3.6.2. Protection de l'environnement par l'assainissement
du milieu urbain
Le rôle de l'agriculture urbaine dans la gestion de
l'environnement a été souligné également par
plusieurs auteurs, dont Kabanga (1992). L'agriculture urbaine à travers
l'activité de maraîchage permet de réduire la pollution
dans la ville (quartiers urbains et périphériques). Elle permet
en effet, de recycler les ordures ménagères et les
déchets13 des villes (des marchés communaux, des
brasseries, etc.). Fleury et al. (1997).
13 Un déchet selon Pichat (1995), c'est tout ce
qui doit être éliminé ou encore un matériau, un
objet, que son détenteur ne peut pas directement valoriser ni rejeter
dans le milieu naturel sans créer une pollution.
La ville de Kinshasa produit énormément des
déchets c'est le cas de six marchés municipaux illustrés
dans le tableau 8 ci dessous:
Tableau 8. Volumes moyens de déchets au m3
produits par six marchés de Kinshasa
Marchés
|
Central
|
Matete
|
Bandal
|
Zikita
|
Gambela
|
K. Yolo
|
TOTAL
|
Volume moyen de
déchets (m3/jour)
|
66
|
27
|
8
|
18
|
24
|
6
|
149
|
Containers/bac (10m3)
|
7
|
3
|
1
|
2
|
3
|
2
|
18
|
Source : CRB, 1999
Comme facteur de risque pour l'environnement, les
déchets en augmentation constante, envahissent la ville et souvent
déversées dans des terrains vagues, caniveaux et dans les
rivières, ils génèrent un coût croissant
d'évacuation et de traitement et constituent par conséquent un
problème croissant de pollution (Pichat 1995).
Tableau 9. Besoins en compost de 6 périmètres
maraîchers de Kinshasa
Périmètres maraîchers
|
N'djili
|
Livulu unikin
|
Bandal
|
Masina mik
|
Lukunga
|
Funa
|
Total
|
Déchets organiques
nécessaire (m3/an)
|
11.993
|
5.732
|
1.181
|
9.051
|
7.542
|
7.165
|
42.617
|
Quantité de compost
nécessaire (T/an)
|
4.197
|
2.006
|
396
|
3.168
|
2.640
|
2.508
|
14.516
|
Source : CRB, 1999.
Tableau 10. Synthèse sur la gestion des déchets par
la filière maraîchère
Volume moyen de déchets de six Marchés de
Kinshasa/m3/an
|
Besoins en Compost de 6 périmètres maraîchers
de Kinshasa
|
Qttés de déchets
organiques nécessaire m3/an
|
%
|
Qttés de compost
nécessaire (T/an)
|
54 385
|
42 .617
|
78,4%
|
14 516
|
Source : Auteur 2004, sur base des données de la CRB,
2000.
De tous les déchets produits dans quelques six
marchés de Kinshasa (54 385 m3 par an) la filière
maraîchère consacre 42 .6 17m3 par an à la
revalorisation par l'enfouissement
(engrais vert) et par le compostage pour les besoins en
compost14. Ce qui correspond à 78,4% de déchets
recyclés pour produire 14 516 m3 de compost nécessaire
par an.
Ce recyclage constitue en amont un apport à
l'assainissement du milieu intra et péri urbain par le ramassage des
ordures, et en aval un avantage agronomique due à la
disponibilité des fertilisants, eu égard la faible texture et
structure des sols de Kinshasa. Il s'agit d'un compost dont la
conductivité15 n'est pas contestée
Les mérites qu'offre le compost dans la filière
maraîchère sont de cinq ordres :
1. il favorise la croissance des
végétaux et des racines
Il a été démontré que les
végétaux plantés dans un milieu contenant du compost sont
plus forts et ont un meilleur rendement. Le compost ajoute non seulement de la
matière organique au sol mais aussi des oligo-éléments
tels que le fer, le manganèse, le cuivre, le zinc et le bore
nécessaires à la croissance des végétaux (Zegels
s/d).
2. Il améliore le rythme de diffusion des
nutriments16
Ils ne sont libérés que lorsque la plante en a
besoin : plus vite quand le temps est chaud et humide, plus lentement quand il
fait froid. Le compost rend au sol ses nutriments, prolongeant ainsi leur
présence pour nourrir les végétaux pendant une longue
période. Cet apport permet également de prévenir la perte
de fertilisants, entraînés par le ruissellement des eaux de
surface.
3. il améliore la porosité du
sol
L'activité microbienne est essentielle à la
fertilité du sol. Ces micro organismes décomposent les
matières organiques pour rendre les nutriments contenus dans ces
matières accessibles aux végétaux. Le compost étant
composé de particules de tailles différentes, il offre une
structure poreuse très utile.
4. il améliore la capacité de
rétention d'eau
La matière organique contenue dans le compost peut
absorber l'eau lorsqu'il pleut ou pendant les arrosages et ainsi la retenir
pour que les végétaux puisent dans ces réserves en cas de
besoin.
5. il limite l'apparition de
maladies
14 Le compost fini constitue le produit final du
compostage dans lequel les substances aisément biodégradables en
particulier sont largement converties biologiquement.
15 La richesse en sels minéraux, relative
à la valeur fertilisante.
16 Un nutriment est une substance alimentaire pouvant
être entièrement et directement assimilée.
Les recherches ont démontré que le compost
permet de réduire l'incidence de certaines maladies chez les
végétaux. Il prévient les intoxications des plantes en
retenant mieux les éléments toxiques (métaux lourds ou
molécules entrant dans la constitution des pesticides chimiques). Le
compost recèle également les composés anti parasitaires
qui diminuent les risques d'infection (Zegels A. s/d).
6. il limite augmente la marge brute
La présence des fertilisants organiques augmente la
marge brute de l'exploitation par la qualité des produits qui influence
le prix de vente, et par la réduction des charges consacrées aux
engrais chimiques et produits phytosanitaire.
Par rapport au fumier; le compost mur augmente d'environ 50%
(Luxen et al 1996), la quantité d'humus stable laissé
dans le sol. Il s'agit donc d'un amendement de toute première valeur qui
améliore la capacité de rétention en eau des sols et leur
capacité à fixer et restituer des éléments
fertilisants (calcium, potassium,...).
Le compost dans la diversité de sa fabrication permet
de corriger et de favoriser le maximum de vie biologique utile dans le sol.
L'expérience du programme d'assainissement et de compostage des ordures
des marchés de Kinshasa/CRB, 1999 confirment que le compost renferme en
lui une action herbicide, une activité biologique, une action pesticide
et fertilisante puis permet un aménagement foncier, pour aboutir enfin
à un résultat meilleur dans le cadre d'une production
agrobiologique.
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