1.4.2.2. Vitrification
L'autre interprétation, proposée par Green et
Angell11, se base sur le fait que les sucres présentent une
température de transition vitreuse anormalement élevée et
qu'ils sont de très bons formateurs de verre. Il est ainsi
postulé que, dans des cas quasi-anhydres, la grande viscosité du
liquide membranaire et son impossibilité à cristalliser
joueraient un rôle important dans le maintien de
l'intégrité fonctionnelle et structurale des organismes
plongés dans un état d'anhydrobiose.
Lorsqu'un liquide est refroidi, sa viscosité augmente.
S'il est refroidi suffisamment rapidement, comme dans le cas d'une trempe, la
viscosité va devenir si importante que l'arrangement moléculaire
dans le liquide en sera d'autant plus ralenti. Les dynamiques de
nucléation et de croissance du cristal sont devenues tellement lentes,
que la cristallisation n'a pas le temps de s'établir. Le liquide se fige
alors dans un état métastable sous la forme d'une phase vitreuse
selon un processus appelé vitrification. Une solution est dite
vitrifiée lorsque sa viscosité est supérieure à
1014 Pa.s.* Avec l'augmentation en concentration du
soluté, la diminution du stress imposé aux membranes ne peut se
produire que si les solutés ne cristallisent pas, autrement dit si le
liquide membranaire est vitrifié. Les sucres connus pour être de
très bons formateurs de verre, vitrifient dans l'espace intermembranaire
et évitent ainsi la fusion des couches
phospholipidiques.60,61
Toutes les hypothèses citées
précédemment ne sont valides que dans des gammes d'hydratation ou
de température données, et les théories invoquées
pour de faibles déshydratations4,24,27,28,29,30,31,50 ne permettent pas
d'expliquer à elles seules les phénomènes agissant pour
des pertes en eau beaucoup plus importantes et inversement. Vu sous cet angle,
aucune de ces théories prises individuellement ne permet d'expliquer de
manière globale et satisfaisante les processus à l'origine du
phénomène d'anhydrobiose. Néanmoins, il est facilement
imaginable que plusieurs de ces hypothèses se déroulent
simultanément, générant ainsi des couplages multiples dans
les systèmes macromolécules-sucres-ionseau, des
couplages/interactions qui sont étudiées à ce jour
séparément à travers des mélanges binaires ou
ternaires. Mais toutes ces études sont une première pierre
à l'édifice, et la compréhension de systèmes aussi
complexes nécessite, au préalable, des études
détaillées de modèles simplifiés, sans tenir
compte, à ce stade, de tous les constituants et de toutes les
interactions.
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