II.4 La question du dumping
Afin d'encourager la production locale, le gouvernement central
assiste généreusement les producteurs afin de les soutenir dans
leur expansion. Cette politique d'aide massive suscite des critiques de la part
des nations industrialisés qui voient comme résultat de ce
soutien des pratiques anticoncurrentielles.
En effet, Européens et Américains accusent
Pékin de soutenir financièrement des industries qui vendent
à perte, et pratiquent donc le dumping. Les sidérurgistes chinois
auraient par exemple récemment bénéficié d'une aide
de près 30 milliards de dollars sur leurs approvisionnements en
énergie. Les exportations d'acier ayant triplé en trois ans les
industriels américains ont demandé à leur gouvernement
d'engager une procédure devant l'OMC.
En raison de son système politique particulier qui place
l'état comme acteur incontournable dans les affaires, la Chine a
été particulièrement visée par l'OMC dans les
enquêtes anti-dumping.
Le développement de l'industrie Chinoise des métaux
a pris un impact tellement fort dans les termes de l'échange que depuis
que les accords de l'OMC ont été conclus en 1995, la Chine a
toujours été à la nation la plus visée. En 2008 par
exemple l'Empire du Milieu a totalisé plus de la moitié des
demandes total d'enquête (37).
Il est également fort intéressant de constater que
le secteur le plus soumis aux enquêtes de l'OMC n'est autre que celui des
métaux de base, avec 39% des plaintes totales déposées.
Cette statistique révèle les efforts financiers engagés
par Pékin pour moderniser l'industrie minière et
métallurgique.
Il existe ainsi des mesures anti dumping,
caractérisées par des taxes, sur l'aluminium, le cuivre, et la
plupart des autres métaux de base mais également sur des produits
en étant constitués ; L'UE a par exemple
décidé le mois dernier d'imposer des taxes antidumping allant de
26,5% à 85% sur certains éléments de fixation (vis,
boulons etc.) importés de Chine, en fer ou en acier, au terme d'une
enquête ouverte à l'automne 2007.
Ces mesures prises pour parer des pratiques anticoncurrentielles
sont évidemment critiquées par Pékin qui n'y voit qu'une
tentative protectionniste.
Il est intéressant de constater que certains analystes
voient dans la prise de ces mesures certes une protection des industriels
européens ou américains, mais que cette protection se fait au
détriment du consommateur final.
En effet, les taxes imposées par les organismes de
régulation de la concurrence ont été amenées
à s'élever et peuvent représenter jusqu'à 100% du
prix de vente affiché par le producteur chinois ce qui a
forcément un impact sur le prix au niveau mondial. La Chine
s'étant affirmé comme un acteur incontournable dans l'industrie
des métaux de base, en étant pour la plupart d'entre eux, le
premier producteur mondial, le prix payé par les industriels
consommateurs de cette denrée est gonflée par les taxes
anti-dumping ;
Il peut être pertinent de s'interroger de l'impact des
taxes antidumping dans la fixation du prix du métaux, surtout quand
cette taxe est imposée au plus grand producteur mondial et qu'elle est
donc de fait, répercutée sur le plus grand nombre possible de
consommateur final. Il est probable que l'effort supporté par le
consommateur se révèle finalement plus important que le gain fait
par les producteurs et industriels européens ou américain.
En 2008 par exemple, pour reprendre l'exemple cité
ci-dessus de la taxation des produits de fixation, l'Europe choisit alors de
protéger ce secteur. Or, le seul pays européen impliqué
sur ce marché est l'Italie avec une part de marché mondiale
inferieur à 7% ; L'imposition de cette taxe a provoqué une
hausse soudaine des prix de ces produits en Europe, car la très grande
majorité de ceux vendus sur le continent provenait de Chine. Les
vendeurs spécialisés, et autres grandes surfaces ont
tentés d'aller chercher ailleurs des producteurs afin d'éviter la
taxation. Cependant aucun d'entre eux n'est parvenu à trouver des
fournisseurs aussi compétitifs que leurs anciens grossistes Chinois. Les
taxes payées pour s'approvisionner chinois a été
évidemment répercutée sur le prix de vente final,
augmentant de près de 30% les prix de ces produits.
Il est évidemment douteux de condamner des organes de
régulations qui tentent d'assurer une concurrence mondiale saine, mais
le cas du métal est particulier ; en étant à la fois
le premier producteur et exportateur de métaux, le pays le plus
condamné par les instances de concurrence, et que ces condamnations
concernent dans leur majorité les métaux de base, la question de
la part des taxes anti dumping dans la fixation des prix se devait d'être
évoquée.
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