4.5.2 Comparaison des propositions aux
prélèvements
Il ressort de la figure 11 que les quotas d'abattage ont
évolué de manière croissante, avec une
répétition année après année. Par contre les
prélèvements réels ne respectent pas cette allure, ils
suivent plutôt une tendance décroissante depuis les années
1990. De l'autre côté, le prélèvement des
espèces-clés (Eland de Derby, Buffle, Lion, Hippotrague, Guib
harnaché) qui sous-tendent la chasse sportive a subi une augmentation
considérable (Kirda, 2000) et représente même plus de 80%
de tous les prélèvements depuis 2002. Le nombre de
sociétés de chasse est passé de 9 à 23 entre 1990
et 2002 au Cameroun et le nombre moyen d'animaux prélevés par
chasseur lors d'un séjour (entre 6 et 21 jours) est passé de 2,9
à 6,4 (Roulet, 2004), ce qui a certainement une influence
négative sur l'exploitation de la faune. Plusieurs raisons peuvent
expliquer les faibles taux de réalisation notamment les quotas
proposés sont trop élevés par rapport au potentiel
faunique ou au besoin des chasseurs sportifs (rarement le cas). L'observation
de cette figure 11 nous amène aussi à poser quelques questions :
pourquoi le niveau de prélèvement n'a-t-il jamais atteint ou
avoisiné celui des quotas ? pourquoi les prélèvements des
espèces évoluent-il de manière décroissantes ?
pourquoi les espèces clés sont-elles prélevées
chaque année de manière croissante ? quelle est la
stratégie à mettre en place pour assurer une gestion durable de
la faune sauvage dans cette zone ? Malheureusement, les résultats de ce
travail n'ont pas permis de tirer une conclusion adéquate sur la
proposition réelle des quotas. Cependant, l'analyse des tendances et des
travaux antérieurs a permis de prendre quelques propositions dans le but
de mieux gérer les effectifs.
200
180
160
140
120
100
40
80
60
20
0
Quota proposé Prélevement Prélevement
espèce clé
89_90 93_94 96_97 98_99 99_00 00_01 01_02 02_03
Année
Figure 5 : Proposition d'abattage et réalisation dans les
ZIC 1 & 4 (plan de tir des 8 dernières années)
4.5.3 Situation des principales espèces
L'analyse de chaque espèce s'est basée sur
quelques paramètres notamment l'effectif, la superficie des zones
à cogestion, le braconnage et du taux de renouvellement des principales
espèces. Les effectifs
disponibles concernent le parc et les deux ZIC, en effet la
surface exploitable des ZIC 1 et 4 (environ 56134 hectares) représente
presque 25 % du parc. Ceci veut dire que dans les conditions normales, on aura
régulièrement 25% des effectifs de l'ensemble de la zone dans les
ZIC 1 et 4. Le taux de renouvellement des principales des espèces est
d'environ 5,6 %. La combinaison de ces différents paramètres nous
amène à proposer à l'abattage 4 % (inférieur au
taux de renouvellement) sur les 25% des effectifs de chaque espèce dans
les ZIC 1 et 4, en espérant que le surplus du parc pourra combler les
besoins de quelques braconniers (Il est proposé un renforcement de la
surveillance). Cette proposition est à considérer avec assez
réserve parce que les effectifs exploités sont de sources
différentes. Les prélèvements devront concernés
prioritairement les individus qui n'ont plus d'influence dans le groupe (vieux
mâle inactifs ou vielle femelle).
1. L'Eléphant
L'Eléphant reste pour l'heure le plus grand
mammifère de la région et mérite un suivi particulier car
il est très braconné. Le quota d'abattage est d'un
éléphant par an pour les deux ZIC. Les informations contenues en
annexe 2 ne sont pas intéressantes pour une exploitation de cette
espèce, cependant les éléphants causent des
dégâts importants dans les champs des riverains. Il existerait un
troupeau très mobile qui rode à la fois dans le parc et les zones
de chasse 1 et 4. Ainsi on peut dans un premier temps suspendre l'abattage des
éléphants dans la zone et ne le reprendre que si on constate une
augmentation de la population, tout en respectant la convention CITES.
