d) Quand L'État prouve sa bonne
foi
Comment se manifeste la
volonté de payer d'un État ?
C'est à cela que sert la notion assez intraduisible de
pays market friendly (« ami des marchés »),
qui décrit la priorité donnée par certains États
à leurs relations avec leurs créanciers internationaux. Cette
priorité se manifeste par un effort de communication et de
transparence : la qualité de l'appareil statistique, les notions de
« bonne communication » ou de « bonne
gouvernance » sont des indicateurs pertinents pour le risque
pays ?
La deuxième manifestation de l'amitié d'un
État pour ses créanciers se lit directement dans les politiques
économiques. Elles sont construites autour d'une priorité :
préserver l'accès aux marchés financiers
internationaux ; tant qu'un pays se refinance, il ne fait pas
défaut. Apparaissent donc des indicateurs market friendly dont
la nature et la pertinence tiennent d'abord à la façon dont ils
sont appréciés par les créanciers.
Ces indicateurs sont de nature très diverse, mais
globalement ils s'inspirent de la conditionnalité du FMI. Pourtant,
cette garantie a un pris : elle peut peser sur le policy mix au
détriment d'intérêts nationaux vitaux. L'Argentine pour qui
le refinancement était vital a ainsi « tenu » son
currency board (caisse d'émission) - système dans lequel
la création monétaire intérieure dépend strictement
des réserves de change. Le maintien de taux réels très
élevés s'est fait au détriment du redressement de son
investissement. Dans ce cas, un pays apprécié par les
marchés à court terme n'est pas forcément un
« bon » risque à long terme. Paradoxalement, c'est
la préférence donnée aux marchés qui nourrit la
crise et qui explique la surprise de ceux-ci quand elle se réalise.
Les indicateurs les plus pertinents ne sont donc pas ceux qui
permettent de juger des relations d'un pays avec ses créanciers, mais
plutôt ceux qui révèlent la contradiction entre des
objectifs de développement interne et de solvabilité
externe : quand cette contradiction devient trop nette, les
préférences d'un État peuvent alors changer brutalement...
et le profil de vulnérabilité du portefeuille d'un
créancier étranger aussi ! L'analyste pays doit situer ces
points de rupture entre équilibres interne et externe.
Les scénarii de
risque
Le Risque pays des années 1990-2000 s'intéresse
au passage d'un équilibre à un autre et il doit donc utiliser une
vision dynamique, qui s'appuie sur des scénarios de risque.
Ces scénarios de risque, ou macrostress tests, visent
à tester la résistance d'un portefeuille d'engagements bancaires
à un scénario macroéconomique ou financier donné.
Dans la pratiques, l'analyste définit généralement trois
types de scénarios qui représentent les risques minimums, moyens
et maximums : best, stress et worst case. Le
best case correspond à l'hypothèse la plus favorable pour le
projet étudié pas de crise, pas de changement d'hypothèse,
pas de cout supplémentaire pour la banque) ; le worst case, la
moins favorable (l'hypothèse de out maximal pour la banque) ; le
stress case (le cout probable pour la banque), un cas intermédiaire,
avec des hypothèses légèrement dégradées,
qui est en général pris comme base pour les décisions.
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