A. La Communauté Urbaine de Niamey
Niamey est une ville de création récente dont
l'existence remonte dans les années 1900.
La ville de Niamey est située à l'ouest du
territoire national nigérien. Elle est partie intégrante du
département de Tillabéry. Elle fut érigée en
capitale en 1926 grâce au gouverneur Brevié. En 1952, Niamey
devient le premier centre urbain du Niger avec 11.790 habitants. A partir de
1970, l'explosion démographique de Niamey a été
très rapide. De 108.000 habitants, la population a quadruplé pour
atteindre 398.265 habitants en 1986 soit une augmentation de 18.141 habitants
par an. La densité optimum d'occupation atteint 150 à 400
habitants par km2. En 2002, la population était de 720.468 habitants
selon la Direction de la statistique et des comptes nationaux (DSCN). C'est un
brassage de cultures où cohabitent plusieurs ethnies nationales et de la
sous-région. Cette forte concentration démographique pose de
nombreux problèmes d'urbanisation, de scolarisation, d'emploi, de
santé et d'environnement.
Le développement de la ville de Niamey se traduit par
une transformation de son couvert végétal qui était
constitué de palmiers doum dans la vallée du fleuve niger. Comme
toute capitale africaine, la Communauté Urbaine de Niamey est
confrontée aux problèmes de l'immigration et surtout au
phénomène de l'exode rural d'où un taux d'accroissement de
la population de 4,7% pour une moyenne nationale de 3,47% (DSCE/MSP/LE, Niger,
2002)
La rapidité de la croissance démographique et
spatiale n'ont pas permis aux pouvoirs publics de doter la ville de Niamey de
l'ensemble des infrastructures collectives nécessaires à la vie
quotidienne des Niaméens. Cette insuffisance est particulièrement
ressentie dans plusieurs domaines, surtout l'éducation et la
santé. La vie socio-économique et culturelle des populations de
Niamey reflètent ces difficultés liées à une
urbanisation relativement embryonnaire et quelque peu sauvage,
c'est-à-dire peu ou pas planifiée.
B. La Commune de Maradi
Maradi se trouve à 670 km à l'Est de Niamey, sur
la route nationale n°1 au sud du Niger et à la frontière du
Nigeria.
Le département de Maradi a une superficie de 41.811 km2
soit 3% de la superficie totale du pays. En 2003, la population du
département de Maradi était estimée à 2.202.035
habitants. Il s'agit d'une population relativement jeune, car plus de 50% ont
moins de 30 ans. La densité moyenne est de 548 habitants au km2.
La ville de Maradi regroupe un large éventail d'ethnies
représentant l'ensemble du Niger. La population est à dominante
haoussa qui représente 87% de la population. Cette population est de
diverses origines venues pour y faire fortune. En effet, dans cette partie du
Niger les mouvements migratoires sont une vieille tradition d'origine
variée provenant des zones géographiques proches du
département. L'exode rural est également un
phénomène important dans la région de Maradi. Ce
phénomène massif et temporaire concerne surtout les jeunes de
moins de 30 ans (Grégoire et Raynaut, 1986). Ces migrations
saisonnières ont beaucoup contribué, avec la natalité,
à accentuer le phénomène de la croissance urbaine.
En effet, on constate une certaine stabilité dans les
flux migratoires que Herry (1989) classe en deux catégories :
1. les migrations anciennes en provenance des arrondissements
proches et lointains de Maradi ;
2. les migrations récentes en provenance d'autres
régions plus éloignées du Niger dues à la grande
sécheresse de 1974 et surtout au renvoi massif des étrangers par
le Nigeria. Cette situation fait de la ville de Maradi une ville où
cohabitent toutes les ethnies du Niger et aussi toutes sortes de religion
(islam, christianisme, et autres).
Tous les différents groupes ethniques se sont fondus
depuis de générations dans un syncrétisme culturel et
religieux dans lequel prédominent les valeurs musulmanes. L'islam a une
prédominance sur les autres religions telles le christianisme et
l'animisme. Actuellement se développent plusieurs courants islamiques
dont le plus important est le mouvement «izala» en provenance du nord
Nigeria. Le mouvement «Izala» se veut rénovateur de
l'islam ; il prône une vie simple, mais exige également le
port du voile par les femmes et reprend avec ardeur le phénomène
de la claustration qui consiste à enfermer les épouses dans les
maisons. Les femmes mariées ne sortent pas de la maison quel que soit le
motif sans l'autorisation de leur époux et personne n'y entre sans
permission, surtout les hommes. Les adhérents à cette pratique
sont hostiles à l'éducation occidentale de la femme, surtout en
ce qui concerne la fréquentation scolaire des filles et des femmes. Pour
eux, la scolarisation susciterait la dépravation des moeurs ce qui
explique les faibles taux de scolarisation et d'alphabétisation de
Maradi, avec un grand écart entre les hommes et les femmes. Le contexte
socioculturel du milieu est hostile à toute forme d'éducation
occidentale. Les écoles coraniques existantes dispensent une
éducation traditionnelle. L'immense majorité des jeunes ne va pas
à l'école ou ne fréquente plus les structures
d'éducation formelle. Les populations de religion islamique se
souviennent encore du peu de crédit que les colonisateurs accordaient
à l'islam ; elles se souviennent également des conversions
forcées au christianisme et adoptent de nos jours, la mémoire
collective aidant, une attitude de défiance vis-à-vis de
«l'école des blancs».
Jadis, capitale économique du Niger, Maradi offre
d'énormes potentialités touristiques, commerciales , agricoles
encore mal exploitées. Mais la crise économique a contraint les
opérateurs économiques à mettre la clé sous le
paillasson laissant se développer le secteur informel. Tout tourne au
ralenti par rapport aux années fastes de 1978 à 1986
période du «boum» de l'uranium au Niger.
Depuis la montée de l'intégrisme religieux au
début des années 1999, et l'adoption de la loi islamique
(Shari'a) dans certains Etats du nord Nigeria frontaliers de Maradi, beaucoup
d'étrangers se sont repliés à Maradi et alentours. Depuis
lors, la situation de Maradi semble explosive, d'où la
nécessité d'agir par un renforcement d'action de sensibilisation,
d'information et d'éducation de ces populations.
4.4. Traitement et Analyse des données
Nous présentons dans cette partie les techniques de
traitement et d'analyse des résultats recueillis. Nous allons
procéder en trois étapes qui sont :
-la codification ;
-le traitement statistique et
-l'analyse des résultats obtenus.
4.4.1. La codification
Nous élaborons une légende de codage pour chaque
question considérée comme variable, et nous indiquerons les
modalités des réponses possibles.
La première partie du questionnaire est relative aux
questions d'identification telles que :l'âge, le sexe, le niveau
d'instruction, le statut matrimonial, le quartier de résidence, la
profession, et la religion pratiquée.
La deuxième partie du questionnaire est relative au
recueil des données qualitatives de la recherche. Ces données
font l'objet d'une analyse de contenu et d'une catégorisation en
fonction des thèmes évoqués par les
enquêtés.
4.4.2. Le traitement statistique
Pour le traitement des données, nous utiliserons la
méthode de traitement des données quantitatives et des
données qualitatives.
Pour les données quantitatives, nous aurons recours
à la statistique descriptive (avec le calcul des fréquences, des
indices de tendance centrale et de dispersion) et la statistique
inférentielle pour les tests adéquats. Nous utiliserons l'analyse
de contenu pour les données qualitatives et surtout les extraits de
discours ou de discussions les plus pertinents ou saillants.
Concernant les variables nominales telles que le statut
matrimonial, le quartier de résidence, le type de résidence, la
profession et la religion, nous utiliserons le pourcentage. Pour les variables
ordinales, nous considérons la médiane (par exemple le niveau
d'instruction) et pour les variables d'intervalles, la moyenne et
l'écart type (par exemple l'âge des interviewés).
4.4.3. L'analyse des variables processus
La variable processus sont les programmes d'éducation
en matière de santé et de lutte contre le sida. Il s'agit de voir
d'une part l'efficacité de ces programmes d'éducation en
matière de santé et de lutte contre le sida à travers les
contenus, la durée de la formation et les ressources allouées
pour la formation des participantes, et d'autre part, les perceptions des
familles sur l'éducation en matière de VIH/SIDA des filles et des
femmes. Nous osons affirmer qu'au fil du temps, les programmes et le contenu
évoluent et s'améliorent pour enfin agir sur les variables
d'entrée.
4.4.4. L'analyse des variables effets
La variable effet (participation à l'éducation
en matière de VIH/SIDA) peut être analysée comme
suit :.
Comme l'éducation en matière de VIH/SIDA a pour
objectif de faciliter l'accès des filles et des femmes à
l'éducation, et l'acquisition par celles-ci des compétences
nouvelles qui leur permettent de modifier leurs conditions d'existence en
termes de réinvestissement d'acquis pédagogiques de ces
programmes dans leurs activités économiques, dans leur vie
sanitaire, alors beaucoup de filles et de femmes devraient s'inscrire à
ces programmes et aller jusqu'au bout de la formation.
La difficulté d'accès à
l'éducation formelle des filles et des femmes serait comblée par
la contribution de l'éducation en matière de VIH/SIDA qui
contribue à l'amélioration de la qualité ou de
l'efficacité externe du système éducatif traduisible dans
des compétences telles que le savoir, le savoir-faire, le
savoir-être et le savoir-devenir socialement utile à chaque
individu tout au long de sa vie.
Privilégiant une analyse générale, nous
tenterons d'avoir une vue d'ensemble sur toutes les données
recueillies.
Le présent chapitre méthodologie de la recherche
a traité de quatre points principaux :
-la population cible qui sera constituée de filles et
de femmes de la communauté urbaine de Niamey, et de la commune de
Maradi, ayant bénéficié du programme d'éducation en
matière de VIH/SIDA et des leaders d'opinion ;
-l'échantillon non probabiliste stratifié sera
retenu ;
-le recueil d'informations se fera au moyen des focus-groups
complétés par des interviews individuelles ;
-les données recueillies lors des focus-groups et des
interviews individuelles seront traduites en français et
préparées en vue d'une analyse de contenu et d'un traitement de
type thématique.
Cependant, le délai qui nous est imparti pour le D.E.A
est de deux ans, et compte tenu de notre situation académique
très particulière et des contraintes financières, nous
sommes obligés de limiter nos ambitions. A ce stade du D.E.A, nous
sommes dans l'impossibilité d'organiser nos enquêtes en
focus-groups et interviews individuelles sur les populations cibles
basées au Niger pour des raisons de contraintes d'ordre financier.
Par conséquent, nous avons décidé de
tester un seul instrument de collecte de données sur les deux (2)
prévus. Il s'agit de l'interview individuelle. Cet instrument sera
testé en situation réelle et sur place au Sénégal
auprès de quatre (4) personnes ayant les caractéristiques des
leaders d'opinion qui composent notre échantillon. Ce test servira de
contrôle du niveau de compréhension de la formulation des phrases,
de la pertinence des mots et enfin l'organisation correcte des questions
etc.
Nous avons interrogé un médecin, un responsable
de projet/programme de lutte contre le sida, un formateur en VIH et
développement et un leader religieux.
Le chapitre qui suit traite de l'analyse et du traitement des
résultats obtenus.
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