2. L'Elan de Derby
De par son majestueux trophée, l'élan de Derby
est une espèce de la classe B au Cameroun et très
recherchée dans ces 2 ZIC. Le quota moyen est d'environ 8 individus par
an, soit respectivement 3 et 5 dans les ZIC 1 et 4. Le tableau 4 et l'annexe 2
démontrent une évolution décroissante de sa population.
Les résultats du suivi signalent une fréquence d'observation pour
L'Elan de Derby de 2/5 pour les différentes méthodes
utilisées dans la zone (Donfack et Tsakem, 2004). De par son
écologie, l'Elan de Derby est dans son domaine et reste très
mobile. Sa population est estimé dans la zone à environ 159
individus (Siroma et al., 2001). Compte tenu aussi du fait que cette
population s'observe difficilement et des traces deviennent rarissimes, il est
souhaitable de revoir son quota à la baisse, soit deux individus pour
l'ensemble de la zone.
3. Le Buffle
Cette espèce de la classe B est aussi très
sollicitée par les chasseurs professionnels. La moyenne annuelle
d'abattage est de 6 individus répartis en 2 et 4 respectivement pour la
ZIC 1 et 4. Les observations du Buffle par le dispositif de suivi du WWF sont
rares avec une fréquence de 2/5, tandis que son effectif est
estimé à environ 200 individus (Donfack et Tsakem, 2004). Mais
les traces sont présentes dans les deux zones. Les espèces comme
Elan de Derby et les Buffles ont généralement un taux de
réalisation supérieur à 60%. Ce qui fait que la pression
de chasse ne respecte pas l'évolution de la population. Il serait
souhaitable de réviser les quotas d'abattage à la baisse, soit
deux individu pour chaque zone.
4. Le Lion
Le lion est une espèce de la classe A
intégralement protégée et mérite un suivi
particulier de sa population. On constate qu'il est aussi très rare,
mais que le plan de tir propose un individu pour chacune des zones de chasse.
La fréquence d'observation de cette espèce est 1/5 (Donfack et
Tsakem, 2004) ceci peut déjà traduire la difficulté de le
rencontrer. Cette faible fréquence peut amener à
réfléchir son avenir, car les récentes informations ne
précisent pas la taille de sa population dans la zone. Il est
souhaitable qu'une suspension des prélèvements dans ces ZIC soit
proposée pour donner les chances à cette espèce de
renforcer sa population pour les prochaines années. Tout comme le Lycaon
et le Léopard, qui bien que ne figurant pas sur le plan de tir sont en
voie de disparition et se retrouve qu'au sud est du PNB (Weladji, 1998 ; Tsakem
et al., 2000).
5. L'Hippotrague
Cette antilope est bien appréciée par les
chasseurs professionnels de par sa taille et surtout son trophée. Le
quota d'abattage est de 12 individus par an soit 5 et 7 dans les ZIC 1 et 4
respectivement. Il est régulièrement perceptible dans l'une et
l'autre zone, car la fréquence d'observation est de 3/5 pour une
population qui ne cesse de décroitre (Donfack et Tsakem, 2004). Les
travaux de Tsague (2004) estiment les effectifs d'Hippotrague à 250
individus pour le parc. Ce quota peut être révisé à
la baisse pour 3 individus pour la zone.
6. Le Bubale
Tout comme l'Hippotrague, le Bubale est bien
représenté dans ces ZIC. Le nombre d'individus à abattre
est de 14 par an, soit 7 individus par ZIC. Le Bubale est l'une des
espèces la plus rencontrée dans le PNB (Gomsé et Mahop,
2000) et la taille de sa population estimée à 1163 individus
(Tsague, 2004). En appliquant le même principe de calcul, on peut
proposer le quota d'abattage pour le Bubale légèrement à
la baisse avec 11 individus pour la zone.
