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Rendement Interne du College Charles Lwanga de Sarh (Tchad): Cas de la cohorte 1987-1994

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par Mekone Tolrom
Universite de Toulouse 1, Sciences Sociales - Diplome d'Universite: Ingenierie de la Formation et des Systemes d'Emploi 2007
  

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CHAPITRE 4 Discussion

Après avoir démontré que le rendement scolaire du Collège Charles Lwanga de Sarh est fondé en partie sur la disponibilité des ressources économiques et en partie sur la vision systémique de la pédagogie ignatienne, nous allons replacer les théories sociologiques qui nous intéressent dans le contexte de l'Afrique noire avant de nous livrer à une discussion approfondie sur les enjeux du rendement scolaire.

Section 1 Contextualisation des théories

Paragraphe 1 Ecole et propriété de la culture savante

Bourdieu considérait l'assimilation de la « culture savante» par les élèves issus des milieux populaires comme « acculturation ». Il le fait ainsi car, pour lui, cette culture appartient à la bourgeoisie et qu'elle est corrélativement étrangère aux milieux bourgeois. Qu'en est-il des étudiants africains?

Dans L'aventure ambiguë, le roman de Cheik Hamidou Khane26, qui est une oeuvre de fiction mais reflétant des points de vue très pertinents sur la rencontre entre la culture occidentale et la culture africaine, un des personnages, Le Chevalier, posait en ces termes la raison de l'école : « Une plaie qu'on néglige ne guérit pas, mais s'infecte jusqu'à la gangrène. Un enfant qu'on n'éduque pas régresse. Une société qu'on ne gouverne pas se détruit. L'Occident érige la science contre ce chaos envahissant, il l'érige comme une barricade» (p91). Le Chevalier a bien précisé « L'Occident érige...» et attribue, par la-même, la propriété de l'école, de cette « culture savante », à l'Occident. Pour confirmer l'acculturation, un autre personnage, La Grande Royale, dit: « L'école où je pousse nos enfants tuera en eux ce qu'aujourd'hui nous aimons et conservons avec soin à juste titre. Peut-être notre souvenir lui-même mourra en eux. Quand ils nous reviendront de l'école, il en est qui ne nous reconnaitrons pas». (p57). Ce que les Diallobés « aiment et conservent avec soin» dans leurs enfants, c'est l'identité Diallobé. Ceci implique deux choses: d'une part

26 Cheikh Hamidou KANE, L'Aventure ambigüe, domaine étranger 10/18, Julliard 1961

que l'identité Diallobé n'est pas innée mais elle est acquise par un processus de socialisation similaire à celui de l'école, d'autre part que l'école occidentale, usant du même processus et avec plus de force, réduira fortement voire supprimera la place de la première identité.

De cette analyse se dégage une inquiétude fondamentale. Etant donné que les élèves africains, étrangers à la culture de l'école, peuvent l'assimiler, sous violence symbolique ou sous toute autre pression, au point d'en faire leurs les valeurs qui en sont issues, la « culture savante» de Bourdieu appartient-elle réellement à une classe? N'est-il pas une question d'opportunités historiques favorisant plus vite l'accès des uns à la culture savante et reléguant les autres dans la cour populaire, lieu de prédilection du « symbolisme expressif» du sociolinguiste Bernstein?

Paragraphe 2 Inégalité des élèves africains devant l'école

Tous les étudiants africains ne disposent pas des mêmes atouts pour affronter la culture savante. Même au premier jour de l'école en Afrique, l'environnement dans lequel chaque enfant a vécu lui permet de briller dans telle ou telle discipline et occuper une place particulière dans le classement généré par la diversité des aptitudes, à plus forte raison après un demi-siècle de cheminement avec la culture savante. Ils l'ont assimilé au point d'effacer la frontière entre les connaissances acquises par le fils du bourgeois et eux. Mais assimiler n'est pas synonyme d'en profiter à la même hauteur que les autres qui, même sans assimilation (au sens de maitrise), s'en sortent mieux profitant des réseaux de relations tissées au fil du temps. On voit aussi ici se dessiner en filigrane le poids des ressources économiques. A cet effet, La Bible dit avec justesse : « A qui en a, on donnera encore...». C'est l'expression du capitalisme bancaire qui n'octroie du crédit qu'aux riches car disposant de solides garanties.

Le savoir n'est pas alors la propriété d'une classe.; il est à équidistance de toutes les classes, et comme nous l'avons dit, ce sont les opportunités historiques qui en gèrent les enjeux. Le savoir d'hier n'est pas resté stagnant. Ceux qui sont issus des classes populaires y ont fait des contributions notables. Puisqu'il n'est pas immuable et d'accès libre, pourrait-il être la propriété juridique d'une entité?

Aussi, la distinction classe bourgeoise et classe populaire puisque non fondée sur l'appartenance du savoir à un camp mais sur des considérations économiques peut aussi s'appliquer aux élèves africains.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon