De la contribution des sites de coopératives
maraîchères au développement de la filière
maraîchère
La contribution au développement de la filière
maraîchère peut être observée à trois niveaux
: social, économique et agro-environnemental, comme le montre le
graphique ci-dessous :
Figure 2. Triple composante des sites de coopératives
maraîchères qui contribuent au développement de la
filière à Kinshasa.
Contrôle des ressources
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Contribution au développement de la
filière maraîchère
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Social
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Économique
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Agro-environnemental
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Sites maraîchers et composante
sociale
La composante sociale met en exergue la création d'emploi
et l'alternative à l'insécurité alimentaire.
Source d'emploi
Le tout premier facteur de lutte contre la pauvreté
consiste à faire travailler les personnes. Les sites coopératifs
occupent des exploitants maraîchers coopérateurs et des ouvriers
agricoles (tableau 1).
Tableau 1. Effectifs moyens des exploitants maraîchers
des sites coopératifs
Nombre de sites
de coopératives maraîchères
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Effectifs moyens des exploi- tants maraîchers
coopérateurs par site
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Nombre moyen d'ouvriers agricoles par
exploitant maraîcher coopérateur
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Femmes
|
Hommes
|
Total
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Moyenne par exploitant
|
Total ouvrier
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35
|
115
|
74
|
189
|
3
|
567
|
Il ressort de nos enquêtes qu'une moyenne de 189
maraîchers coopérateurs est à l'oeuvre dans les sites
coopératifs de Kinshasa. En plus, il faut ajouter que chaque
maraîcher membre de la coopérative emploie de manière
occasionnelle trois ouvriers agricoles en moyenne : ceux- ci constituent une
main-d'oeuvre non qualifiée et formée sur le tas.
Un autre aspect frappant est la présence importante des
femmes dans l'activité maraîchère (61 % contre 39 %
d'hommes). Tout en jouant son rôle vital de mère de famille et
d'éducatrice d'enfants, la femme constitue d'une part l'actrice
principale et d'autre part l'essentiel de la main-d'oeuvre du secteur
maraîcher urbain. L'approche gender adoptée dans notre
recherche (Yepez et al., 2001) permet d'analyser la manière
dont la femme s'intègre et participe au secteur maraîcher pour
contourner la crise socio-économique que traverse la population de
Kinshasa. La femme kinoise est souvent considérée comme un
diamant à multiples facettes. Elle est celle qui lutte au quotidien pour
la survie des enfants. Celle qui, dès l'aube, va travailler la terre,
vendre sa récolte et revient au crépuscule pour nourrir sa
famille en assurant l'entretien domestique et la protection de sa
progéniture. Elle ne se contente pas de mettre au monde, mais se
définit avant tout par son sens de la dépossession, son
ascèse et sa capacité de donner un peu d'espérance aux
siens. Dans cette considération du genre, il y a lieu de signaler que la
femme se retrouve dans la structure administrative de la coopérative du
site. En tant qu'exploitante maraîchère, elle effectue la part la
plus importante des travaux agricoles, se charge entièrement de
l'assainissement de la parcelle de culture et de la commercialisation des
légumes.
De qui précède, nous pouvons conclure que le
maraîchage constitue une activité qui offre des perspectives
d'emploi et permet d'absorber une partie du chômage urbain en occupant de
nombreux désoeuvrés.
Alternative à l'insécurité
alimentaire
La filière maraîchère est
considérée comme une source d'approvisionnement de la ville en
légumes frais et, par conséquent, une alternative à
l'insécurité alimentaire (Mougeot, 1993 et 2004 ; Kinkela, 2001).
Du point de vue nutritionnel, il y a lieu d'indiquer que les légumes
constituent un complément intéressant. Selon les calculs
effectués sur la base des données de Nkwembe (2002) et Muzingu
(2005), il est établi que la contribution en calories et en
protéines par tête d'habitant est de l'ordre de 1,3 kcal et 8,1 g
de protéines pour 100 g de légumes consommés. La
qualité, la disponibilité et l'accessibilité des
légumes produits dans les sites de coopératives
maraîchères de Kinshasa contribuent indiscutablement à la
sécurité alimentaire.
Sites maraîchers et composante
économique
La filière maraîchère est
considérée comme une source importante de revenu. Les
éléments économiques qui nous ont permis
d'apprécier cette dynamique sont repris dans le tableau 2 ci-dessous.
Tableau 2. Évaluation de la rentabilité d'une
activité maraîchère
Rubriques comptables
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Saisons de culture
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Saison de pluie
|
Saison sèche
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Dépenses d'exploitation
|
76
|
$
|
114
|
$
|
Recettes d'exploitation
|
42
|
$
|
214
|
$
|
Évaluation cash-flow brut
|
17
|
$
|
100
|
$
|
Autoconsommation
|
11
|
$
|
18
|
$
|
Évaluation cash-flow net
|
6
|
$
|
82
|
$
|
Source : notre thèse de doctorat.
Pour calculer la rentabilité d'une activité de
production légumière dans un site maraîcher
coopératif qui exploite une superficie moyenne de 400 m2,
nous avons dressé l'état des dépenses d'exploitation,
évalué ensuite les recettes d'exploitation par saison de culture,
ressorti le cash-flow brut, déduit l'autoconsommation avant
d'obtenir le cash-
flow net2. Le taux de rentabilité
étant de l'ordre de 7 % en saison de pluie et de 93 % en saison
sèche, il se dégage alors une nécessité pour le
maraîcher de contrôler les aléas climatiques liés
à la saison de pluie afin de rentabiliser ses recettes sur l'ensemble de
l'année de récolte.
Il découle de ces deux composantes que le
maraîchage constitue une activité qui favorise l'émergence
de nouvelles solidarités socio- économiques.
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