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Développement Financier et Croissance Economique au Togo

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par Ayira Blaise KOREM
Université de Ouagadougou/ UFR/SEG - DEA / PTCI Macroéconomie Internationale, Monnaie-Finance- Banque 2007
  

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2- Analyses théorique et empirique entre intermédiation financière et croissance économique

La croissance économique est l'un des objectifs que toute nation développée ou en développement inscrit dans sa politique nationale de développement. Les économies développées témoignent de l'importance du secteur financier dans la croissance. Le développement financier stimule la croissance économique par le biais de l'investissement qui une fois réalisé contribue à l'augmentation de la production nationale. Cette étude se propose avant d'analyser empiriquement le cas du Togo, de faire une revue de littérature sur cette thématique qui passionne.

2-1 Développement financier, facteur favorable à la croissance économique

Le lien entre développement financier et croissance économique a été reconnu dans la littérature économique depuis plus de trois décennies : Bagehot (1873), Schumpeter (1912), Goldsmith (1969) sont parmi les précurseurs de cette lignée. Rapidement la structure financière devint ainsi un des fondamentaux du développement économique sous l'impulsion d'auteurs comme Gurley et Shaw (1967), McKinnon (1973), et récemment King et Levine (1993).

Dans toutes ces études, les conclusions confirment qu'un système financier efficient active la croissance économique tout en l'orientant. Cependant la corrélation est largement admise, mais le sens de causalité reste contesté opposant, d'une part le développement financier exogène (conduit par l'offre de services financiers) et, d'autre part, le développement financier endogène (induit par la demande des services financiers). La notion de système financier inclut généralement les banques et les marchés financiers. Levine (1996) recense cinq arguments qui peuvent fonder théoriquement l'existence d'une liaison positive et forte entre développement financier et croissance :

- Le système financier faciliterait la protection contre le risque et le partage de celui-ci ; - Il permettrait une allocation optimale des ressources ;

- Il permettrait un meilleur contrôle des dirigeants et de l'entreprise par les actionnaires ; - Il faciliterait la mobilisation de l'épargne domestique ;

- Enfin, la présence d'un système financier suffisamment développé faciliterait l'échange de biens et services.

Goldsmith (1969) est l'un des pionniers dans l'étude des liens entre croissance et développement financier. Son étude portée sur un échantillon de 35 pays sur la période 1860- 1963 a abouti au fait qu'il existe une liaison entre le secteur financier et le secteur réel. Son étude cependant présente des limites : d'abord il ne tient pas compte des variables de contrôle pouvant influencer la croissance économique et ensuite il n'identifie pas le sens de causalité.

King et Levine (1993), en voulant remédier à ces faiblesses, ont porté leur analyse sur un échantillon de 80 pays développés sur une période allant de 1960 à 1989 en examinant l'ensemble des facteurs financiers susceptibles d'influencer la croissance à long terme.

Dans leur conclusion, ils notent une contribution positive et statistiquement significative des variables financières sur le secteur réel. A cet effet, ils ont considéré comme variables financières trois indicateurs qui sont : les engagements liquides du secteur financier rapportés au PIB et représentés par le ratio (M2/PIB) ; les dépôts auprès des banques commerciales rapportés à ces même dépôts majorés des dépôts des banques commerciales auprès de la banque centrale et enfin le montant des crédits accordés aux entreprises privées toujours rapportés au PIB.

Levine et Zervos (1998) ont essayé dans leur étude d'évaluer l'incidence de la bourse et le développement du secteur bancaire sur la croissance économique. Ils ont utilisé à cet effet un échantillon de 49 pays sur la période 1976-1993 et ont considéré comme variables financières : le ratio de rotation des actifs, le ratio de capitalisation boursière, la volatilité du marché et les indicateurs du développement bancaire. Ils considèrent comme variables endogènes: le taux de croissance du PIB réel, du capital, de la productivité et de l'épargne comme l'ont considéré King et Levine (1993). Leur résultat met en lumière l'impact des variables financières sur la croissance économique. Selon la conclusion de ces deux auteurs, il existe deux mécanismes à travers lesquels l'impact du développement financier se

manifeste: Le premier concerne l'augmentation de l'efficacité du capital, grâce à la meilleure allocation des ressources ; le second concerne la mobilisation de l'épargne qui accroît le volume d'investissement. Ils concluent enfin dans leur étude que les économies ayant un niveau élevé de développement financier présentaient des taux de croissance assez importants.

Anne Joseph, Marc Raffinot et Baptiste Venet (1998) dans une étude intitulée «l'approfondissement financier et croissance : analyses empiriques en Afrique subsaharienne », pour la période 1970-1995 ont conclu que l'approfondissement financier joue un rôle dans la croissance réelle d'une grande majorité des pays de l'U.E.M.O.A, ainsi que dans le cas du Cameroun entre 1963 et 1995. Ils ont utilisé dans leur étude d'une part la croissance économique mesurée par le PIB réel par tête comme régresseur et d'autre part les variables financières telles que : le ratio M2/PIB étant donné le faible nombre d'institutions financières non bancaires dans les pays d'Afrique sub-saharienne ; le ratio quasi-monnaie/M2, variable destinée à rendre compte des progrès de l'intermédiation financière dans la mesure où c'est au travers de la croissance des dépôts à terme et d'épargne que les intermédiaires financiers sont supposés pouvoir pleinement jouer leur rôle de promoteur de l'accumulation de l'épargne domestique et d'orientation des ressources vers l'allocation optimale des ressources ; l'encours nominal de crédits au secteur privé et l'encours réel de crédit par habitant. Ils concluent à partir de leur résultat qu'il existe dans six cas sur sept (non compris la Guinée Bissau dû à son intégration récente à l'union), un lien de causalité au sens de Granger entre approfondissement financier (mesuré par M2/PIB) et croissance de la sphère réelle. Seul le Niger n'exhibait aucun lien de causalité significatif (ce résultat n'implique pas forcément l'absence de lien économique entre les deux secteurs dans ce pays). Pour ce qui concerne le Togo dans cette étude, les deux auteurs ont conclu qu'il existait un lien unidirectionnel allant du secteur réel au financier.

Ouédraogo Idrissa (1985) conclut à partir de ses résultats que de façon générale, l'hypothèse de complémentarité de McKinnon qui stipule que « la détention d'encaisses monétaires est un préalable à l'investissement et donc qu'il existe une complémentarité entre la demande d'encaisses monétaires réelle et l'investissement » n'est pas vérifiée dans son analyse au sein de l'UMOA. L'auteur affirme également que ses résultats sont contradictoires et le justifie par la non prise en compte des réalités spécifiques particulières à chaque pays en développement qui composent son échantillon. Il préconise qu'il faut abandonner les modèles de développement propices aux pays à économie développée, c'est-à-dire de rompre avec le « capitalo-centrisme ».

Condé Laciné (1999) dans une étude sur l'intermédiation financière et croissance économique dans l'UEMOA conclut qu'il existe une liaison causale significative entre les sphères réelles et financières des pays de son échantillon. L'auteur affirme qu'en Côte

d'Ivoire et au Sénégal, le sens de causalité va des finances au réel mais par contre au Togo, on observe une liaison dans le sens inverse.

Boujelbène Younes et Chtioui Slim (2006) ont réalisé une étude sur la libéralisation et l'impact du développement financier sur la croissance économique en Tunisie. S'inspirant des travaux de Levine et Renelt (1992), King et Levine (1993), et Levine (1997), les deux auteurs ont confirmé l'étroite liaison positive entre les variables financières et réelles. Leurs résultats vérifient la relation positive et statistiquement significative entre les indicateurs de développement financier utilisés. Ils déduisent à cet effet que le système financier peut donc contribuer à la performance de l'économie en Tunisie à partir des équations à correction d'erreurs analysées.

Mally Komla (1998) dans une étude sur l'épargne, l'investissement et croissance économique au Togo, révèle qu'à long terme la ressource extérieure a un impact positif et significatif sur l'investissement alors que la ressource domestique a une influence positive mais non significative sur l'investissement ; de plus son étude a révélé l'existence d'une relation négativement significative entre la production réelle et l'investissement public, alors que l'investissement privé influence négativement et presque significativement la production réelle à long terme.

Parmi les modèles de croissance permettant de formuler les interactions entre développement financier et la croissance, on trouve celui exogène de Solow (1956) et le modèle de croissance endogène de Pagano (1993).

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard