3.6. Avantages de la filière
maraîchère à Kinshasa
Le maraîchage face aux autres activités de
production permet, non seulement de combler les déficits des autres
activités de production locale (agriculture, exploitation de bois
d'oeuvre, etc.), mais surtout de compléter d'autres sources d'intrants
et de revenus de subsistance des populations locales. L'objectif primordial
étant d'améliorer leurs conditions de vie.
Parmi les avantages retenus pour cette filière, on
distingue :
l'apport à la sécurité alimentaire ;
la protection de l'environnement ;
l'accroissement des revenus et création d'emploi ;
la contribution partielle à la durabilité de la
ville.
3.6.1. Apport à la sécurité
alimentaire
Aujourd'hui, la difficulté qu'il y a à se
nourrir à Kinshasa de nos jours atteint un degré jamais atteint
dans le passé. Selon Tollens E (2004), cette situation alimentaire que
connaît actuellement Kinshasa est due davantage à la
pauvreté qu'à l'inefficacité du système
d'approvisionnement alimentaire. Les organismes d'aides
étrangères et les organisations humanitaires ont fait
régulièrement état de malnutrition parmi la population.
Les Kinois ne mangent plus qu'une fois par jour, quand ce n'est pas une fois
tous les deux jours. L'évaluation de la pauvreté par la
méthode d'équilibre calorifique (où le seuil est
fixé par la FAO à 2.300 calories en moyenne par jour et par
adulte ), établit que le congolais moyen ne disposerait que de 1.830
calories /jour (PNSAR, 1997).
Selon Mougeot (2004), les produits maraîchers
présentent un certain nombre d'avantages comparatifs par rapport
à d'autres produits agricoles dans le contexte de la culture en zone
urbaine :
· une grande diversité des espèces et des
variétés ;
· un potentiel de rendement par unité de temps et
par unité de sol très élevé ;
· une croissance rapide ;
· une haute intensité de main d'oeuvre ;
· une valeur marchande élevée ;
· des qualités nutritionnelles et la
santé.
La contribution de ces produits maraîchers vise la
meilleure sécurité alimentaire, l'accroissement des revenus et,
en cas de vulnérabilité à la suite des désastres
agricoles et autres, d'en réduire les dégâts.
Pour ce faire, l'agriculture urbaine s'adapte facilement
à la stratégie de sécurité alimentaire des
consommateurs et notre étude démontre que la filière
maraîchère permet une disponibilité quantitative et
qualitative des produits maraîchers.
Pour ce qui est de l'aspect qualitatif, nous nous sommes
référés à la composition d'une bonne alimentation
afin de mieux éclairer le lecteur sur ce que l'on entend par « une
nourriture qualitativement et quantitativement suffisante pour mener une vie
saine et active ».
En effet, cette alimentation équilibrée comprend
selon Dupriez et al. 1987 une série d'élément
dont les plus importants sont les glucides, les protéines ou protides,
les vitamines et les sels minéraux. Chacune de ces substances joue un
rôle dans la construction, l'entretien et l'activité de
l'organisme vivant. Et pour être réellement bien nourri et en
bonne santé, l'homme doit retrouver dans son alimentation un ensemble
équilibré de ces substances.
