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Libéralisation de la filière coton au Bénin

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par Edmond TOTIN
Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Diplôme d'Ingénieur Agronome 2004
  

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6.5 La libéralisation de la filière et le transfert de pouvoir aux mouvements paysans

Avec le projet de libéralisation du secteur cotonnier, l'Etat s'est engagé à transférer un certain nombre de ces fonctions aux organisations paysannes, dont les activités de production et de commercialisation. Mais le transfert de pouvoir aux producteurs a t-il changé leur position de «subordonné» dans le système coton ?

6.5.1 Les producteurs et la fixation du prix du coton graine

Le prix du coton est généralement fixé, à l'ouverture de la campagne de commercialisation, par des comités nationaux formés de représentants du gouvernement, de l'organisme public de commercialisation et d'organisations de producteurs.

Les prix aux producteurs dépendent pour une large part, du prix du coton sur le marché mondial et de la rentabilité des activités de transformation et de commercialisation du coton. Le prix du coton graine est aussi influencé par les contextes politiques. Ainsi, en 1998- 1999, le prix aux producteurs a été fortement influencé par les enjeux électoraux, passant ainsi de 165 F (en 95-96) à 200 F (en 97-98) puis à 225 F(en 98-99), le prix le plus culminant de toute la série, depuis la production du coton au Bénin.

Malgré l'implication des producteurs dans ces processus de fixation des prix du coton, la tendance est restée constante. Ainsi, le partenariat entre les acteurs dominants de la filière et le paysannat se trouve déséquilibré et les producteurs ne parviennent pas à influencer les décisions ou même à se faire entendre pour défendre leurs propres intérêts. Les producteurs sont alors contraints à subir toutes ces décisions prises pour eux et « avec eux » mais sans une réelle intégration ou un véritable pouvoir pour influencer le système. Ainsi, ils se trouvent obligés, dans le cadre de la restructuration du secteur, d'intégrer les prises de décisions ; mais quand il s'agit de défendre les intérêts des acteurs représentés, on pense que là n'est pas leur rôle.

Il s'agit là d'un véritable paradoxe qui caractérise les pratiques des acteurs dominants de cette filière où il semble que le paysan ne peut être à la fois «bon à produire» et «bon partenaire» avec qui on devra négocier (Oloulotan, 2001). Ce paradoxe traduit assez bien le climat qui règne actuellement au sein du monde de développement en ce sens que, si certaines personnes pensent que les responsables paysans peuvent (ou doivent) contribuer avec efficacité à la bonne gestion de leur filière, d'autres, très attachées à une logique très ancienne de répartition des rôles au sein de la filière, ne font pas d'effort pour accepter que les paysans soient capables de prendre en main leur destin.

Est-ce que les mouvements paysans peuvent influencer les prix des intrants agricoles ? La forte dépendance des intrants coton et du système de crédit d'intrants, fait en sorte que la filière coton est très susceptible à des troubles d'ordre organisationnel ou institutionnel. Si ces intrants arrivent tard dans la saison ou s'ils sont de mauvaise qualité, la production en prend un coup.

Conscients de cette position clé qu'ils occupent dans la filière, les distributeurs d'intrants n'entendent pas négocier le prix des intrants avec les producteurs. Les prix de vente des intrants sont fixés par une commission et homologués par le gouvernement après transmission des propositions de prix. Dans le système, les producteurs, tout comme dans le cas de la fixation des prix d'achat du coton graine, n'ont pas une force déterminante pour influencer les prix. Le désengagement de l'Etat a certes donné des droits aux organisations paysannes, mais ils semblent ne pas être acceptés par les autres acteurs, les plus dominants du système.

6.5.2 Effets de la réforme sur le bien-être des producteurs de coton

Les achats de coton cumulés pour les trois campagnes ont généré près de 205 milliards de F CFA versés à divers acteurs de l'économie nationale (CAPE, 2004). Environ 60% de ce montant, soit 123 milliards sont allés directement vers les producteurs dans le cadre du paiement du coton vendu. La différence, soit 82 milliards de F CFA est allée vers le secteur de la distribution des intrants agricoles.

Au titre des ristournes payées toujours aux producteurs, environ quatre milliards ont été versés à ceux-ci.

De façon analytique, le cumul des revenus primaires (à l'endroit des producteurs) déversés dans la filière chaque année se chiffre en moyenne à plus de 45 milliards. Cette importante somme doit avoir une incidence sur le niveau de vie des producteurs si elle est bien utilisée. Quant aux ristournes et frais de prestation de service, ils sont destinés à assurer

20

15

10

5

0

Petits prodcteurs Gros producteurs

6 trait à dose normal Moins de 6 trait Plus de 6 trait

Traitements

le fonctionnement des OP et à la réalisation d'infrastructures socio-communautaires.

Les réformes entamées (censées profiter aux producteurs), n'ont pas permis d'améliorer le prix d'achat aux producteurs. Le prix au producteurs est resté sensiblement stable (autour de 200 F) alors que le prix des intrants et celui du coton sur le marché international ont fortement varié, avec une tendance à la hausse. Les réformes entamées ne semblent pas améliorer le bien-être des paysans. Dans tous les cas, la question majeure qui préoccupe tous les acteurs de la vie économique est de savoir quel sera l'avenir du secteur après sa libéralisation complète. D'aucuns pensent que la libéralisation de la filière exposerait les producteurs de coton à des risques liés au secteur et particulièrement la volatilité des cours mondiaux du coton pouvant leur être préjudiciable. Par contre la Banque Mondiale (Baffès, 2002) est plus optimiste et elle pense qu'une réforme bien conduite et transparente du secteur cotonnier améliorerait sa contribution au développement économique, en particulier au développement des zones rurales à travers une amélioration du prix au producteur (une réduction de l'écart du prix aux producteurs au prix international).

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote