Pour mieux organiser la
sécurité et assurer une défense de l'enfance, les services
de police et de la gendarmerie devraient avoir des divisions spécifiques
à même de s'occuper des affaires opposant les adultes aux enfants
ou encore les enfants à la loi. Or on constate que les services de
sécurité ne possèdent pas, pour la plupart, ces
structures. Et celles qui existent ne sont fonctionnelles que dans la capitale
et quelques rares villes. Les délégations régionales de
police ou de la gendarmerie ne font pas très souvent la
différence entre les prévenus. L'inexistence des services de la
police et de la gendarmerie spécifique aux enfants sur toute
l'étendue du territoire compromet de manière grave les chances
pour ceux-ci de pouvoir mieux bénéficier des garanties
judiciaires.
B- Les centres spécialisés
Certains enfants méritent d'être admis dans des
centres spécialisés pour favoriser leur intégration.
Dans un premier temps, les centres spécialisés
devraient répondre aux besoins des enfants ayant rencontré des
problèmes dans leur milieu familial, des enfants vivant dans la rue, des
toxicomanes ou encore ceux victimes de violence de tout ordre.
Ensuite, vient la question des enfants privés de
libertés, en particulier ceux détenus. De part les engagements de
l'Etat, il devrait y avoir des centres spécialisés chargés
d'accueillir les enfants en conflit avec la loi pour leur permettre de mieux
s'insérer dans le système social. Or, il n'existe pas au Tchad,
en matière de maison pénitentiaire, de chambres
séparées des adultes. Les enfants sont détenus avec les
adultes dans les maisons d'arrêts. Le gouvernement évoque le
manque de moyens pour se soustraire de ces engagements. Le ministère de
la justice reste lui aussi parent pauvre en matière budgétaire.
Cette situation ne permet pas d'offrir les garanties d'une justice
équitable aux enfants car, le plus souvent, sans parents, ils sont
rarement défendus par un avocat. Le désintéressement du
barreau tchadien des affaires relatives aux enfants s'explique par le fait que
l'Etat ne s'acquitte généralement pas des honoraires des requis.
Il privilégie beaucoup plus les assises criminelles.
Enfin, on note une insuffisance des programmes de
réadaptation physique et psychologique et de réinsertion sociale
des jeunes délinquants. Et même s'ils existent, les structures
d'encadrements des enfants sont antidatées. C'est le cas du centre de
Koundoul qui date de 1962 et qui n'accueille que les enfants de la rue. Ce
centre ne répond plus aux exigences modernes car il n'accueille que des
garçons, favorisant ainsi la discrimination vis à vis des filles.
Il est urgent d'adapter les institutions en charge de la protection de
l'enfance aux réalités actuelles, et non de se
référer à des institutions devenues caduques.
L'inexistence des structures capables d'accueillir et d'encadrer les enfants en
conflit avec la loi fait qu'une fois incarcérés, ces enfants
peuvent subir de profonds traumatismes, comme des agressions sexuelles.
A leur sortie, ces hommes ont des difficultés à
se réinsérer car ils ont enduré des blessures non
soignées fautes de structures adaptées. Par ailleurs, vu les
difficultés (décès des parents, abandon du foyer conjugal,
famine, etc.) qui conduisent certains enfants à interrompre très
tôt leur scolarité, l'Etat devrait créer des centres de
formation professionnelle pour donner une chance à ces enfants de
s'insérer professionnellement.
Les enfants victimes de violences, de traumatismes, de
conflits, ont besoin de structures de prise en charge
psychothérapeutique. Aujourd'hui, eu égard à tous les
troubles qui ont secoué le Tchad et continuent de le secouer, de
nombreux enfants ont participé de façon directe aux combats (les
enfants soldats) ou en sont victimes (les enfants mutilés par des mines
anti-personnels ou d'autres armes). Ils sortent de ces combats avec des
séquelles qui en font des handicapés à vie.
L'Etat devrait pouvoir les intégrer en créant
des centres qui leur donnent la chance de se former, de
bénéficier de soins adéquats car ils nécessitent
des considérations particulières. Or, dans ce domaine, l'Etat
brille par son absence la plus totale. Ces enfants sont soustraits à la
vie et laissés à leur triste sort.
Au niveau de l'éducation, on note l'insuffisance des
centres pour la formation des enfants nés sourds muets, aveugles ou
porteurs de handicaps. Non seulement ces enfants voient leur droit à
l'éducation entravé de manière grave par l'insuffisance de
structures, mais de surcroît ils ne peuvent arpenter les couloirs des
services publics pour revendiquer leurs droits ou accéder simplement aux
prestations de service car les édifices publics sont construits sans
tenir compte des personnes handicapés, de manière
générale, et des enfants en particulier.
Ces considérations se retrouvent aussi dans les
services de l'administration judiciaire.
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