2) Situation du secteur de la Microfinance
Bien que difficile à mesurer avec précision, la
population « pauvre » du Sénégal est estimée
à 9,7 millions ou environ 1 616 667 ménages qui constituent un
marché potentiel pour les services de micro financement. Les chiffres
officiels indiqués par la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de
l'ouest (BCEAO) indiquent une croissance du taux de pénétration
du marché qui est passé de
18.2% en 1999 à 25.5% en 2001. Ces chiffres sont
corroborés par ceux
communiqués par l'Agence sénégalaise de la
Banque centrale qui indique que le Sénégal a l'un des secteurs
les plus vastes de la micro finance dans l'Union économique et
monétaire de l'Afrique de l'ouest (UEMOA). Sur la base de ces
statistiques sur le taux de pénétration du marché, on peut
indiquer que l'accès aux services financiers n'affecte pas seulement les
pauvres, mais aussi le pays tout entier.
Un autre trait de la demande locale pour les services
financiers est que la plupart des Sénégalais vivent dans de
petites communautés rurales, ce qui limite la capacité des
institutions micro finance (IMF) et autres organisations à fournir des
services financiers de manière efficiente.
Selon les estimations, le marché de la micro finance au
Sénégal est compris entre 446 000 et 700 000 clients avec un
montant total d'épargne de $56,2 millions et un encours de crédit
de $56,8 millions. Cette variation dans le nombre de clients s'explique par la
manière dont les groupements d'épargne et de crédit sont
comptabilisés, soit comme une unité ou soit par nombre de membres
individuels. Par conséquent, le taux de pénétration varie
entre 26% (si les GEC sont comptés comme une unité) et 42% (si
les membres sont comptés individuellement).
Ainsi, le taux de pénétration du marché
au Sénégal est bien significatif lorsqu'on le compare à
celui des autres pays de la région UEMOA. Les principaux acteurs du
marché de la micro finance au Sénégal sont les grands
réseaux mutualistes qui interviennent étroitement sur le
marché et disposent des plus grandes opérations de prêts
parmi les institutions de micro finance opérant au
Sénégal. Le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS)
constitue le réseau le plus important avec 40% de la clientèle et
54% des dépôts. Il est suivi de l'Union des mutuelles du
partenariat pour la mobilisation de l'épargne et du crédit
(PAMECAS), qui
Mémoire de Maîtrise FASEG/UCAD
regroupe environ 27% des micros entrepreneurs locaux. Femmes
Développement Entreprise en Afrique (FDEA) représente le
troisième réseau en termes de nombres de clients. Suivent
l'Alliance de crédit et d'épargne pour la production (ACEP),
l'Union des mutuelles d'épargne et de crédit - Sédhiou
(UMEC) et l'Union des mutuelles d'épargne et de crédit d'UNACOIS
(UMECU), qui comptent toutes plus de 10,000 membres chacune.
La plupart des grands réseaux offrent à leur
clientèle, des services d'épargne et de crédit.
Tous offrent des produits de dépôts à
terme et de dépôts à vue. Du coté du crédit,
tous les réseaux proposent essentiellement des produits à court
terme et de plus en plus des crédits de montant plus
élevé, Les plus grands ayant une bonne structuration commencent
à intégrer les innovations technologiques telles l'utilisation
des guichets automatiques de billets (GAB), même si les initiatives sont
bien récentes.
Le tableau suivant présente quelques statistiques
relatives aux grands réseaux au Sénégal.
Elles sont compilées à partir des statistiques
fournies par la BCEAO et l'AT/CPEC. Il présente le tableau de
performances des institutions qui dominent le marché.
|
Nombre de clients
|
%
|
Encours d'épargne
|
%
|
Encours de
crédit
|
%
|
CMS
|
176.763
|
40%
|
30.114.112
|
54%
|
16. 115.849
|
28
|
ACEP
|
21.653
|
5%
|
2.569.957
|
5%
|
17.216.588
|
30%
|
UMPAMECAS
|
119.483
|
27%
|
11. 310.532
|
20%
|
9. 001.271
|
16%
|
UMECU
|
37.815
|
8%
|
6. 393.704
|
11%
|
4.318.982
|
8%
|
FDEA
|
63.323
|
14%
|
1, 304.627
|
2%
|
1.604.549
|
3%
|
UMEC
|
13.156
|
3%
|
474.771
|
1%
|
555.846
|
1%
|
S/total
|
432.193
|
97%
|
52. 167.703
|
93%
|
48.813.086
|
86%
|
Total secteur
|
446.023
|
100%
|
56.201.538
|
100%
|
56.787.692
|
100%
|
Mémoire de Maîtrise FASEG/UCAD
Comme dans d'autres pays de la sous région, les
institutions mutualistes sont prédominantes. Même si leur
début remonte à bien des années au Sénégal,
les institutions mutualistes n'ont réalisé leur véritable
percée que récemment grâce au développement de
nouvelles technologies en matière de prêts. Le nombre de clients
servis a augmenté en moyenne de 21% par an durant la période de
mise de 1999 à 2004. Ce changement dramatique indique qu'il existe une
forte demande pour les services de micro crédit au Sénégal
et que les clients sont désireux et capables de payer des prix
relativement élevés pour accéder à ces
financements.
La plupart des institutions de micro finance appliquent des
taux d'intérêts qui sont au-delà du taux du marché;
selon les calculs, les taux effectifs appliqués localement sont compris
entre 45 et 60% par an, pour le financement du fonds de roulement La
majorité des IMF appuyées devront voir leur taux
s'accroître pour ces types de crédit à court et moyen
terme.
Compte tenu du niveau actuel du taux de
pénétration, il existe d'énormes potentialités pour
une croissance et une consolidation du secteur de la micro finance.
La Loi PARMEC a mis en place un système flexible de
réglementation qui a engendré une participation massive des
groupements d'épargne et de crédit dans le marché de la
microfinance. La loi PARMEC privilégie les institutions mutualistes ou
les coopératives. Les institutions non mutualistes ou de crédit
direct peuvent offrir des services d'intermédiation financière,
mais sous le régime de convention cadre de 5 années au terme
desquelles elles doivent choisir entre devenir une institution mutualiste ou
une institution financière.
Aujourd'hui, l'état de santé
général des Systèmes financiers
décentralisés (SFD) au Sénégal présente
un tableau plutôt reluisant avec un taux d'impayé de
3%. Pendant ce temps, le montant des dépôts dans le
système se monte à plus de 56.2
Mémoire de Maîtrise FASEG/UCAD
millions de dollars US et continue de croître
d'année en année à un taux compris entre 2 et 4%. Bien que
les Systèmes financiers décentralisés opérant dans
le pays semblent être en bonne santé, il existe encore
d'énormes potentialités pour à la fois des consolidations
dans le secteur et aussi une meilleure rentabilité dans la fourniture de
services financiers au marché des micro, petite et moyenne
entreprises.
· · Les institutions de microfinance et
l'évolution
de leur clientèle de 2000 à
2003
Les différentes IMF au Sénégal servent
une clientèle très variée. Au niveau communautaire, on
observe un spectre de GEC et MEC qui sert une clientèle de base ayant
une expérience limitée en affaires. Ces micros entrepreneurs sont
prédominants dans les milieux ruraux présentant une
densité faible. Au milieu,
Mémoire de Maîtrise FASEG/UCAD
on retrouve des réseaux en construction ou en
consolidation qui ont tendance à servir les micros entreprises plus
structurées ayant une plus grande expérience en affaires. De
l'autre coté, on retrouve un groupe de réseaux agrées
ayant une clientèle plus diversifiée de micro, petites et moyenne
entreprises qui se focalisent essentiellement sur le commerce, les services et
la production.
A travers leur appui sans cesse croissant, les institutions de
microfinance au Sénégal contribuent au développement des
entreprises à partir des communautés de base en favorisant la
croissance des revenus et la création de nouvelles opportunités
d'emplois.
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