WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Etude de quelques aspects épidémiologiques et environnementaux du paludisme au Sénégal

( Télécharger le fichier original )
par Ousmane Sy
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - DEA Sciences biologiques et médicales 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

DISCUSSION

1) Prévalence parasitaire

L'évaluation de la prévalence parasitaire donne des indications sur l'importance de la transmission et sur l'état de circulation du parasite dans une communauté. Les taux moyens de prévalence enregistrés au niveau des trois zones d'étude ont été partout inférieurs à 20 %. L'indice plasmodique a été significativement plus élevé en zone sud soudanienne avec 14,2 %, le paludisme y est mésoendémique. Cette mésoendémicité palustre a déjà été rapportée au sud du Sénégal dans la zone du barrage anti-sel de Bignona avec un IP moyen de 45,2 % (GAYE et al. 1991). Au niveau des zones nord sahélienne et centre sahélo soudanienne il sévit selon un mode hypoendémique avec respectivement des taux moyens de 2,3 % et 4,5 %.

Les indices plasmodiques ont considérablement varié en fonction des périodes de prélèvement. Ainsi dans les différents sites, la prévalence a été plus importante en fin de saison des pluies, les indices de saison sèche et de milieu de saison des pluies sont relativement faibles. Dans les différents sites de la zone nord sahélienne malgré les variations de l'indice plasmodique on reste toujours dans une situation d'hypoendémicité quelque soit la saison. Au niveau du delta et dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal des études ont révélé que le paludisme sévit selon un mode hypoendémique à mésoendémique (DIALLO et al. 1991 ; FAYE et al. 1993b).

L'existence d'aménagements hydroagricoles favorise la présence de gîtes larvaires dans la vallée du fleuve Sénégal une grande partie de l'année, ce qui permet une circulation du parasite dans la population tout au long de l'année. Le faible taux de prévalence enregistré dans le site sahélien non rizicole de Boki Diawé (1 %) dénote de la faiblesse de la transmission dans la zone. Cette faible transmission a déjà été signalée dans la basse vallée du fleuve Sénégal (MBAYE, 1997), elle serait liée à la prédominance d'An. arabiensis qui a une tendance zoophile dans la zone ce qui diminue l'infection des moustiques et les inoculations à l'homme. En zone soudanienne c'est une situation mésoendémique qui prévaut en milieu comme en fin de saison pluvieuse au niveau des sites rizicoles et non rizicoles, en saison sèche, on passe à une situation d'hypoendémicité dans les deux sites. Des études menées en zone sud ont montré que le paludisme est mésoendémique à hyperendémique en zone de mangrove et hyperendémique hors de la mangrove en basse Casamance (Gaye et al 1991). En milieu urbain (ville de Touba), c'est une situation d'hypoendémicité qui prévaut dans le quartier central (Darou Khoudoss) quelque soit la saison de l'année. Dans le quartier périphérique (Darou Marnane), le paludisme est hypoendémique en début de saison des pluies et en saison sèche, alors qu'il devient mésoendémique. en fin de saison des pluies. Dans la ville de Touba on a une transmission saisonnière typique dépendant généralement de la mise en eau par la pluie des gîtes larvaires temporaires. Le taux de prévalence retrouvé dans le site de riziculture irriguée du delta de Kassack Sud (4,3%) est supérieur à ceux retrouvés dans la zone par MBAYE en 1997. La répartition des indices plasmodiques est en accord avec les taux d'infections enregistrés dans les différentes zones. Ainsi les zones nord et centre où les taux de prévalence sont les plus faibles correspondent aux zones de plus faible transmission vectorielle. C'est en zone Sud soudanienne qu'on note les plus forts taux d'inoculations entomologiques et le taux de prévalence y est plus élevé. La correspondance entre le taux d'infection des vecteurs et la prévalence parasitaire est probablement liée à la répartition inégale de la pluviométrie au niveau de ces différentes zones. En effet les données pluviométriques enregistrées au courant de l'étude dans les différentes zones, sont en conformité avec le gradient de répartition décrit en Afrique tropicale de manière générale et au Sénégal en particulier, il croit du nord au sud..

Dans la ville de Touba (zone sahélo soudanienne), en raison d'une urbanisation croissante et d'une couverture médicale relativement bonne, la transmission ne peut être que faible. L'indice plasmodique a présenté une différence entre les quartiers de résidence, ceci à l'image de certaines villes Africaines (TRAPE et ZOULANI, 1987. MULUMBA et al. 1990. MANGA et al.1993. DIALLO et al. 1998). Il a été plus élevé dans le quartier périphérique de Darou Marnane que dans le quartier central de Darou Khoudoss. Cette différence entre quartier d'une même ville est classiquement expliquée par des infrastructures urbaines plus développées en centre ville avec un niveau de vie plus élevé.

P.falciparum a été la principale espèce plasmodiale retrouvée dans l'ensemble des trois zones d'étude. Selon des études effectuées au Sénégal (FAYE, 1994), il représenterait 80 à 100% des infections.

La probabilité des anophèles femelles de pouvoir s'infecter sur l'homme repose sur la gamétocytémie circulante. Les indices gamétocytaires retrouvés au niveau des différentes zones ont été très faible et n'ont présenté aucune différence significative.

La rareté de P. malariae et de P. ovale ainsi que celle des stades sexués observés a été signalée dans la vallée du fleuve Sénégal (FAYE et al. 1993) et à Dakar (DIALLO et al.1998) à la fois chez les porteurs symptomatiques qu'asymptomatiques.

2) Morbidité palustre

Le pic de morbidité chez les patients suspectés de paludisme a été observé en saison pluvieuse dans les différentes localités étudiées. Ce pic est classiquement observé dans toute la zone sahélienne et soudanienne, il est la conséquence de l'augmentation des densités de population et des taux d'infection des vecteurs en fin de saison des pluies (VERCRUYSSE, 1985 ; GAZIN & al, 1988 ; FAYE & al, 1993 ; LEMASSON & al. 1997).

Au niveau de la zone nord sahélienne, en fin de saison sèche, la morbidité n'a été observée que dans le site de riziculture irriguée du delta du fleuve (Kassack Sud). Les changements environnementaux intervenus dans cette zone sont à l'origine de cette situation qui permet le maintien d'un anophélisme continu durant toute l'année. En période de saison des pluies, l'indice parasitaire a été significativement plus faible dans ce même site. Cette observation est en concordance avec le faible taux d'infection retrouvé chez les femelles d'An. gambiae s.l de la zone. En effet au niveau du delta l'espèce An. Pharoensis est la plus représentée, cependant il est un mauvais vecteur du paludisme bien que des femelles infectées soient retrouvées (CARRARA & al. 1990).

L'indice parasitaire retrouvé dans ce site de riziculture (12,1 %) est comparable à ceux retrouvés dans des villages situés dans la même zone (FAYE et al.1995), avec 12,9 % à Kassack Nord et 11,8% à Maka Diama, de même qu'à ceux retrouvés dans ces même sites par MBAYE en 1997 avec 10,4 % à Kassack Nord et 11,3 % à Maka Diama. C'est dans les sites de mangrove et d'agriculture sous pluie qu'on retrouve les plus forts indices parasitaires. Ceci est lié à la faible endémicité du paludisme dans ces 2 sites, ce qui se traduit par une faible prémunition dans population et une forte morbidité en période de transmission. Mais aussi à la présence de vecteurs efficaces appartenant au complexe An. gambiae s.l, probablement à l'espèce An. melas qui est inféodée à l'écosystème de mangrove. Cette espèce est surtout représentée au sud du Sénégal incluant la Gambie (BRYAN, 1979 ,1980 ; BRYAN et al 1982, 1983,1987 ; FAYE 1987).

Dans l'ensemble des sites étudiés au niveau des différentes zones biogéographiques, les plus fortes densités parasitaires ont été surtout retrouvées chez les enfants de moins de 14ans excepté le site sahélien de riziculture irriguée du delta du fleuve (Kassack Sud). La présence de fortes densités parasitaires chez les enfants a été souvent signalée et il est possible que au sein de cette catégorie de la population acquérant sa prémunition, l'équilibre hôte/parasite soit précaire (BAUDON et al.1984 ; TRAPE, 1985 ; TRAPE et al.1985 ; CHIPPAUX et al. 1991). Dans le site sahélien rizicole du delta les fortes densités parasitaires sont surtout retrouvées chez les adultes. Dans le delta la rareté des infections est due à la prédominance d'An pharoensis qui est un mauvais vecteur du paludisme, ce qui entraîne une faible prémunition dans la population et toutes les classes d'âges sont touchées de la même manière.

Les fortes densités parasitaires (>50000 trophozoites / ìl de sang) enregistrées en zone sahélienne de mangrove (Tassinère) et d'agriculture sous pluie (Boki Diawé), dans le quartier central de la ville de Touba (Darou Khoudoss) et le site soudanien rizicole (Madina Dianguette), ont été surtout retrouvées chez les patients fébriles. Les mêmes observations ont été signalées en zone rurale par GAYE et al (1989). Selon GAYE et al (1989), en zone d'endémie il est habituel d'observer des porteurs asymptomatiques à des densités très élevées, et c'est à partir d'un certain niveau de parasitémie que se déclenche l'accès fébrile. Ce seuil pyrogène varie selon les critères d'appréciation des auteurs, entre 1000 et 20000 GRP/mm3 (GAZIN et al 1988 ; RICHARD et al. 1988 ; GAYE et al. 1989).

Dans le site de riziculture nord sahélien (Kassack Sud) le quartier périphérique de la ville de Touba (Darou Marnane), les fortes densités parasitaires sont surtout rencontrées chez les patients apyrétiques.

3) Transmission

Au cours de notre étude, 7 espèces anophéliennes ont été identifiées: An gambiae sl ; An funestus ; An pharoensis ; An rufipes ; An ziemanni ; An wellcomei ; An coustani. Toutes ces espèces étaient déjà connues au Sénégal (HAMON et al, 1956).

En moyenne dans l'ensemble des trois zones biogéographiques étudiées, An gambiae sl a été prédominant aussi bien dans la faune résiduelle que dans les captures nocturnes sur sujets humains. Au Sénégal cette prédominance du complexe An gambiae sl dans la faune anophélienne a déjà été rapportée tant en milieu rural (Vercruysse, 1985 ; FAYE 1987, Faye et al 1992) qu'en milieu urbain (VERCRUYSSE & et JANCLOES, 1981 ; TRAPE et al. 1990).

Au niveau de la zone nord sahélienne, An gambiae sl a été dominant dans tous les sites sauf à Kassack Sud dans le delta du fleuve, où An pharoensis a été dominant. La prédominance d'An pharoensis dans la population anophélienne observée au cours de cette étude a été également signalée dans des villages rizicoles de la même zone, situés aux environs de Mboundoum (20, 21,43). La faiblesse du nombre de femelles d'An gambiae sl aurait pour cause la salinité des eaux. Ces sols salés résultent de l'envahissement de la zone par des eaux marines avant l'installation du barrage. Malgré son abondance dans la zone, An pharoensis n'est pas un bon vecteur du paludisme (59). Les adultes se rencontrent assez rarement dans les habitations (34) et ont une longévité réduite les empêchant d'être infestant malgré une anthropophilie élevée (21, 43, 59,70). An. funestus a été retrouvé au niveau du site rizicole du delta du fleuve Sénégal (Kassack sud). Cette espèce avait disparu dans la zone du fait de la longue période de sécheresse qui a entraîné la disparition de ses gîtes larvaires. Le retour d'une bonne pluviométrie associée à une bonne humidité relative explique probablement sa réintroduction dans la zone.

Le taux d'inoculation entomologique, en zone sahélienne a été nul dans le site rizicole du delta et a été sensible dans le site de mangrove. La transmission a présenté une variation saisonnière importante avec une interruption en saison sèche (VERCRUYSSE et JANCLOES, 1981 ; PETRARCA et al, 1987 ; FAYE et al, 1992 et 1993).

Les différentes observations ont montré qu'il y'a une modification de la faune anophélienne dans les différents sites suivant qu'on est dans un écosystème naturel ou en milieu anthropisé. L'aménagement des rizières a entraîné un bouleversement du milieu naturel avec un accroissement de la densité anophélienne. Les rizières constituent en général un milieu artificiel très favorable à de nombreuses espèces de moustiques. Cependant cette pullulation n'affecte pas toutes les espèces anophéliennes. Dans le cas du delta (Kassack Sud) An gambiae s.l est en effectif très réduit alors qu'il est un vecteur majeur du paludisme dans la zone. An pharoensis qui est mieux adapté à ce type de biotope caractérisé par la salinité des gîtes larvaires, ne possède aucune potentialité vectrice bien que des femelles hébergeant l'antigène circumsporozoïtique aient été dépisté (CARRARA et al, 1990). Dans la ville de Touba le développement des infrastructures urbaines a entraîné la disparition des gîtes larvaires et la diminution des densités anophéliennes.

Le taux de parturité des femelles d'An gambiae s.l est resté élevé au cours des différents passages effectués en saison des pluies et en saison sèche dans les différents sites. Cette situation est proche de celle signalée en zone soudanienne prés d'un cour d'eau (KONATÉ ,1991 ; DIAGNE, 1992 ; SOKHNA, 1994) et en zone sahélienne prés d'un périmètre rizicole (FAYE et al 1993a) où le taux de parturité reste élevé pendant toute l'année avec de faibles variations mensuelles. La comparaison du taux de parturité et de la densité agressive a montré qu'il existe une corrélation négative entre les deux dans les différentes localités étudiées. Le taux de parturité présente ses plus faibles valeurs en période de saison des pluies, période pendant laquelle la densité anophélienne est maximale. Selon HOLSTEIN (1952), la baisse du taux de parturité aux périodes de fortes abondances de populations imaginales peut découler d'un flux massif et continu de jeunes femelles, associé à une réduction de la longévité. Inversement, le taux de parturité élevé chez les femelles, observé en saison sèche serait probablement lié à la rareté des jeunes femelles (assèchement des gîtes) et au vieillissement de la population.

Le taux d'inoculation entomologique a été plus élevé en zone soudanienne de riziculture irriguée où la densité agressive des femelles d'An gambiae s.l a été la plus forte. Les indices circumsporozoïtiques obtenus ont été supérieurs aux indices sporozoïtiques obtenus par dissection (BOUDIN et al. 1988). La technique ELISA détecte la présence de la protéine circumsporozoïte qui peut être présente dans les oocystes, dans l'hémolymphe ou dans les glandes salivaires. Ainsi l'ELISA peut surestimer les taux d'infection réels en détectant l'antigène CSP libre non fixé sur les sporozoïtes avant que ces derniers aient atteint les glandes salivaires (BOUDIN et al., 1988 ; FERREIRA et al.,1993). Cependant la méthode ELISA présente des avantages en permettant de confirmer les infections obtenues en dissection, de déceler les faibles infections de glandes salivaires (pouvant paraître négative à l'examen microscopique).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"