Les plans de relance mondiaux ; Quel avenir pour
les métaux ?
Si l'industrie du métal ne peut pas à elle seule
sortir le monde de la crise, elle n'en reste pas moins une des stimulateurs
à prendre en compte si l'on souhaite relancer la machine
économique mondiale.
Pour faire face à la crise globale que connait
actuellement le monde, les pays industrialisés et ceux en
développement, ont décidés de coordonner leurs plans de
relance nationaux afin de propulser ensemble la croissance mondiale ; En
effet, que ce soit l'Europe, les Etats Unis ou la Chine, tous ont
engagés d'immenses investissements publiques destinés, à
soutenir l'ensemble des industries et à sauver les plus touchées,
comme le secteur bancaire, ou l'automobile.
Les États ont ainsi lancés ou prévoient de
lancer des politiques de relance avec la volonté affichée de
réduire l'ampleur de la crise économique :
Dès Janvier 2008, le gouvernement fédéral
américain avait mis de l'avant un programme de relance de 168 milliards
de dollars;
En septembre 2008, face à l'aggravation de la crise et de
sa propagation confirmée au niveau mondial, le gouvernement
fédéral américain met en place le Plan Paulson, un
programme de 700 milliards de dollars d'apurement de la crise
financière.
En Asie, en octobre 2008, l'Australie annonce un plan de relance
de 65 milliards de dollars, dans le même temps, le Japon annonce un plan
de relance de 260 milliards.
En Novembre le gouvernement chinois annonce le 9 novembre un plan
de relance de 15% du PNB dans les deux ans à venir pour relancer la
croissance. Les 573 milliards de dollars iront à des grands travaux
d'infrastructures qui concernent évidemment la demande en
métaux de base: travaux ferroviaires, de ports, d'autoroutes et de
grands travaux hydrauliques (45%), à la reconstruction du Sichuan (25%),
au développement des campagnes (9.25%), à l'environnement,
principalement des stations de traitement des eaux usées (8,7%), des
logements sociaux (7%). Ce budget prévu contient les 80 milliards de
dollars décidés pour la reconstruction de la province du Sichuan
en juin 2008 suite au séisme du Sichuan de mai 2008;
En Europe, Bruxelles confirme la mise en place d'un plan
européen de 163 milliards de dollars. Il s'agit ici surtout d'assurer un
minimum de cohésion entre les plans de relance nationaux établis.
Parmi les grand pays européen le Royaume-Uni qui crée un plan de
30 milliards destiné à sauver le système bancaire.
L'Allemagne lui emboite le pas et annonce un investissement de 63 milliards. Le
plan Allemand sera renforcé avec 50 milliards supplémentaire
annoncés en Janvier.
Le 4 décembre, le président français
présente un plan de relance de 26 milliards d'euros (11,4 milliards
destinés au soutien de la trésorerie des entreprises, 10,5
milliards aux investissements publics, 2 milliards au logement et à
l'automobile, 1,2 milliards aux mesures emploi et 0,8 milliards à la
prime de solidarité active.
Il est intéressant de se pencher sur ces plans de relance
dans le cadre de cette étude sur les métaux car ils ont un impact
fort sur les fondamentaux de la fixation de leurs prix.
En effet, cette politique d'investissements a un impact direct
sur l'avenir de ce marché dans la mesure où la volonté de
relancer la machine industrielle globale implique une stimulation de
l'industrie des métaux de base, situé en amont de tout le secteur
industriel. De plus, ces plans de relance revêtent une importance
capitale pour l'avenir de l'industrie métallurgique car ils ont
également pour but d'amorcer des bouleversements industriels essentiels,
comme la prise en compte des défis environnementaux par exemple, avec
lesquels le marché du métal va certainement être
amené à se transformer.
Le stimulus touche en effet un très large
éventail d'industrie. L'industrie métallurgique a
bénéficié à la fois d'aides directes, comme par
exemple des prêts à taux préférentiels de la part de
l'état et indirectes avec un soutien similaire à des
industries liées; Les sommes investies étant colossales, elles
auront vocation à influencer durablement le secteur et les fondamentaux
dans la fixation du prix.
III.1 Le plan de relance américain et son impact sur
le marché du métal
Les Etats Unis étant à l'origine de la crise qui
s'est propagée au monde entier, avaient comme nécessité et
responsabilité de proposer un plan de relance ambitieux.
La Chambre des représentants vote en janvier 2009, en
faveur d'un plan de relance de 825 milliards de dollars.
Ce plan prévoit notamment des réductions 275
milliards de dollars de réductions d'impôts, une augmentation des
indemnités chômage, mais surtout plus de 540 milliards
d'investissements dans des infrastructures aussi diverses que les routes, les
écoles ou le développement de l'Internet à haut
débit.
Les métaux de base ont toute leur place dans ce plan et
les stocks empilés et non consommés pendant le pic de la crise
vont être amenés à se réduire. Or, en raison de
l'éclatement de la bulle qui a suivi le mouvement de consolidation le
secteur a largement réduit ses capacités de production. La hausse
de la demande potentielle provoquée par la coordination des plans de
relance laissent ainsi croire à plusieurs analystes que les prix des
métaux de base pourraient avoir atteint leur niveau le plus bas et
être en voie de se redresser.
Les industries consommatrices de métaux ont
été particulièrement aidé avec notamment un effort
très important consenti pour les constructeurs automobile ;
Même si cette aide sert avant tout à aider les
géants automobiles américains tels que Général
Motors ou Ford à se restructurer et à garantir à leurs
salariés le paiement de leurs retraites, les constructeurs ont
été largement incités à innover leur production. La
production automobile américaine ayant chuté de 25% entre 2001 et
2009, l'avenir reste très sombre pour l'industrie,
l'éventualité d'une mise en faillite des « Big
3 », Général Motors, Ford et Chrysler ayant même
été évoquée par Obama.
Les constructeurs sont ainsi contraints à s'adapter aux
réalités du marché mondial et à prendre en compte
des impératifs devenus essentiels, tels que les mesures
environnementales, ou la nécessité de produire des
véhicules moins consommateurs d'essence ;
Diverses propositions ont été ainsi
évoquées et examinées avec attention certes par les
compagnies automobiles mais également par les industries liées,
les entreprises minières et métallurgiques en tête.
L'industrie automobile est en effet un débouché essentiel de la
production de métal.
III.2 Impact du plan de relance automobile pour
l'aluminium:
Les métaux dans leur ensemble ont toujours
été amené à évoluer avec les mutations
industrielles ; Ainsi le plomb par exemple alors massivement
utilisé au XIXe et début du XXe à progressivement
été abandonné et son utilisation cantonné à
des fins bien spécifiques suite aux découvertes de son impact sur
la santé humaine.
De même, la crise a certes durablement affaibli l'industrie
des métaux et minière mais elle représente pour certains
de nouvelles opportunités ;
Ainsi dans les reformes imposées au secteur automobile
pour l'attribution d'aides publiques un métal a été en
particulier bien loti ;
Dans le cadre du plan de relance automobile, l'aluminium est en
effet un métal très prisé car ses propriétés
permettent de produire des véhicules plus légers. Certaines
voitures de constructeurs spécialistes comportent déjà des
composants structurels en aluminium. Le nombre de ces composants et modules,
tels que longerons et dessous de caisse, augmentera au cours des prochaines
années sur les voitures de gamme moyenne et de grande série. En
2005, les premières voitures généralisant l'utilisation de
l'aluminium sont apparues.
D'après le CCFA (Comité des Constructeurs
Français d'Automobile) le poids de l'aluminium dans une voiture
européenne type est ainsi passé de 90 kg actuellement à
125 kg entre 2001 et 2006. Certains modèles en utilisent dans des
proportions plus élevés comme la Peugeot 607 qui contient 190 kg
d'aluminium et la C5 avec 150 kg.
Avec les objectifs qui ont conditionnés l'attribution de
fonds dans le cadre du plan de relance, l'allègement du poids des
véhicules est important pour les constructeurs dans la mesure où
il leur permettra également de satisfaire à l'engagement sur les
émissions de CO2. Les constructeurs ont ainsi été
incités à utiliser l'aluminium pour compenser l'accroissement du
poids de leurs véhicules dû à l'augmentation de la taille
des moteurs. BMW travaille à une face avant en aluminium pour la
prochaine Série 5. La Série 7 emploie ce métal pour le
capot et les pare-chocs avant, ainsi que pour des pièces du moteur
V8.
Les utilisations sont notamment influencées par les cours
du métal ; Une marque de luxe comme BMW est disposée
à accepter un surcoût de 4 dollars par livre (10 euros par kilo),
tandis qu'un constructeur généraliste comme Renault a fixé
la barre à 1,80 dollar (4,60 euros). C'est pourquoi il ne faut pas
s'attendre à voir apparaître des voitures de grande série
équipées d'une carrosserie en aluminium à court terme.
Toutefois, l'aluminium offre des avantages en matière de coût et
de taux de recyclage qui devraient encourager les constructeurs à
recourir davantage à ce métal.
Avec la crise, et la chute des cours, les constructeurs et
fournisseurs se sont récemment efforcés d'améliorer la
technique d'assemblage des pièces en aluminium et en 2009 la part de
l'aluminium utilisé dans la production automobile à atteint un
sommet, avec 8,6% du poids moyen et devrait atteindre 10% selon l'institut
américain Aluminum Association.
L'aluminium est ainsi utilisé de façon de plus en
plus importante par les constructeurs (pour les disques de frein, les
suspensions...) si bien qui si une fusion en 2 géants américains
était contrainte par l'administration américaine elle engagerait
certainement GM et Chrysler en raison de nombreuses synergies à faire
valoir dans l'utilisation d'aluminium.
Selon une note de l'institut MF Global publiée au
début de l'année dans le Wall Street Journal, les cours
d'aluminium seraient ainsi à moyen et à long terme soutenu par
« un filet de sécurité » en résultat
de l'effort imposé par les autorités en matière de
production, si bien sur les constructeurs étaient amenés à
survivre. Les cours de l'alumium ont ainsi connu une belle embellie depuis de
l'année qui s'explique en grande partie par cet engouement
suscité par le secteur automobile.
Malgré une volonté d'action commune affichée
par l'ensemble des pays industrialisés, la crise a suscité
d'importantes craintes notamment liées à la tentation
protectionniste
Une clause particulière dans le détail du plan de
relance américain a fait ressurgir les vieux démons
protectionnistes que les institutions internationales souhaitaient à
tout prix éviter.
Après l'éclatement de la crise dans le
bâtiment et l'automobile, la production d'acier a chuté de
moitié en trois mois.
Cette clause prévoit ainsi l'interdiction d'acheter
à l'étranger l'acier et le fer destiné au plan de relance.
La mesure suscite d'autant plus d'inquiétude qu'elle pourrait faire
école, contraindre les autres pays à un repli sur eux même
et faire chuter les cours internationaux des métaux.
La clause est finalement largement assouplie, et son application
destinée à être appliqué d'une manière
cohérente avec les obligations des Etats-Unis en vertu des accords
internationaux.
Excepté ce point, les cours de métaux ont
plutôt été ménagés ; En insufflant
dans l'économie américaine des centaines de milliards, le
gouvernement a envoyé un signal fort concernant sa volonté de
recentrer les politiques industrielles au coeur de la vie économique.
Cette volonté va être suivie partout dans le monde
entier, en particulier avec le pays qui possède avec les Etats Unis le
plus fort impact sur le marché des métaux de base, la Chine.
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