4.6.1 Besoins des riverains en protéines
animales
Il ressort des travaux de Djankoua (2001) que près de
80 % des ménages de la zone reconnaissent la présence de viande
de gibier dans leur alimentation. Le niveau de chasse et de consommation de la
viande de brousse dépend prioritairement de l'ethnie, les Mbaya
étant considérés comme d'excellents chasseurs (Hassan,
1998). Le taux de consommation de protéines animales provenant du
braconnage est estimé pour toute la zone à plus
de 65 %. Ce taux de consommation dénote d'une
consommation certaine et permanente des produits du braconnage par les
ménages ruraux. Ce taux de consommation de la viande de gibier se
justifie au niveau des ménages par le fait que la disponibilité
en protéines d'élevage est faible, à cause de leur
coût élevé comparé au coût jugé
très accessible de la viande de brousse et du poisson pêché
dans différents cours d'eau.
4.6.2 Retombées de la conservation
rétrocédées aux riverains
L'Etat partage à 50% les retombées avec les
communautés et les communes riveraines dans les zones amodiées.
Cette rétrocession ne concerne que les taxes d'affermage ou de location,
qui d'ailleurs ne varient presque pas d'une année à l'autre, soit
15% des recettes de toutes ces activités de conservation. Ce montant,
bien qu'insuffisant pour satisfaire tous les besoins des populations permet
déjà de réaliser quelques oeuvres sociales dans les
localités concernées. Ce qui signifie que près de 85% des
retombées des activités de conservation vont dans le
trésor public. Ce rapport semble très faible aux yeux de ces
populations qui considèrent la présence des aires
protégées comme moteur de développement, ceci est un
handicap pour une gestion qui se veut durable et impliquant la participation
des riverains. Il est souhaitable d'inclure les autres taxes (la taxe
d'abattage, l'autorisation de pêche, les frais de dossiers, les
transactions, la vente aux enchères, les droits de licence, la taxe de
capture, taxe d'armes, droit de timbre), ou de motiver autrement les
populations pour les impliquer davantage.
4.6.3 Situation économique de la chasse
sportive
Le tourisme cynégétique contribue annuellement
pour près de 500 millions de FCFA à l'économie du Nord
Cameroun. Le tourisme de vision dans les parcs nationaux de la
Bénoué et de Bouba Ndjidah génère aussi
annuellement près de 2 millions de FCFA, le parc national du Faro
n'accueille pas de touristes à cause de son inaccessibilité
(MINEF, 2004). Le braconnage représente une perte en potentiel faunique
de l'ordre de 1600 animaux par an (Djankoua, 2001), contre près de 800
animaux prélevés officiellement à travers la chasse
sportive dans toutes les ZIC. Le manque à gagner dû à la
non exploitation de ces animaux dans le cadre du tourisme
cynégétique s'élève à près de 400
millions de FCFA par an. D'après les travaux de Djankoua (2001),
l'action du braconnage de la faune est comparable à celle de 5 zones
d'intérêt cynégétiques pendant douze saisons de
chasse sportive.
Comme proposé au paragraphe (§. 4.5.3),
l'exploitation de la faune dans ces deux zones à cogestion devra
concerner 13 espèces animales. Suivant la loi de finance en cours, le
prélèvement de ces espèces devra générer
comme taxe d'abattage près 35 millions de FCFA, cela suppose que
près de 17 millions seront rétrocédés aux riverains
dans ce contexte de cogestion. La structure de gestion est dirigée au
niveau de la ZIC par le comité de gestion des ZIC (COZIC) et au niveau
du village, par le comité villageois de la faune (CVF). Les membres du
COZIC comprennent les représentants de l'administration, des populations
et des partenaires de la conservation. Ils reversent annuellement à
chaque village le montant qui lui revient, après avoir
prélevé les 50% au trésor public. Chaque comité
villageois est obligé de réaliser les oeuvres sociales et de
rendre compte au COZIC qui a tout de même le droit de contrôle sur
la gestion de ce fond.
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