3.6.3. Création d'emplois et accroissement des
revenus
a) Source d'emploi
Le tout premier facteur de lutte contre la pauvreté
consiste à faire travailler les gens. Il se révèle selon
les données du SENAHUP, qu'un total de 18.831 maraîchers sont
à l'oeuvre dans les périmètres maraîchers de
Kinshasa pour l'année 2002. Il faut ajouter que chaque exploitant
utilise en terme d'emplois occasionnels, au moins un ou deux ouvriers
agricoles, qui constituent une main d'oeuvre non qualifiée et qui du
reste est formée sur le tas. Les chômeurs trouvent auprès
des producteurs déjà établis des emplois d'ouvriers
agricoles; les étudiants, les élèves, les apprentis, ainsi
que les femmes peuvent se placer comme manoeuvre ou ouvrier temporaire.
Nous pouvons ainsi dire que le maraîchage est une
activité intéressante qui offre des perspectives d'emplois et
permet d'absorber une partie de chômage urbain et d'occuper de nombreux
désoeuvrés en garantissant une paix sociale.
Bien évidemment, il ne s'agit pas de créer
à travers l'agriculture urbaine, une activité susceptible
d'attirer les ruraux dans la ville, mais plutôt de donner une occupation
à ceux qui sont déjà venus augmenter les effectifs d'une
population à nourrir et qui posent des problèmes sociaux de plus
en plus aigus. En d'autres termes, il ne s'agit pas de développer une
production urbaine au détriment de la population rurale, mais de donner
une possibilité de travail aux citadins en situation sociale difficile,
et ceux dont les revenus ne permettent pas le minimum vital possible.
b) Source de revenu
Les résultats financiers dans une exploitation
dépendent fortement des charges et des recettes réalisées.
En ramenant à la dimension d'une plate bande, les charges et les
recettes réalisées peuvent être présentées de
la manière suivante :
Tableau 11. Résultat financier par plate bande de 20
m2 en $ US : Culture d'amarante
Rubriques
|
Coût par plate bande de 20 m2
|
Charges Variables17
|
1,5
|
Semences
|
0,34
|
Engrais organique
|
0,24
|
Engrais chimique
|
0,33
|
Produits phytosanitaires
|
0,068
|
Main d'oeuvres
|
0,5
|
Charges fixes1 8
|
2,29
|
Location terrain
|
0,6
|
Amortissement outils
|
0,04
|
Salaire à payer
|
1,30
|
Energies (eau)
|
0,35
|
Total Charges
|
3,79
|
Recettes moyenne par plate bande
|
9,4
|
Marge brute19
|
5,61
|
Rentabilité
financière20
|
59,7%
|
Source : Auteur 2004, sur base des éléments de
l'enquête réalisée par MPANZU BALOMBA
Département d'économie Agricole, Université de Kinshasa,
2000.
La rentabilité financière est la marge
bénéficiaire exprimée en pourcentage du prix de vente.
Ainsi son calcul se fait à l'aide de la formule suivante :
P V .
17 Charges variables ou charges d'activités sont
liées à l'activité et n'existent donc que dans la mesure
où l'entreprise est en activité.
18 Charges fixes sont constituées par des charges dont
l'évolution est indépendante du volume d'activité.
19 Selon AUSSET et al.(1984), la marge brute
est égale à la différence entre le produit brut et les
différentes charges. Elle varie d'une façon importante suivant
les saisons et cela sur base des prix de vente des différents
légumes présents sur le marché.
20 La rentabilité financière
représente la marge bénéficiaire exprimée en
pourcentage du prix de revient.
Avec :
R.F : Rentabilité financière ; P.
V : Prix de vente, P.R : Prix de revient.
En outre, nous signalons que ces charges sont
différentes selon qu'il s'agit des sites encadrés et des jardins
spontanés. Ceux qui utilisent l'eau de puits ou de rivières pour
l'arrosage ne sont pas concernés par la facture de consommation
d'eau.
Au regard du tableau précédent, la marge
bénéficiaire de la culture d'amarante par plate bande de 20
m2 est de 5,61$ , avec une rentabilité économique de
59,7%.
Tableau 12. Comparaison du revenu moyen annuel d'un
maraîcher et d'un Fonctionnaire à Kinshasa
|
|
Revenu moyen mensuel en $
|
Revenu moyen annuel en $
|
Maraîcher Kinois
|
|
101 $
|
1111 $
|
Professionnel du Ministère
l'agriculture à Kinshasa
|
de
|
33,3 $ *
|
366,3 $
|
Source : Auteur, 2004
· Relevé des états de paie des professionnels
du Ministère de l'agriculture /novembre 2004.
· (1$= 420Fc)
Par comparaison, le revenu moyen mensuel d'un maraîcher
de Kinshasa qui exploite suffisamment une moyenne mensuelle de 400
m2 soit 18 plates bandes 20 m2 , par rapport au revenu
moyen mensuel d'un professionnel du ministère de l'agriculture, on
réalise que celui du maraîcher représente trois fois plus
que le revenu du professionnel.
Cela permet de réaliser que le budget alimentaire
mensuel d'un ménage21 kinois moyen des 94 $ est hors
portée du fonctionnaire de l'administration publique et que le
maraîcher en fait facilement face (Kinkela, 2001).
De ce qui précède, nous nous rallions à
Racine (2004), qui fait remarquer par ailleurs qu'au stade actuel du
développement économique de la RDC, et cela malgré la
performance économique enregistrée de manière
théorique entre 2003 et 2004, on constate que eu égard au
phénomène de rurbanisation en ville, et au degré de la
misère perceptible ; la filière maraîchère est une
activité rentable et accroît le revenu pour les ménages qui
s'y donnent.
21 Une famille de 7 personnes (parents compris).
3.6.4. Contribution partielle à la
durabilité de la ville
La filière maraîchère contribue tant soit
peu à la durabilité22 de la ville de Kinshasa. C'est
à dire elle permet :
· une meilleure qualité de vie par l'emploi
crée, les revenus générés et l'insertion sociale
occasionnée, pour un développement socio économique ;
· la maîtrise partielle de ses déchets par le
recyclage des déchets biodégradables.
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