7. Le Cobe Défassa
Dans les plans de tir, il est recommandé l'abattage de
4 individus par an dans les deux ZIC. Les effectifs actuels (300 individus pour
la zone) font penser à une légère diminution du quota. Il
est souhaitable de proposer 3 individus par an pour toute la zone.
8. Le Cobe de Buffon
Il passe parmi les antilopes de moyenne taille les plus
chassé à cause de la beauté de son trophée. La
moyenne des individus à prélever selon le plan de tir est de 12
par an pour les deux zones. Le Cobe de Buffon passe parmi les espèces
les plus rencontrées sur le terrain. Il est facilement observable aussi
bien le long des cours d'eau (Tsague, 1991 ; 2004 ; Tsakem et al.,
1999) que le long des transects. Ce dénombrement estime les populations
de Cobe de Buffon dans la zone à 4616 individus. En appliquant le taux
habituel, on se retrouve à environ 40 individus. Mais il faut aussi
signaler les tendances qui sont à la baisse et pourrait militer
davantage pour une diminution de ce nombre.
9. Le Redunca
Cette antilope n'est pas toujours facile à observer dans
les ZIC, car elle atteint sa limite de
répartition géographique au niveau du Parc national de Bouba
Ndjidah (Haltenorth et Diller, 1985). Le plan de tir
propose l'abattage de 9 individus par an. Les
différents dénombrements (WWF et FAC, 1998 ; Gomsé et
Mahop, 2000 ; Donfack et Tsakem, 2004) signalent de faibles
densités (<0.2 individus au km) des Rédunca et les travaux de
Tsague (2004) estiment les effectifs à 1471 individus. Ceci nous
amène à proposer 14 individus pour la zone, mais aussi les
tendances sont à la baisse.
10. Le Guib harnaché
Il est une espèce profitant d'une protection
partielle, et inscrite au plan de tir avec un quota d'abattage annuel de 5
individus dans chaque ZIC. Toutes les différentes méthodes de
suivi de la faune utilisées signalent la présence de cette
espèce. Sa population est estimée à 1912 individus pour le
parc. On devrait proposer 19 individus, mais l'évolution des effectifs
n'est pas rassurante.
11. L'Ourébi
L'ourébi a été inscrit au plan de tir
avec un quota moyen de 12 individus dans chaque ZIC. Cette espèce a de
fortes chances d'être rencontrée avec un effectif de 3922
individus. Dans la même logique, on pourrait proposer 39 individus pour
toute la zone.
12. Le Phacochère
C'est une espèce partiellement protégée,
mais elle bénéficie d'une protection au niveau local parce que
moins braconnée pour les raisons de tradition. Son effectif est
estimé à 300 individus pour le parc et la
périphérie. Le quota d'abattage pourrait être
proposé à 3 peut être raisonnable.
13. Les Primates (Babouins Vervets et
Patas)
Ce sont des espèces frugivores fréquemment
observées dans la zone. Ces primates sont très conflictuels, car
ils causent beaucoup de dégâts au niveau des villages notamment la
destruction des produits champêtres. Seul le quota d'abattage du Babouin
a été inscrit dans le plan de tir et est de 10 individus par
année dans chaque ZIC. Il est souhaitable d'organiser des battues
administratives de ces primates chaque deux ans comme prévu par la
réglementation en vigueur (environ 100 individus repartie dans toute la
périphérie du parc), car leur nombre devient inquiétant et
les dégâts sur les cultures considérables. Le produit de
cette battue administrative devra ravitailler légalement les centres
urbains en viande de gibier.
14. Les Céphalophes (à Flanc roux et de
Grimm)
Ce sont de petites antilopes très prisées par
les chasseurs. Elles ont été fréquemment
rencontrées en binôme, alors que les plans de tir proposent
l'abattage de 16 individus de chaque espèce pour chacune des zones.
L'effectif est estimé à près de 4562 individus (Tsague,
2004). La démarche utilisée permet de proposer 45 individus pour
toute la zone.
4.6 Contribution de la faune à l'amélioration du
niveau de vie des populations riveraines
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