Cadre théorique
En tant qu'organisations, les sites de coopératives
maraîchères ne peuvent jamais être considérés
comme des organismes clos sur eux- mêmes. Ce sont des systèmes
ouverts (qui sont en relation permanente avec leur environnement ou leur
écosystème). Les multiples segments de l'environnement
conditionnent étroitement leur fonctionnement. Une telle influence se
traduit en contraintes environnementales et génère des
dépendances des ressources, qui nécessitent d'être
maîtrisées de manière optimale.
La théorie de la dépendance vis-à-vis des
ressources, développée par Pfeffer et Salancik (1978), fait
clairement état des échanges que les organisations entretiennent
avec leur environnement. Ces échanges peuvent s'exprimer en termes de
besoins en ressources. Ces besoins deviennent des contraintes à partir
du moment où ils constituent un frein à l'aboutissement d'un
objectif. Une organisation devient vulnérable lorsque son besoin en
ressources n'est pas contrôlé. Les auteurs pensent que la gestion
de la dépendance à l'égard des ressources exige de
définir et de surveiller consciencieusement l'environnement mais aussi
d'imaginer des solutions rééquilibrant le pouvoir de
l'organisation par rapport aux acteurs.
Par souci d'adapter la théorie de la dépendance
vis-à-vis des ressources à la réalité des sites de
coopératives maraîchères, nous choisissons d'identifier
trois types de contraintes qui correspondent à trois types de ressources
vis-à-vis desquelles les sites de coopératives
maraîchères sont dépendants : les contraintes
financières, technologiques et matérielles (figure 1).
Figure 1. Typologie des contraintes qui entravent le
développement de la filière maraîchère à
Kinshasa
Financières
Difficultés financières
Typologie des contraintes
Technologiques
Inefficacité des pratiques de culture
Faible approvisionnement en outillage
Coût élevé et rareté des engrais et
pesticides chimiques
Dégénérescence des semences
Matérielles et intrants
La difficulté de gérer simultanément
toutes ces contraintes et dépendances en ressources invite à
adopter une solution pratique qui consiste à classer les ressources
selon leur importance critique et leur rareté. Les ressources qui sont
à la fois rares et critiques deviendront logiquement la priorité
maximale dans les efforts organisationnels.
Cadre méthodologique
Notre étude sur le comportement organisationnel des
sites de coopératives maraîchères vis-à-vis des
contraintes environnementales s'est déroulée à l'aide
d'une approche en trois étapes : une première phase de
prospection et de recherche bibliographique qui nous a permis d'affiner notre
problématique et notre méthodologie de recherche ; une
deuxième phase consacrée aux enquêtes de terrain à
partir d'un questionnaire ; une troisième phase réservée
à l'étude et à l'analyse des cas. Le travail de terrain
s'est déroulé du 20 janvier au 20 mars 2006 à Kinshasa.
Kinshasa est une ville située le long du fleuve Congo. Elle forme une
entité administrative à statut particulier et joue le rôle
de
centre administratif, économique et culturel de la RDC.
Elle s'étend sur plus de 30 km de l'est à l'ouest et sur plus de
15 km du nord au sud.
Prospection
Pour mener à bien les travaux sur le terrain, nous
avons réalisé une observation générale sur les 35
sites de coopératives maraîchères existant à
Kinshasa et pour lesquels nous avons pu relever les caractéristiques
communes en terme de contexte interne.
Nous avons commencé par nous imprégner du
fonctionnement organisationnel des sites de coopératives
maraîchères. Nous nous sommes rendus sur le terrain et avons
observé, interrogé, recueilli des informations et
procédé par vérifications par rapport aux documents
existants tels que statuts, règlements d'ordre intérieur,
rapports d'activité, statistiques de production, etc.
Questionnaire
Pour assurer la collecte des données, nous avons
utilisé des enquêtes qualitatives par questionnaire à
partir d'échantillons restreints limités aux membres des
comités de gestion de ces sites.
Le questionnaire nous a renseignés sur :
· les stratégies développées pour
mobiliser les ressources financiè- res et maintenir la
viabilité des activités de ce point de vue ;
· le système d'encadrement mis en place afin de
faire face aux contraintes liées au manque de formation et de
spécialisation ;
· les alternatives développées pour lutter
contre la rareté et le coût élevé des engrais et
pesticides.
Étude des cas
Nous avons étudié deux sites coopératifs
maraîchers (Kimbanseke et N'djili) en examinant leur dépendance
vis-à-vis des contraintes environnementales. L'étude consiste,
d'une part, à présenter les contributions des sites de
coopératives maraîchères au développement de la
filière maraîchère et, d'autre part, à
présenter un diagnostic sur les contraintes environnementales qui
entravent le développement de la filière maraîchère
à Kinshasa, avant de relever les différents comportements
organisationnels des sites par rapport à ces contraintes.
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