenterons
également de dégager les liens entre projets d'éducation
alternatifs (éducation en matière de santé) et
éducation formelle afin d'étudier si les projets alternatifs
contribuent à moyen ou long terme à améliorer à la
fois l'accès et la qualité de l'éducation, surtout pour
ceux qui sortent des systèmes éducatifs et qui se retrouvent dans
la vie active. L'éducation constitue l'un des moyens de promouvoir la
construction d'une société harmonieuse et
équilibrée ainsi que l'affirmation de l'indépendance d'une
nation. C'est par l'éducation que la société transmet sa
culture, socialise sa jeunesse, forme ses cadres et prépare les futurs
citoyens. L'école est l'institution scolaire par excellence, le cadre
privilégié de l'éducation c'est-à-dire de
socialisation et de professionnalisation ; elle est
considérée comme le pivot de tous les autres domaines
d'activités d'une société. C'est à ce titre que les
effets positifs ou négatifs, les réussites ou les échecs
de l'action éducative se répercutent sur les autres secteurs
d'activité sociale.
Le meilleur potentiel dans la lutte contre le sida reste
néanmoins celui d'un programme d'éducation intégré
dans les programmes d'enseignement du système éducatif formel. Le
fait que le système éducatif formel offre un auditoire facile
à atteindre requiert la nécessité de s'assurer que le
contenu et les méthodes de présentation, de même que la
participation de l'auditoire, sont de qualité pour que, quel que soit
leur âge, les élèves se sentent personnellement
concernés à l'égard de l'information diffusée et
assimilent cette information de manière à changer par la suite
leurs comportements dans la bonne direction.
Pensons nous avec l'ONUSIDA que «aller à
l'école contribue à protéger du VIH/SIDA, car
l'éducation est notamment l'une des premières lignes de
défense contre la propagation du VIH et contre les effets du
sida» (ONUSIDA, 2004).
Dans cette perspective, l'éducation en matière
de santé et de lutte contre le sida joue un rôle clé dans
la création d'un environnement permettant d'éliminer les facteurs
qui favorisent la transmission du VIH/SIDA, environnement notamment
caractérisé par la réduction de la pauvreté, la
responsabilisation et l'égalité entre les sexes. Cette
éducation en matière de santé et de lutte contre le sida
permet de réduire également la dépendance des femmes
vis-à-vis des hommes et elle demeure une éducation alternative
aux autres formes d'éducation. Elle devient de plus en plus une
éducation phare compte tenu des mutations que connaît le
système éducatif classique. L'éducation en matière
de santé et de lutte contre le sida développe des
stratégies en matière d'éducation depuis que la crise
durable des systèmes éducatifs persiste, que les multiplications
de l'intrusion de projets/programmes éducatifs alternatifs dans
l'éducation formelle continuent, le besoin de prise en charge des
particularismes entraînant différentes formes d'éducation
communautaire et/ou le rejet de l'éducation formelle actuelle gagnent
considérablement du terrain eu égard à la montée du
phénomène de déscolarisation.
|