5 PERSPECTIVES POUR UNE GESTION DURABLE DE LA ZONE
La gestion durable de cette zone passe d'abord par une
maitrise des effectifs, par les actions de surveillance et par l'implication
effective des populations riveraines afin de sauvegarder ces ressources. Il
convient de développer les suggestions dans ce sens et toutes les
parties prenantes devraient orienter leurs actions pour garantir une gestion
efficace des ressources et par conséquent l'amélioration du
niveau de vie des populations. Ces actions peuvent être envisagées
à court (immédiatement), moyen (entre un et deux ans) ou à
long terme (plus de 3 ans).
5.1 A court terme
5.1.1 Réviser les quotas d'abattage
Il est signalé dans le paragraphe §4.5.3 que les
gestionnaires révisent la proposition de prélèvement soit
à la baisse (Buffle, Eland de Derby, Bubale, Hippotrague,
Phacochère, Cobe défassa) soit à la hausse (Ourébi,
Céphalophes, Guib harnaché, Redunca, Cobe de Buffon et
Céphalophes) ou encore en suspension (lion, Eléphant et
Panthère). Il est aussi proposer d'organiser les battues administratives
sur les espèces comme le Babouin, le Singe vert et le patas). Les
prélèvements devront concernés prioritairement les
individus qui n'ont plus d'influence dans le groupe (vieux mâle inactifs
ou vielle femelle). Les propositions faites sont à considérer
avec assez de réserve parce que les effectifs exploités sont de
sources différentes. Ces quotas devront varier suivant les années
en tenant compte des disponibilités du potentiel faunique. Il est
suggérer d'envisager un travail de recherche dans ce thème pour
pouvoir fournir le maximum d'informations facilitant la prise de
décision sur les prélèvements.
5.1.2 Renforcer la lutte contre le braconnage pour limiter
les pressions
Il est nécessaire de réviser la stratégie
actuelle de surveillance qui a montré ses limites sur le terrain et n'a
pas freiné de manière efficace la destruction de la faune. La
lutte contre le braconnage devra prendre en compte les points suivants :
· La surveillance efficace qui passe par le
déploiement des équipes de garde pour réaliser les
patrouilles sur le terrain à travers les cinq secteurs de surveillance
(voir figure 14) ;
· Le renforcement des services de la conservation en
personnel et équipements (le recrutement annoncé pourra apporter
une solution à cette proposition). Ceci devrait améliorer le
rapport entre garde chasse/superficie qui est de 1 sur 49 000 hectares (WWF,
2002) alors que L'IUCN recommande 1 garde équipé pour 10 000
hectares ;
· Faciliter le processus de la pratique de la chasse
traditionnelle ou droit d'usage qui permet aux populations de prélever
le petit gibier autour des villages pour leur alimentation ;
· Motiver les populations riveraines de façon
à ce qu'elles puissent dénoncer les braconniers sans contraintes,
mais aussi ceux des villageois qui hébergeraient les braconniers
allogènes.
· Demander aux communes bénéficiant les
retombées de la conservation de financer aussi les activités de
conservation notamment en recrutant quelques gardes communaux, cette action
contribuera aussi à réduire la pauvreté
dans la région en même temps qu'elle est protectrice de la nature
;
· Promouvoir le mini élevage pour limiter le
braconnage ; en plus de l'élevage d'aulacode au stade
expérimental dans la zone, il faut promouvoir aussi les élevages
du lapin et d'antilopes de taille moyenne comme le cobe de Buffon, le Redunca
etc. Ceci permettra aussi de disposer d'une grande quantité de produits
sur le marché. Dans ce cas, l'Etat et les ONG devraient jouer un
rôle de sensibilisation et de moteur pour la mise en place de ces
élevages. Une incitation à cette activité peut être
la reconversion des riverains (pêcheurs, chasseurs et revendeurs de
viande de gibier) en mini-éleveurs. Il sera souhaitable de proposer les
labels sur cette viande issue d'élevage non conventionnel, afin de la
distinguer de celle issue du braconnage. Ceci pourra aussi rassurer les
consommateurs des centres urbains quant à la qualité des
produits. La viande de gibier abattue par les braconniers est emportée
des villages par les grossistes pour ravitailler les grands centres urbains,
c'est d'ailleurs le cas pour la plupart des pays en développement (Binot
et Cornelis, 2004 ; Ngoundoung Anoko, 2003), très souvent avec l'appui
des transporteurs des exploitations forestières (Fargeot, 2004 ; Roulet,
2004). Les deux parties fonctionnent selon un planning établi à
la discrétion totale. Le groupe des grossistes ou revendeurs constitue
le maillon principal de la chaine, car ils apportent les munitions des zones
urbaines pour ravitailler les braconniers et les encourager dans leur
activité. Le système de lutte anti braconnage doit chercher
à maîtriser ce groupe et à promouvoir le
mini-élevage pour briser cette chaine ou limiter ses activités
(figure 12).
Faune
Ménages urbains
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Restaurants
|
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Hôtels
|
|
Chasseurs traditionnels
Ménages locaux
Détaillants
Braconniers (commercial)
Collecteurs ou grossistes
Maillon important de la chaine à briser par le
mini-élevage pour limiter le braconnage
Source : Réalisé à partir des données
de terrain
Figure 6 : Circuit de consommation et commercialisation du
gibier dans la périphérie de la Bénoué
5.1.3 Interdire la pollution des eaux par les
pesticides
Pendant la saison sèche, les cours d'eau tarissent et
seules quelques mares encore présentes permettent aux animaux de
s'abreuver. C'est pendant cette période que la pêche aux
pesticides se déroule. Les pêcheurs versent en très grandes
quantités les pesticides (prévus pour la culture du coton) dans
les mares, d'où les poissons ne peuvent s'échapper. Les
mêmes eaux sont utilisées par les mammifères sauvages pour
s'abreuver et occasionnellement par certaines populations locales (d'ailleurs
très pauvres) pour la consommation. Les conséquences restent non
connues. Les effets sur la flore aquatique ne sont pas non plus connus. En
effet, les poissons prélevés par cette technique ne
résistent pas longtemps et pourrissent rapidement, dès deux
heures après le ramassage. Il est souhaitable de prendre de toute
urgence les dispositions pour éviter cette pollution due à
pareille utilisation de produits phytosanitaires, notamment par le renforcement
du contrôle anti braconnage. Il est aussi intéressant
d'évaluer l'impact de l'utilisation de ces produits sur la dynamique des
espèces de poissons, de la faune et sur la santé humaine ; une
étude devrait être envisagée à propos.
Photo 12 : Poissons capturés après avoir
empoisonné l'eau par les produits chimiques (pesticides)
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