Université de Ouagadougou
Unité de Formation et de Recherche en
Sciences Economiques et de Gestion (UFR/SEG)
Approfondissement financier et croissance économique au
Togo
Proposé par KOREM Ayira
Etudiant DEA/PTCI
Sous la direction du Professeur Souleymane SOULAMA
Chevalier de l,Ordre des Palmes
Académiques
RE SUME
Cet article a pour objectif d'évaluer l'impact de
l'approfondissement financier sur la mesure de la croissance économique
togolaise à court et long terme de 1965 à 2002.
Les modèles de croissance endogènes
précisent que l'approfondissement financier a un effet positif sur la
croissance du secteur réel. Certaines analyses militent en faveur du
sens bidirectionnel entre les deux secteurs d'une économie.
C'est pour donc vérifier la pertinence de ces
affirmations dans le cas du Togo que ce document est
rédigé.
L'analyse économétrique a permis de tester
la positivité de la relation entre le développement financier et
la croissance du secteur réel et l'existence d'une relation
bidirectionnelle entre les deux secteurs de l'économie
togolaise.
Partant des résultats économétriques,
la présente analyse montre notamment qu'au Togo, l'approfondissement
financier a un impact positif sur la croissance mais le sens de
causalité entre les différentes variables financières et
la mesure de la croissance économique reste mitigé.
Mots clés : Développement
financier, approfondissement financier, microfinance, croissance
économique.
1- Introduction
Au cours des quinze dernières années,
l'étude de la croissance économique est devenue l'un des champs
de recherche les plus actifs de la théorie macroéconomique. Les
théories modernes de la croissance mettent l'accent sur des
éléments d'explication différents quoique non exclusifs
(Katheline, 2000).
Selon la définition classique de François
Perroux, la croissance économique est : « l'augmentation soutenue
pendant une période longue d'un indicateur de production en volume
». En pratique, l'indicateur utilisé pour la mesurer est le produit
intérieur brut (PIB), et le taux de croissance est le taux de variation
du PIB.
Le niveau de croissance que les économies
développées et certaines économies en développement
connaissent est dû en partie à une profonde mutation de leurs
structures monétaires et financières. Etant donné que le
secteur financier en est un des fondamentaux, il serait alors nécessaire
sinon important de souligner la contribution de ce secteur dans
l'économie.
La théorie économique a toujours
été partagée entre deux courants de pensée sur
l'importance du système financier dans la croissance économique.
D'une part, il y a ceux qui, dans la lignée de Bagehot (1873) et Hicks
(1969), parlent de son rôle actif dans le démarrage de
l'industrialisation. D'autre part, il y a ceux qui ne croient pas à
l'importance de la relation entre finance et croissance économique.
Robinson (1952) et Lucas (1988) sont les principaux économistes de cette
tendance.
Le développement financier augmente la croissance
économique de multiples façons. La finance mobilise et rassemble
l'épargne, produit de l'information sur les investissements possibles de
sorte que les sources peuvent être canalisées vers leurs emplois
les plus productifs, surveille l'emploi des fonds, favorise le négoce,
la diversification et la gestion du risque, et facilite l'échange de
biens et services (Levine, 1997 et 2004).
Au Togo, comme dans la plupart des pays d'Afrique
Subsaharienne, le PIB a connu une faible augmentation. Le taux de croissance
annuel moyen du PIB de 2000 à 2005 se situe autour de
1,6% selon les indicateurs de la banque mondiale (2006). Il
faut donc rehausser le niveau de croissance économique de ces pays en
général et en particulier du Togo afin de converger vers une
dynamique de croissance soutenue.
Les crises bancaires des années 80 qui se sont
soldées par des faillites bancaires dans les pays en
développement et surtout en Afrique au sud du Sahara, ont contraint les
pays de l'UEMOA dont fait partie le Togo à s'engager dans le processus
de la libéralisation financière, réforme
préconisée par les tenants de libéralisation comme
solution. Cette libéralisation devait permettre une relance de
l'activité bancaire et financière et de facto propulser la
croissance du secteur réel. Mais selon Igué (2006) cette
libéralisation financière au sein de l'UEMOA ne s'est pas
soldée par une véritable concurrence sur les marchés
bancaires car le système bancaire est caractérisé par une
forte concentration et les marges d'intermédiation bancaires demeurent
élevées. L'auteur constate enfin que le monopole autrefois
détenu par l'Etat existe encore mais cette fois-ci détenu par le
privé et que cette situation est l'une des causes de la
surliquidité des banques de cette zone monétaire qui peut
influencer négativement l'efficacité bancaire.
L'objectif de cette étude est d'évaluer l'impact
du développement financier sur la croissance de l'économie
togolaise à court et long terme sur la période 1965-2002.
La plupart des analyses empiriques menées sur ce
thème concerne à la fois plusieurs pays et rarement le sens de
causalité est clairement mis en évidence. Ces études
empiriques n'ont pas intégré pour la plupart du temps la
microfinance comme variable financière, ni de variable spécifique
du secteur informel compte tenu du dualisme de ce secteur en Afrique
subsaharienne d'où l'intérêt de cette étude.
On essayera de dégager une relation de long terme entre
les indicateurs de développement financier et la croissance du secteur
réel sur la période 1965-2002.
Les données de cette étude proviennent
essentiellement du Ministère de l'Economie et des Finances togolais et
de la base de données de la Banque Mondiale (2004).
La suite de l'étude sera structurée en trois
parties. Dans une première section sera présenté les
analyses théorique et empirique sur l'intermédiation
financière et la croissance économique. La deuxième
section concernera la description du système financier au Togo et enfin
la dernière section sera réservée à la validation
empirique dans le cas du Togo de la relation finance et croissance.
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