3.2.4. Facteurs de production dans la filière
maraîchères à Kinshasa
Comme toute autre activité de production, les
productions maraîchères nécessitent une certaine
maîtrise des conditions naturelles. La nature fournit les matières
qui, transformées par le travail et le capital seront aptes à la
satisfaction des besoins.
3.2.4.1 Terre
Relativement au régime foncier, la loi de
197310 donne théoriquement la propriété
exclusive de la terre à l'Etat et supprime les droits des anciens chefs
de terre. Or, en pratique on constate qu'il y a souvent un mélange de
pouvoir entre l'administration et les autorités coutumières. En
effet, ces dernières essaient souvent de conserver leur pouvoir en
obtenant les concessions de leurs anciens territoires. Pour obtenir cette
concession, elles doivent faire preuve de la mise en valeur des sols. Ce qui
conduit souvent à une occupation sommaire de ceux -ci. Cette occupation
rudimentaire des terres devient parfois très gênante pour la
réalisation d'aménagements agricoles ou urbains, ainsi que pour
l'aménagement de centres maraîchers.
Elle constitue le premier facteur de production et sa valeur
à cet égard est très variable selon la nature du sol, le
climat, les possibilités d'irrigation et de fertilisation, etc. A lui
seul, la terre n'est pas suffisante selon Piclet cité par Cishugi
(1998), car il suppose le travail. Les volumes des productions
maraîchères varient bien entendu selon les superficies des
exploitations et celles des plates-bandes ainsi que le nombre de ces
dernières.
10 La loi BAKAJIKA de 1973 consacre la
propriété exclusive de la terre à l'Etat Congolais.
3.2.4.2. Travail
Le travail reste le second facteur et se rapporte aux
différentes tâches agricoles qui sont : le labour, l'enfouissement
de la matières organique, le semis, le sarclage, la récolte, etc.
Economiquement, le travail est un effort conscient en vue de produire un bien
ou un service.11
Trois conditions sont nécessaires pour qu'il ait travail
:12 l'effort physique et spirituel, la conscience et la
productivité.
3.2.4.3. Capital d'exploitation
En vue d'assurer la production, le maraîcher doit
disposer des frais pour les achats divers: les outils et autres instruments
aratoires qui font partie du capital d'exploitation, sans oublier les achats
courants composés de semences et intrants connexes. Le capital constitue
d'une manière générale la richesse d'une exploitation en
dehors du travail et de la terre.
Quant aux intrants agricoles, il y a lieu de préciser ce
qui suit :
a) Semences
Au début des années 80, le P.M.P. assurait la
production de quantités non négligeables de semences pour
certains légumes- feuilles, notamment pour l'amarante, l'oseille, les
feuilles de patate douce, et la pointe noire. Ce sont des légumes
purement congolais. Actuellement, cette production par le P.M.P. est devenue
quasi nulle et les maraîchers sont obligés d'acheter leurs
semences au magasin des coopératives ou chez des marchands
extérieurs au projet.
En général, les maraîchers pratiquent
aussi un peu d'autoproduction de semences. Dans ce but, ils laissent monter en
graines quelques pieds, souvent en bord de parcelle. Cette possibilité
est cependant réduite pour certains légumes qui «
dégénèrent » rapidement dans les conditions locales,
notamment pour les légumes de type européen.
b) Produits et problèmes phytosanitaires
D'après le rapport phytopathologique du service
spécialisé, les problèmes majeurs
sont :
11 KALALA, P. et LANDU, M., Manuel d'économie
politique, Centre de recherche interdisciplinaire sur la gestion et le
développement (CRIGED), ISC/Gombe, Kinshasa, 1996, p.36.
12 Idem.
· les fontes de semis causées par divers agents
pathogènes principalement : Pythium aphanidermatum, Rhizoctonia
solani et Sclerotium rolfsii , qui occasionnent de graves pertes en saison
des pluies ;
· les attaques par différents insectes (surtout des
chenilles défoliatrices et des punaises) pouvant localement être
responsables d'importantes pertes ;
· les différentes maladies cryptogamiques
s'attaquant aux diverses cultures (le cas le plus grave semble être
l'attaque d'Alternaria sp. sur l'oseille).
Il faut souligner que les légumes de types
européens posent beaucoup plus de problèmes phytosanitaires et
que leur culture durant la saison des pluies est quasi impossible sans
artifices financièrement et techniquement difficile à
envisager.
c) Fertilisants
Vu le cycle court de la plupart des légumes
cultivés, il est préférable d'utiliser un engrais
rapidement assimilable mais l'inconvénient est alors qu'il faudra avoir
soin d'en apporter fréquemment et que chaque dose soit fonction des
besoins réels. Mais le coût des engrais chimiques pose des
problèmes et peuvent être remplacé par les fertilisants
organiques.
Cet apport de matière organique ou engrais biologique
(le compost) est d'autant plus important que les sols très sablonneux de
la région de Kinshasa ont naturellement une teneur faible en argile et
humus, ce qui se traduit par une faible capacité de rétention des
substances nutritives et de l'eau.
Les principales fumures organiques utilisées ne sont
autres que : le compost, les parches de café, drèches de
brasserie, les feuilles de manguier, ainsi que différentes plantes
herbacées.
Relativement aux fumures organiques, il est important de
souligner que les ordures étant constitués de près de 80%
de matières organiques biodégradables CRB, (1999), peuvent
être utilisées pour résoudre le problème de la
dégradation de sol.
d) Petit outillage
La plupart des agriculteurs cultivent leurs terres avec des
instruments manuels, dont des houes en métal, des machettes, fourche,
râteau, binette, arrosoir, brouette et éventuellement le
pulvérisateur. D'une manière générale, on constate
que le matériel utilisé est assez vieux, ce qui résulte de
l'investissement assez important que constitue l'achat de
nouveau matériel, mais aussi d'un certain manque de
disponibilité de matériel de bonne qualité.
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