Ainsi, le tableau suivant donne une idée sur la valeur
alimentaire et nutritionnelle des légumes par 100 g de matière
comestible
Tableau 7. Valeur alimentaire et nutritionnelle des
légumes par 100 g de matière comestible
A. Légumes feuilles
Cultures
|
Matières nutritives comestibles
|
Eau g
|
Protéine g
|
Cellulose g
|
Calcium mg
|
Fer mg
|
Carotène mg
|
Vitamine C mg
|
Valeur énergétique
100g
|
|
Kj
|
Kcal
|
Amarante
|
84-89
|
3,6-4,6
|
1,3-1,8
|
154-410
|
2,9-8,9
|
5,7-6,5
|
64
|
108
|
26
|
Basella
|
94
|
1,6
|
0,6
|
106
|
1,6
|
3,5
|
86
|
83
|
20
|
B. Légumes fruits
Cultures
|
Matières nutritives comestibles
|
Valeur énergétique
|
Eau G
|
Protéines G
|
Cellulose g
|
Calcium Mg
|
Fer mg
|
Carateine Mg
|
Vit C Mg
|
Autres Vitamines (mg)
|
Kj
|
Kcal
|
Thiamine (B1)
|
Riboflav ine (B2)
|
Niacine (PP)
|
Aubergine
|
92
|
1,6
|
1,5
|
22
|
0,9
|
-
|
6
|
0,08
|
0,07
|
0,7
|
108
|
26
|
Gombo
|
90
|
1,8
|
0,9
|
9,0
|
10
|
0,1
|
18
|
0,07
|
0,08
|
0,8
|
129
|
20
|
C. Légume Racine
Culture
|
Matières nutritives comestibles
|
Valeur énergétique
|
Eau G
|
Protéines G
|
Cellulose G
|
Calcium Mg
|
Fer mg
|
Carateine Mg
|
Vit C Mg
|
Thiamine (B1)
|
Riboflavine (B2)
|
Niacine (PP)
|
Kj
|
Kcal
|
Carotte
|
89,6
|
1,1
|
0,9
|
3,6
|
1,2
|
4,2
|
8
|
0,06
|
0,05
|
0,7
|
154
|
37
|
Source : Auteur 2004, sur base des données de Lannoy
(2001)
Il ressort de ce tableau que les légumes feuilles
locaux cultivés à Kinshasa occupent une place de choix
étant donné leurs propriétés intéressantes
notamment, une croissance rapide, une facilité de production et une
haute valeur nutritive. En terme de contribution à la
sécurité alimentaire, la filière maraîchère
s'illustre principalement par l'amarante qui représente le plus grand
pourvoyeur en éléments nutritifs de tous les légumes
cultivés dans les périmètres maraîchers de Kinshasa.
Ses feuilles représentent entre 60 à 76% du poids frais des
pousses, riches en protéines (3,6-4,6%) et en vitamines C (64 mg par
100g de matière comestibles).
Quant aux légumes fruits, une légère
supériorité de gombo en protéines (1,8g/100g) et
en vitamine C (18 mg) par rapport à l'aubergine (1,6 g de
protéine et 6 mg de vitamine
C/100g). La Carotte pour ce qui est des légumes racines,
possède 1,8 g de protéine et 8 mg de vitamine C/100g.
En ce qui concerne la valeur énergétique, les
légumes feuilles sont représentés par l'amarante (108
kj/100g et 26 kcal/100g), et les légumes fruits par le gombo (129 kj/100
et 20 kcal/100g) et l'aubergine (108 kj/100g et 26 kcal/100g) en plus de ses
facultés de lutte contre les insectes et les nématodes. La plus
grande valeur énergétique se rencontre dans la catégorie
des légumes racines avec la carotte qui possède 154 kj/100g et 37
kcal. A côté des macro - nutriment, à savoir les glucides,
les protéines, les lipides, l'organisme a besoin de micro- nutriments
dont les apports sont nécessaires en quantité minimes mais
indispensables qu'on peut facilement retrouver dans les légumes .
Du point de vue nutritionnel, l'apport proto
énergétique des légumes (100g) produits à Kinshasa
se présente dans les figures ci après :
Apport protéique des légumes (100g) à la
sécurité alimentaire.
18%
16%
Amarante Basella Aubergine Gombo Carotte
11%
16%
39%
Figure 7. Apport protéique des légumes divers
(100g) à la sécurité alimentaire Source : Auteur, 2004
20%
Apport énergétique des légumes (100g)
à la securité
alimentaire 20%
16%
28%
16%
Amarante Gombo Basella Carotte Aubergine
Figure 8 Apport énergétique des légumes
divers (100g) à la sécurité alimentaire Source : Auteur,
2004
De ce qui précède, la contribution des
légumes divers produits à Kinshasa, en calories et en
protéines par tête d'habitant se présente enfin dans la
figure ci après :
Figure 9 Contribution (par tête d'habitant) des
légumes produits à Kinshasa à la sécurité
alimentaire
Contribution (par tête d'habitant) des légumes
produits à Kinshasa à la sécurité alimentaire
1,3 kcal
8,1g
Calories en Kcl Protéines en g
Source : Auteur, 2004 calculs effectués sur base des
données de Houyoux (1986), PNUD - SOCOMEG (2000) et Nkwembe (2002).
Par tête d'habitant, la filière
maraîchère contribue jusqu'à 1,3 kcal et 8,1g des
protéines. Bien que relativement insuffisante, elle constitue un
complément nutritionnel intéressant par rapport à la
sécurité alimentaire.
Il est un fait que la disponibilité en quantité
et en qualité, l'approvisionnement permanent en légumes produits
localement et l'accessibilité de la population à ces
légumes constituent des facteurs viables de contribution de la
filière maraîchère à la sécurité
alimentaire.
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