L'applicabilté des conventions internationales relatives au droit de l'enfant au Tchad( Télécharger le fichier original )par Eugène Le-yotha Ngartebaye Université Catholique de Lyon - Master 2 Recherche Fondements des droits de l'homme 2007 |
B- Au niveau du service public de la santéS'agissant du Ministère de la Santé au Tchad, le manque de personnel soignant reste une préoccupation particulière. En effet, les données statistiques de la division du système d'information sanitaire qui datent de 2000 font un constat plus que triste pour le pays. Il ressort qu'il y a un médecin pour 31 763 habitants soit un total de 335 médecin, un infirmier pour 7 499 habitant soit 152 infirmiers qualifiés, une sage femme pour 10 909 femmes de quinze à quarante neuf ans soit 247 sage femme et 13 assistants sanitaires. Ces données statistiques montrent de manière éloquente la pénurie de personnel sanitaire. Par ailleurs, la question de qualité se pose avec acuité car, on note par exemple, un seul radiologue, un seul anesthésiste, et 16 pédiatres pour tout le Tchad. Une étude sur l'évaluation des besoins en soins obstétricaux d'urgence réalisée en 2002 dans les hôpitaux montre que seulement 42% de ces structures offrent la gamme complète de soins obstétricaux. Dans la plupart des districts sanitaires, on trouve une forte proportion d'agents secouristes qui, grâce à une formation et à la pratique, sont devenus de véritables aides soignant. Le Tchad dispose d'une seule faculté de Sciences de la Santé qui accueille un nombre très limité d'étudiants en médecine. Les écoles de formation des infirmiers diplômés d'Etat quant à elle, fonctionnent difficilement avec l'incursion du politique et de la corruption. La politique de formation des spécialistes en médecine reste un sujet assez délicat, car ce sont ceux qui ont vraiment de la chance qui peuvent parachever une spécialité. Cette question du personnel a, de manière inéluctable, des répercussions sur le droit à la santé des enfants. C'est pourquoi on constate des taux de mortalité infantile très élevés suivant qu'on se trouve dans en zone rurale ou urbaine : 208 pour mille en zone rurale contre 179 en ville. C- Au niveau de l'enseignement secondaireAu Ministère de l'Education, nonobstant les efforts fournis par le gouvernement et la coopération internationale, la question du personnel n'est guère plus reluisante. Il n'existe pas de données statistiques pouvant nous renseigner de manière précise sur la question. Toutefois, on note une forte proportion des enseignants communautaires qui s'élève à 56%91(*). Les enseignants communautaires n'ont pas reçu de formation adaptée pour l'enseignement. Ce sont des personnes du village qui ont arrêté leur scolarité et se chargent de l'encadrement des enfants dans les écoles communautaires, sans aucune formation pédagogique. Ce déficit de formation pose l'interrogation de la qualité des enseignants. En effet, le personnel enseignant formé n'a pas reçu des qualifications requises pour donner des enseignements spécifiques, à l'instar de l'enseignement pour aveugle, pour les sourds ou les enfants nomades. C'est ce manque de personnel qualifié qui aggrave la question de la discrimination que l'on observe vis à vis des enfants. Par ailleurs, notons que le personnel formé n'accède pas à la Fonction Publique du fait des questions de redressement de l'économie nationale. De plus, après la sortie des écoles normales des instituteurs, il n'existe pas de programmes de formation complémentaire pour réadapter de temps en temps les niveaux du corps enseignant. Les multiples séminaires qui s'organisent prennent peu en considération la question des formations. Par ailleurs, ce sont toujours les même personnes qui assistent aux séminaires, plus intéressés par les per diem que le contenu des formations. A ces questions du personnel, viennent ensuite s'ajouter les épineuses interrogations des ressources financières. * 91 Selon les sources du Ministère de l'Education Nationale fournies par UNESCO Institut de Statistiques, 2008. |
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