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Libéralisation de la filière coton au Bénin

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par Edmond TOTIN
Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Diplôme d'Ingénieur Agronome 2004
  

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8. PRODUCTEURS ET INNOVATIONS AGRICOLES COTONNIERES

Dans ce chapitre, nous aborderons les rôles de chaque catégorie d'acteurs (recherche, vulgarisation et paysannat) dans la génération des technologies agricoles. Nous nous baserons sur la Lutte Etagée Ciblée (LEC), nouvelle technologie de contrôle des ravageurs, actuellement en vulgarisation dans les milieux cotonniers.

8.1 Une forme de IPM dans le contrôle des ravageurs au Bénin: la Lutte Etagée Ciblée

L'augmentation de la production nationale en coton (de 272.371 tonnes en 1993 à près de 400.000 tonnes en 2000 (OBEPAB, 2002)) rythme également avec le niveau de consommation de pesticides ( de 1.972.764 litres en 1993 à 2.314.127 litres en l'an 2000 (OBEPAB, op cit)). L'utilisation de pesticides dans la production cotonnière présente de sérieux risques aussi bien pour les producteurs que pour l'environnement, ce qui impose la recherche de méthodes alternatives de contrôle des ravageurs. D'où l'initiative de la Lutte Etagée Ciblée expérimentée au Bénin depuis 1988.

La Lutte Etagée Ciblée (LEC), telle qu'elle est pratiquée au Bénin, constitue une méthode de contrôle des ravageurs qui consiste à choisir et à appliquer, si nécessaire suivant le calendrier habituel de traitement, une ou plusieurs matières actives en concentré emultionnable selon le degré d'infestation du champ observé.

> Avantages de la LEC

La technologie présente de nombreux avantages à savoir :

Selon la recherche, la technologie rend les producteurs plus aptes à reconnaître les ravageurs avec leurs dégâts, de même que les types de produits avec les doses à appliquer selon l'intensité des infestations. En concentrant plusieurs matières actives, la LEC permet de faire efficacement face à la résistance observée chez certains ravageurs dont le cas le plus frappant du H. amigera dans les zones de forte production.

Du fait qu'elle soit appliquée sur seuil, la technologie permet de limiter les nombreux dommages (intoxication, pollution) causés aux producteurs et à l'environnement au cours des traitements phytosanitaires.

Pour les producteurs, l'avantage la plus en vue au niveau de cette technologie reste la réduction des coûts de traitement, ce qui améliore les recettes de production en fin de campagne. Les traitements LEC coûtent environ 24.000F contre 53.000F pour les traitements classiques. Les producteurs manifestent un intérêt à la technologie, non pas à cause de son

caractère de protection (des producteurs et de l'environnement), mais plutôt à la réduction des charges de production.

> Contraintes de la LEC

A côté de ces multiples avantages, la technologie demande plus d'efforts aux producteurs. Elle impose l'obligation d'aller observer les ravageurs au champ, la veille ou l'avant-veille du traitement afin d'évaluer la charge parasitaire. Pour des grandes exploitations, il est souvent difficile aux paysans de faire ces observations, ce qui revient à compter les insectes sur 400 à 500 plants pour les exploitations de 10 à 12,5 Ha.

Dans le même temps, les paysans-observateurs formés pour la tâche sont pris en charge par les producteurs ( à raison de 250F par Ha traité) pour leur prestation. Ces diverses contraintes limitent l'adoption du paquet au niveau des paysans (observation des champs et traitement avec les produits chimiques recommandés pour la LEC).

Tableau 7: Pratique de la LEC dans les milieux d'étude.

Paramètres

Observation + produits
LEC

Produits LEC seulement

Observation traditionnelle
+ produits LEC

Suanin

3/15 (20%)

5/15 (33%)

7/15 (47%)

Sakarou

1/12 (08%)

6/12 (50%)

5/12 (42%)

Dèbou

2/8 (25%)

4/8 (50%)

2/8 (25%)

Kori

2/11 (18%)

5/11 (45%)

4/11 (37%)

TOTAL

17%

43%

40%

Source: Enquête N'Dali, 2004

L'analyse du tableau 6 montre que très peu de producteurs (17% de l'échantillon) pratiquent l'observation telle qu'exigée par l'approche LEC. La principale raison évoquée par les paysans pour justifier la «non-observation » des plants avant traitement, suivant la méthodologie de la LEC, est la contrainte temps qu'impose cette opération. En effet, pour 1 ha, il faut observer 40 plants pour évaluer le degré d'infestation et juger de la nécessité de traiter ou non le champ.

La pratique traditionnelle consiste à observer les plants sous ombrage (plants situés sous les arbres laissés dans les champs) et à apprécier leur état par rapport à ceux exposés au soleil. Si un grand nombre des plants situés à l'ombre (environ 45%) présentent un état de flétrissement par rapport à ceux exposés au soleil, la pression parasitaire est forte et le champ devra être traité. Cette pratique traditionnelle permet aux paysans de gagner du temps.

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