6.2 Recherche cotonnière
Avant l'entrée en jeu des nouveaux acteurs
privés, la recherche cotonnière était supportée par
l'Etat à travers la SONAPRA. A côté de cette source, la
recherche est aussi financée, pour une bonne part, par des institutions
étrangères (cas du CIRAD, partenaire Français). Mais ce
processus de libéralisation, avec le désengagement de l'Etat du
secteur cotonnier, n'a pas su définir, au niveau national, la structure
qui devrait prendre en charge le financement de la recherche cotonnière.
Dans ce climat d'incertitude qu'a laissé apparaître la
réforme institutionnelle amorcée après 1995, l'AIC s'est
trouvée contrainte de greffer cette charge sur son compte. La recherche
est alors supportée par les producteurs et les égreneurs
à
travers les fonctions critiques. Mais pour combien de temps
l'AIC va t-elle continuer à supporter la recherche ? Surtout que de plus
en plus, les dissidences au niveau des groupes professionnels ne permettent
plus à l'Interprofession de récupérer entièrement
les fonctions critiques chez tous les acteurs. Dans ce cas, la recherche
serait-elle seulement orientée vers les groupes qui continuent de verser
les fonctions critiques à l'Interprofession ?
Avant la mise en place des réformes enclenchées
dans le secteur cotonnier, la recherche a souvent en vue, les pôles
d'intérêts des organismes de commercialisation (SONAPRA), et non
ceux des producteurs (Goreux et Macrae, 2003). Ainsi, la sélection des
variétés du coton aurait surtout été
concentrée sur l'amélioration des produits de l'égrenage
et des caractéristiques du coton brut, plutôt que sur les
résultats au niveau du champ. Mais avec la réforme actuelle
où les producteurs participent aussi au financement de la recherche,
à travers les fonctions critiques, elle se doit de satisfaire aussi les
exigences de ces catégories. Il s'agit d'identifier des
variétés d'une part, avec de bonnes performances à
l'égrenage (longue fibre, taux d'égrenage élevé)
pour satisfaire les attentes des égreneurs et d'autre part à haut
rendement et résistantes aux attaques parasitaires, ce qu'exigent les
producteurs. La recherche se trouve partagée entre les exigences de ces
deux groupes d'acteurs.
La nouvelle variété introduite depuis 2002, la
H.289.1 qui a remplacé la STAM-1 8-A, semble ne pas prendre
entièrement en compte, les intérêts de chacune des deux
parties. Elle ne donne pas des fibres aussi longues que l'auraient voulu les
égreneurs mais par contre, elle a un bon rendement au champ, mais plus
sensible aux attaques. En attendant la mise au point de la
variété qui satisferait toutes les attentes, on ne peut que
saluer les efforts consentis par la recherche.
Les objectifs de la recherche varient suivant les
intérêts des bailleurs. Si les distributeurs d'intrants
participent au financement de la recherche, elle pourrait alors s'orienter vers
les intérêts de ceux-ci : favoriser l'écoulement de leurs
produits quels que soient leur qualité et leur prix, alors que les
producteurs auraient davantage besoin de techniques agricoles utilisant peu ou
pas d'intrants chimiques. Dans tous les cas, la recherche se doit de faire face
à des intérêts divergents et pour la maintenir dans une
position objective, avec le souci d'améliorer la production et la
situation économique des producteurs, elle devrait avoir des fonds
garantis ou elle serait appuyée par des structures neutres.
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