I-3- La création d'une entreprise et
l'innovation
Plusieurs auteurs et théoriciens ont fréquemment
considérés l'innovation comme étant une
caractéristique distinctive de l'entrepreneur.
Joseph A. Schumpeter (1961), un économiste, a
distingué et a accentué le rôle innovateur de
l'entrepreneur «C'est un agent qui réalise "les nouvelles
combinaisons des moyens de production" »62 qui sont des
nouvelles opportunités d'investissement, la production de nouveaux
biens, l'introduction d'une nouvelle méthode de production. .
La présentation d'une innovation par l'innovateur
culturel (l'entrepreneur) est considérée par Schumpeter comme le
processus clé dans la force économique de changement.
Il a défini l'innovation comme l'établissement
d'une nouvelle fonction de la production. Cette définition a inclue cinq
cas spécifiques qui mènent à une nouvelle fonction de
production qui inclut:
(1) la présentation d'un nouveau produit,
(2) la présentation d'une nouvelle méthode de
production,
(3) l'ouverture d'un nouveau marché,
(4) la conquête d'une nouvelle source d'approvisionnement
de nouvelles matières,
(5) la mise en oeuvre d'une nouvelle organisation de toute une
industrie (Schumpeter, 1939)63.
61 Fayolle A. (2003) ; op. cit. p. 18
62Shumpeter J.A (1935) :« la théorie de
l'évolution économique » Paris, Dalloz. 63 Idem ;
p. 124
Au niveau de cette approche, l'innovation est
considérée comme beaucoup plus qu'une invention. L'invention
devient une innovation seulement quand elle est pour un usage productif,
c'est-à-dire, une invention devient seulement une innovation quand
l'invention est appliquée à un processus industriel et
génère une valeur ajoutée à la fonction de
production suite cette application. Également, tous les directeurs ou
propriétaires d'entreprises ne sont pas tous des entrepreneurs, pas
parce qu'on peut diriger une affaire sans essayer de créer des nouvelles
façons de «faire» des affaires. C'est le fait d'essayer de
nouvelles idées et nouvelles méthodes de production qui
sépare un groupe de pionniers connus comme entrepreneurs et cet effort
est connu sous le nom d'innovation.
Drucker (1985)64 a suivi Schumpeter en distinguant
entre l'administration et l'entrepreneuriat et en définissant
l'innovation comme un moyen par lequel les entrepreneurs peuvent exploiter le
changement pour créer un nouveau service ou une opportunité
d'affaires.
Il a considéré l'innovation comme étant
la "marque " spécialement possédé par les entrepreneurs.
La bonne volonté à innover « innovativeness» est
l'attribut le plus proéminent qui constitue l'essence même
d'être un entrepreneur.
Donc l'innovation, la créativité et la
découverte constituent les sujets de coeurs vitaux évoqués
par les auteurs adeptes de l'innovation comme un attribut de l'entrepreneur.
Ces deux auteurs (Schumpeter ,1961 et Drucker, 1985) consentent
que l'innovation constitue le coeur et la base de toute recherche ou paradigme
en entrepreneuriat.
Selon ces deux auteurs dans ce monde de "destruction
créatrice", l'innovation devient, le moteur de développement qui
implique des créations d'entreprises.
Cette analyse Schumpetérienne mettait aussi
forcément l'accent sur "la bonne idée" de l'innovateur, sur son
comportement de battant, sur la possibilité de fonder une nouvelle
entreprise à partir d'une innovation. En effet, quand une innovation
technique ou organisationnelle établit un état de
déséquilibre entre un entrepreneur et un marché, la
tension
64
Drucker P.F (1985) : « lnnovation and Entrepreneurship :
Practice and Principles », edition Heinemann, London
adaptative résultante conduit vers l'émergence des
nouvelles firmes (Lichtenstein et al ,2006)65.
Compte tenu de l'important gisement d'emplois
généré par l'innovation, l'Etat Français par
exemple encourage l'entrepreneuriat innovateur : soutien au
développement du capital risque, la loi de l'innovation du juillet 1999
dite " loi Allègre", réforme le statut des chercheur de
l'enseignement public afin d'inciter et d'aider les individus à sauter
le pas de la création d'entreprises innovantes.
Cependant, Casson (2005)66 a critiqué
l'alignement de l'innovation technologique avec l'entrepreneuriat et il a
considéré que c'est une erreur, d'identifier l'entrepreneuriat
exclusivement comme étant de l'innovation et l'innovation comme
étant de la technologie67.
En effet, peu d'entrepreneurs arrivent à s'engager dans
une radicale innovation de type Schumpetérienne pure car elle est bien
connue d'un type d'accroissement important d'activité.
Dans le cadre où une technologie est chère ou
peu fiable, la décision d'entrepreneur peut être de ne pas
innover, mais attendre jusqu'à que cette technologie soit
améliorée et a sa portée.
En outre, toutes les innovations ne sont pas technologiques:
Schumpeter a identifié cinq types d'innovation, et non pas plus que deux
sont technologiques.
À cet égard, la théorie d'entrepreneuriat
est plus de `vrai à Schumpeter ' que le moderne paradigme
Schumpetérien technologiquement orienté qui se concentre
étroitement sur les innovations de type technologiques.
En plus Bruyat (1993)68 propose une critique du
concept Schumpetérien de l'innovation de fait qu'il élimine les
dirigeants, propriétaires ou non, qui administrent une
65Lichtenstein B. B., Carter N. M., Dooley K. J. , W.
B Gartner (2006): « Complexity dynamics of nascent
entrepreneurship»Journal of Business Venturing, Juin 2006, p.4
66
Casson M. (2005): « Entrepreneurship and the theory of the
firm »Journal of Economic Behavior & Organization, Vol. 58, (2005), p.
327-334.
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Décrire l'activité de plombier, par exemple, comme
une activité entrepreneuriale suggérerait faussement
qu'elle est caractérisée par des hauts niveaux
d'innovation du produit et du progrès technologique qui ce n'est pas le
cas réellement.
68 Bruyat C. (1993); op.cit. p.46,
organisation stable ou qui possèdent une part de capital
et les créateurs d'entreprise qui procèdent par imitation...
Ce qui nous renvoie au concept de l'intrapreneuriat ou
corporate entrepreneurship, en effet, Sharma et Chrisman
(1999)69 ont distingué entre l'entrepreneuriat
indépendant (independent entrepreneurship), pouvant être
assimilé à la création d'entreprise de l'intrapreneuriat
(corporate entrepreneurship). Ce dernier concerne au sein d'une
organisation existante, le développement de capacités
entrepreneuriales telles que la prise de risque et surtout le goût pour
l'innovation.
Mais l'innovation dans certaines études est
considérée comme une créatrice de richesse ou de valeur
qui est susceptible de générer ou de créer des nouvelles
organisations.
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