III- MANIFESTATIONS
CLINIQUES
Les manifestations cliniques du paludisme sont diverses dans
leur expression et leur gravité. Elles dépendent d'une part de
l'espèce plasmodiale et de l'intensité de l'infestation, d'autre
part de l'hôte et de sa prémunition.
1- Accès simples (32)
1.1. Primo invasion
Elle touche les sujets neufs non immuns et les enfants vivant
en zone d'endémie.
L'incubation est silencieuse, dure 7 à 21 jours, mais
elle peut atteindre 6 à 9 mois pour certaines souches.
1.2- Accès simple intermittent
Ces accès sont fréquents en zone
d'endémie et se caractérisent par la succession de trois stades
précédés de prodromes à type de
céphalées, arthralgies, myalgies, nausées, c'est le stade
de frisson, le stade de chaleur et le stade de sueur. L'évolution est
rapidement favorable sous traitement.
2- Accès graves (1, 7, 55)
Le neuropaludisme, fait partie des formes graves du paludisme,
il est dû essentiellement à P. falciparum. Il s'agit
d'une urgence médicale majeure pouvant mettre en jeu le pronostic vital
surtout chez l'enfant. On note une fièvre très
élevée atteignant 40°C ou plus ; des
troubles neurologiques réalisant typiquement le tableau d'un coma
fébrile d'intensité variable mais le plus souvent calme. Des
convulsions peuvent survenir généralisées ou
localisées, associées à des troubles du tonus, des
manifestations psychiatriques peuvent être associées.
3- Cas particuliers
3.1- Paludisme de l'enfant
Le paludisme est la première cause de mortalité
infantile mondiale, la première cause des convulsions fébriles en
Afrique noire.
Les accès sont fréquents jusqu'à
l'adolescence où les survivants sont prémunis. Le paludisme est
toujours potentiellement grave chez l'enfant. Le diagnostic, parfois difficile,
doit être envisagé devant tout syndrome fébrile. Le
traitement doit être urgent pour éviter l'évolution vers
les symptômes neurologiques graves pourvoyeurs de séquelles, et
qui peuvent évoluer vers la mort.
3.2- Paludisme de la femme enceinte (66)
En zone d'endémie le paludisme est un risque important
pour la femme enceinte, qui est susceptible surtout dans le dernier trimestre
de la grossesse. Les anémies maternelles sont fréquentes, mais
aussi la prématurité, le petit poids de naissance, les
avortements, la rétention d'oeuf mort, les hémorragies du post
partum, et la transmission à l'enfant : c'est le paludisme
congénital.
IV/ DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE (32,29)
Le diagnostic de certitude du paludisme est apporté par
la mise en évidence du parasite dans le sang.
1. Diagnostic direct
Il se réalise par l'examen direct au microscope optique
de prélèvements sanguins effectués de
préférence avant tout traitement antipaludique, au moment des
pics fébriles. Les techniques les plus utilisées sont la goutte
épaisse et le frottis sanguins.
1.1. La goutte épaisse :
Elle constitue l'examen de référence, c'est une
technique de concentration des parasites. L'examen se fait au microscope
optique, à l'objectif 100 en utilisant de l'huile à immersion. La
numération se fait en comptant les parasites rapportés au nombre
de leucocytes. L'examen peut mettre en évidence de faibles taux de
parasitémie.
1.2. Le frottis sanguin :
C'est l'étalement mince d'une goutte de sang
prélevée au doigt sur une lame de verre. L'examen se fait
après fixation à l'alcool et coloration au Giemsa. Il permet un
diagnostic d'espèce plus précis mais ne permet pas de
dépister des parasitémie faibles.
Lames d'une goutte épaisse et d'un frottis
sanguin (30)
1.3. Le QBC (Quantitative Buffy Coat) :
Cette méthode associe l'isolement des hématies
parasitées à une coloration par un fluorochrome (l'acridine
orange) à partir d'un prélèvement sur tube capillaire.
Elle a une sensibilité élevée mais ne permet pas une
identification précise des espèces plasmodiales ni une
numération parasitaire.
1.4. La PCR (Polymérase Chain
Réaction) :
C'est un processus d'amplification de l'ADN
parasitaire utilisant des stades de dénaturation et d'amplification du
matériel génétique. Son coût élevé
limite sa diffusion.
1.5. L'utilisation de la sonde à
ADN
Elle permet de reconnaître dans un
prélèvement de sang, après marquage préalable par
un radioscope ou une enzyme, les fragments du génome du parasite.
Ces méthodes permettent de faire un diagnostic rapide
[10, 22].
2- Diagnostic indirect
Ce sont des méthodes immunologiques. La présence
de Plasmodium dans le sang provoque la formation d'anticorps
dirigés contre les antigènes du parasite. On peut ainsi titrer le
complexe antigène anticorps.
Ces différentes techniques sont :
l'immunofluorescence indirecte, l'hémagglutination indirecte, le test
ELISA, l'immunochromatographie.
2.1- Immunofluorescence indirecte
C'est la mise en évidence de l'anticorps
anti-parasitaire grâce à des immunoglobulines conjuguées
à une substance fluorescente.
2.2- Hémagglutination indirecte
Diverses dilutions de sérum étudié sont
mises en présence d'hématies jouant le rôle de particules
inertes à la surface desquelles les antigènes sont
fixés.
2.3- Test ELISA (Enzyme Linked Immuno Sorbent Assay)
Ce test utilise des antiglobulines conjuguées pour
mettre en évidence la présence d'anticorps spécifiques
anti-parasitaires. [56]
2.4- Les tests rapides de diagnostic
2.4.1- Le test de détection de
l'Histidin Rich Protein 2 (HRP-2)
Un test rapide, manuel et spécifique de Plasmodium
falciparum. Il est basé sur la détection de l'Histidin Rich
Protein 2 (HRP-2) qui est une glycoprotéine spécifique de
Plasmodium falciparum. Il s'agit d'un antigène soluble dont la
sécrétion est constante tout au long du cycle
érythrocytaire du parasite.
2.4.2- Le test de détection
de la lactico deshydrogénase plasmodiale
Le test OptiMAL* est constitué d'un panneau
d'anticorps monoclonaux développé à partir des
érythrocytes infectés par Plasmodium falciparum qui
peuvent se lier à la pLDH active. La pLDH (Plasmodium Lactico
déshydrogénase) est une enzyme glycolytique soluble
exprimée à des niveaux élevés aux stades
asexués des parasites du paludisme. Elle est trouvée chez chacune
des quatre espèces humaines de Plasmodium. L'activité de
la pLDH est corrélée avec le niveau de parasitémie
trouvé dans les cultures in vitro de parasites et dans le plasma des
patients infectés, diagnostiqués par la microscopie.
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