II) Acquis et limites des SFD
1) Acquis
L'apport majeur de ces vingt ans de développement en
Afrique de l'Ouest est la création d'un tissu d'institution de
microfinance (IMF). En fin 2004, on recensait dans les huit pays de l'UEMOA :
Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, guinée Bissau, Mali,
Niger, Sénégal et Togo 303 institutions offrant 2.778 points
d'accès et bénéficiant à 4,3 millions de personnes.
Ces institutions mobilisent 116,8 milliards FCFA d'épargne et avaient un
encours de 103,4 FCFA de crédit. Même si les institutions
mutualistes sont largement dominantes, l'effort d'innovation a permis
d'élaborer différents « modèles » de services
financiers adaptés à une grande variété de contexte
et de population.
La structure sectorielle est un acquis important de cette
période. Au Sénégal la microfinance a été
reconnue par un cadre légal spécifique, la loi PARMEC
élaborée par l'UEMOA et appliquée par la BCEAO. Des
associations professionnelles d'IMF se structurent progressivement dans toutes
les régions,
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des politiques sous sectorielles sont définies et des
programmes nationaux d'appui au développement de la microfinance
commence à être mis en oeuvre. Par ailleurs, la microfinance
réussit à financer des activités rurales telles que le
commerce et la transformation agroalimentaire qui génèrent des
revenus réguliers et des taux de rentabilité
élevés, et qui présentent un risque limité. Mais
elle répond avec plus de difficultés et de prudence aux besoins
de financement de l'agriculture. Or, même si les ménages ruraux
ont souvent plusieurs activités économiques, l'activité
agricole reste la base de l'économie rurale au Sénégal.
Il est difficile de quantifier la contribution de la
microfinance au financement de l'agriculture : l'information chiffrée
disponible est de faible qualité, les systèmes d'information des
institutions et de leurs tutelles sont encore défaillants, les concepts
utilisés pour collecter l'information ne sont pas stabilisés et
la fongibilité du crédit, une difficulté
méthodologique majeure, rend l'évaluation de l'utilisation du
crédit hasardeuse.
2) Limites
Malgré l'importance et l'adaptabilité au monde
rural ce secteur reste encore marginal et ne finance que très peu les
activités agricoles. On estime à 3% le volume de crédit
distribué par les SFD dans les pays de l'UEMOA. Ce sont toujours les
banques commerciales qui continuent à fournir le gros du
crédit.
Un certain nombre de problèmes limitent les
possibilités d'extension des activités des SFD.
La part des SFD dans le système financier national
reste encore relativement faible en termes de flux financiers
gérés. Toutefois, ces deux types d'institutions ne ciblant pas
les mêmes segments de clientèle, la comparaison ne peut aller au-
delà des flux financiers. En effet, en termes d'impact et d'accès
à des services financiers adaptés pour des populations non
bancarisées, les SFD font preuve d'une bonne performance.
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Le partenariat entre les SFD et les banques est encore
embryonnaire du fait de la méconnaissance du mode de fonctionnement des
SFD, de l'insuffisance de l'information financière et de la faiblesse
des garanties. Les relations entre ces deux types d'acteurs financiers se
limitent dans la majorité des pays à des opérations de
placements des SFD auprès des banques.
Les systèmes de crédit fondés sur la
collecte de l'épargne ont souvent tendance à s'adresser à
un publique qui peut d'abord atteindre un certain niveau d'épargne avant
toute opération d'emprunt.
De ce fait les plus pauvres sont exclut même s'ils sont
porteurs de projets pertinents. Il est vrai que les systèmes
basés sur le principe de caution solidaire permet de contourner cette
difficulté, mais jusque là ils ne permettent pas d'octroyé
des volumes de prêts importants.
Les produits financiers offerts par les SFD dans les pays
sahéliens se limitent dans la plupart des cas au crédit de court
et moyen terme. Il n'y a pas d'autres produits surtout ceux qui peuvent
financer à long terme le secteur agricole.
Lorsque certains SFD atteignent une certaine taille des
problèmes peuvent surgir à cause du fait que le capital social
qui était le ciment de la viabilité du système ne suffit
plus pour garantir son développement.
La gestion peut ne plus être transparente et conduire
à une crise ou à une faillite éventuelle.
Cette situation fait que les SFD qui arrivent à niveau
de croissance appréciable font face à des risques importants du
type aléa moral ou sélection adverse. Ils ont tendance alors
à se comporter avec la même lourdeur que les banques classiques.
Les conditions d'octroient de crédit peuvent devenir difficiles. On
assiste alors à une sur liquidité de certains SFD qui les
contraints de faire des
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dépôts importants dans les banques commerciales au
lieu du financer le secteur agricole.
A cause de l'analphabétisme de la plupart des clients
des SFD dans le milieu rural, beaucoup ne savent pas formuler ou concevoir des
projets de développement. Ils sont en outre très averses au
risque qui est inhérent à tout projet.
Ils ne peuvent donc pas participer efficacement à la
gestion et au contrôle que nécessite l'action collective au sein
de SFD.
Malgré ces différentes difficultés les
SFD ont fait leur preuve et constituent une alternative crédible pour le
financement du secteur agricole. Il faut donc trouver des moyens pour renforcer
leurs actions.
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