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Libéralisation de la filière coton au Bénin

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par Edmond TOTIN
Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Diplôme d'Ingénieur Agronome 2004
  

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3. REVUE DE LITTERATURE

3.1 Analyse de quelques concepts

3.1.1 Notion de filière

La notion de filière revêt différents aspects selon les auteurs et plusieurs approches sont utilisées pour la définir.

Fabre (1994) définit la filière de production comme étant l'ensemble des agents économiques qui contribuent directement à la production puis à la transformation et à l'acheminement jusqu'au marché de réalisation d'un même produit agricole. Pour cet auteur, l'agent économique est un acteur / opérateur économique ou encore une cellule élémentaire intervenant dans l'économie en étant un centre autonome d'action et de décision.

Cette considération d'acteur économique peut amener à voir la filière comme un rassemblement d'agents économiques autonomes, sans une interdépendance et sans aucune influence réciproque dans la prise de décision. Ainsi, la filière apparaît simplement comme un mode de découpage et de représentation de l'appareil productif sans une vision sur la synergie ou le niveau de dépendance qui existe entre les différents maillons.

Veron (1990), perçoit la filière comme un type d'organisation d'une production (et des activités en amont et en aval) caractérisé par la combinaison d'opérations techniques conduisant d'un produit primaire au bien transformé et à la structuration des acteurs ayant à charge ces opérations. Il poursuit pour donner une autre conception qui vient spécifier la fonction méthodologique de la filière qui est fondée sur une certaine segmentation de la réalité économique ainsi que sur un regroupement vertical des activités étudiées. Elle privilégie une approche qui met l'accent sur les relations techniques et institutionnelles au sein du segment étudié et sur sa dynamique interne.

Cette définition de Veron fait alors de la filière une formalisation sous forme d'un modèle d'explication de l'organisation des flux et des acteurs, modèle centré sur les relations d'interdépendance.

Abordant la notion de filière sous le même angle que Veron, Hugon (1992) met en évidence la fonction de synergie qui existe entre les divers compartiments d'une filière dont l'analyse permet de repérer l'espace de déploiement des stratégies des acteurs. L'analyse des différents acteurs d'une filière permet alors de faire sa décomposition en plusieurs éléments,

«segments» qui s'enchaînent de l'amont vers l'aval, afin de connaître le fonctionnement et les dynamiques du système (Hugon, 1992).

Bérould (1999) quant à lui, en distinguant les segments, voit la filière cotonnière comme l'ensemble des opérations relatives à la production, à l'égrenage et à la commercialisation du coton-graine en amont et des produits finis que sont la fibre et les coproduits ( graine, huile, tourteaux) en aval.

Dans le cadre de la présente étude, nous fonderons notre analyse sur la notion de filière selon la conception de Hugon (1992) qui met en évidence les interrelations entre les divers compartiments mais nous nous limiterons aux opérations qui vont de la production à l'égrenage compte tenu du temps qui est accordé à cette recherche.

3.1.2 Notion d'acteurs

Selon Grimble et Wellard (1996), la notion d'acteurs est utilisée pour désigner tout groupe de personnes, organisées ou non et partageant un intérêt, dans un système donné.

De là, l'analyse des acteurs paraît une approche holistique pour gagner la compréhension d'un système ou pour examiner les divers changements intervenus dans le système en utilisant des acteurs clés ou les « stakeholder » afin d'évaluer leurs intérêts respectifs.

En général, les diverses parties d'un système, en face d'un intérêt ou d'un objectif, développent des stratégies particulières pour protéger des intérêts implicites. Ainsi, le plus souvent, les acteurs d'un système ne sont pas d'avis commun ou ne partagent pas les mêmes opinions sur des actions du système (Jiggins et al, 2003). Par rapport à cet aspect, l'auteur perçoit les acteurs comme des individus ou des groupes qui ont des enjeux ou de réels intérêts matériels en vue, dans une situation donnée. Ainsi, chaque acteur est considéré comme un être stratégique et rationnel ( Motta, 2003) qui cherche à satisfaire ses besoins dans un système. Sa stratégie lui est propre et il agit selon sa logique. Cette rationalité est dite « limitée » (Long, 1989) par le fait qu'un acteur agit en ajustant les moyens aux fins désirées.

Dans toute organisation, des règles formelles sont établies, et même si les dirigeants pensent tout prévoir, il reste toujours des zones d'ombre, dites « d'incertitude » ( Motta, 2003) qui sont sources de pouvoir pour les acteurs et chacun essaie, par tout moyen possible de préserver cette zone d'incertitude. Ainsi tout système aussi structuré soit-il, laissera toujours des marges d'autonomie à ses acteurs. Plus il y a de règles et plus les divers acteurs se créent des marges de manoeuvre, observant ainsi une source de pouvoir non prévue dans ces règles (Jiggins et al, op cit ).

Le pouvoir ou le leadership naît de l'interdépendance des acteurs et de la maîtrise des zones d'incertitude Motta (2003). Etre le seul à détenir un savoir-faire procure à l'acteur un pouvoir qui ne lui sera disputé que si d'autres acteurs apprennent ce savoir-faire (Helbriegel et al, 1989.).

Dans un système, les acteurs peuvent se situer à n'importe quel niveau ou position dans la société (niveau global, national, régional ou familial) et comme Freeman (1984), Jiggins et al (2003), ont distingué dans leur typologie trois classes d'acteurs.

Dans la première classe, Jiggins et al (2003), distinguent les acteurs qui initient les décisions ou les actions, les acteurs du premier ordre. Dans le cas de notre étude, nous pouvons assimiler l'Etat à cet acteur qui initie les différentes réformes pour organiser le secteur agricole.

La deuxième classe regroupe ceux qui sont affectés ou concernés par ces décisions ou ces actions, les bénéficiaires ou les acteurs de deuxième ordre. Ces acteurs peuvent être affectés positivement ou négativement par la décision (le cas précis des producteurs qui subissent toutes les conséquences des réformes du secteur). Ils peuvent aussi être engagés de façon active ou passive selon le degré d'implication dans l'exécution de l'action. Cette classe pourrait concerner plus les acteurs à la base, les producteurs notamment.

Enfin la troisième catégorie d'acteurs d'un système, regroupe ceux qui supportent, soutiennent ou entravent l'évolution normale des décisions et en général, influencent l'action soit positivement ou négativement (acteurs intermédiaires). Dans cette dernière classe, nous rangerons les groupes qui appuient (en intrant ou en conseil technique) la production. Les parties qui sont affectées positivement vont certainement supporter ou même faire la promotion des décisions tandis que celles qui se sentent affaiblies par ces mesures vont s'opposer à son évolution normale.

Grimble et Wellard (1996) se basent sur l'importance des individus dans un système pour faire une catégorisation des divers acteurs. Mais dans ce cas, la notion d'importance fait allusion à la priorité des intérêts alors que l'influence se réfère plus au pouvoir que certains acteurs possèdent dans un système.

La conception de Jiggins et al (2003) pourrait être adaptée au contexte de cette étude pour une analyse des diverses catégories d'acteurs identifiés, mais nous mettrons plus l'accent sur les « gains » ou les « pertes » d'intérêts au niveau de ces acteurs.

Nous nous proposons, à partir de ces différents aspects de la notion d'acteur, de définir d'autres concepts dont celui de conflit, de pouvoir et de leadership, pour mieux aborder notre analyse.

3.1.3 Le concept d'institution /organisation

La frontière entre les notions d'institution et d'organisation n'est pas tranchée; il est très courant d'éprouver des difficultés quant à établir la différence entre ces deux concepts.

Selon Stockhaussen (1984) cité par Amoussou (2001), «les institutions sont l'ensemble des règles politiques, sociales et légales fondamentales qui régissent les bases de la production, des échanges et de la distribution; ainsi que les arrangements entre les unités économiques qui définissent la façon dont ces unités peuvent compétir ou coopérer.»

Bartoli (1988) définit la notion d'organisation comme étant un groupe d'hommes constitué sciemment dans le but d'atteindre un certain objectif.

Ces deux définitions montrent q'une institution est relative aux lois, aux textes et accords pendant que l'organisation est une structure ayant un objet social. Cependant, en pratique, certaines institutions peuvent être des organisations; c'est du moins ce que suggère la convention de Uphoff (1992) et Flower (1992) cité par Pretty (1995) selon laquelle, il y a plusieurs types d'institutions dont certaines sont en même temps des organisations et d'autres non.

Selon Pretty (op cit.) « Une institution est un complexe de normes et de comportements qui persistent dans le temps en servant une valeur sociale», alors qu'une `` organisation est une structure qui joue un rôle déterminé.» Ainsi, l'organisation se base sur des normes ou un cadre institutionnel pour fonctionner.

Dans le cadre de notre étude, la notion d'institution étant étroitement associée à celle de l'organisation, le concept d'institution se réfère aux principes de base qui servent de fondement aux diverses organisations.

3.1.4 Notion de conflit

Les premiers travaux en anthropologie africaniste qui aient systématiquement abordé la réalité sociale par le biais des conflits sont conduits par Gluckman (1956). L'usage que ce dernier fait de cette notion de conflit renvoie à trois dimensions d'analyse.

Au niveau empirique, le conflit reste un élément inhérent à toute vie sociale. Ainsi, toutes sociétés ou toutes organisations sociales sont traversées par des conflits du fait de la divergence de leurs objectifs ou de leurs intérêts.

Dans son analyse structurelle, Gluckman, cité par de Sardan (1995), montre que la notion de conflit évoque des différences de positions. Autrement, les sociétés, aussi petites

soient-elles et aussi dépourvues soient-elles de formes institutionnalisées, sont divisées et clivées. Ces divisions sont entretenues par des codes culturels. Les conflits expriment donc des intérêts différents liés à des positions sociales différentes.

Enfin, la dimension fonctionnaliste montre que les conflits qui semblent vouer les sociétés à l'émiettement ou à l'anarchie, concourent au contraire à la reproduction sociale et au renforcement en dernière analyse de la cohésion sociale. Ils permettent ainsi de maintenir le lien social.

Ces différents postulats développés par Gluckman (1956) soulignent les divers niveaux d'analyse du conflit. Mais au niveau de la dimension structurelle, il convient de souligner l'existence d'une marge de manoeuvre pour les individus (Long, 1989). Les conflits ne renvoient pas seulement à des différences de position dans la structure sociale. Ainsi, un conflit entre personnes ou entre groupes n'est pas que l'expression d'intérêts ou «d'objectifs '' opposés, mais aussi l'effet de stratégies personnelles, plus ou moins liées à des réseaux et organisées en alliance (Long, 1989).

En partant de l'analyse empirique de Gluckman, ICRA (2003) reconnaît que les conflits naissent du désaccord entre deux ou plusieurs parties, du fait de l'incompatibilité de leurs objectifs, de leurs intérêts, de leurs perceptions ou encore de leurs valeurs. Cette notion évoque donc la diversité des valeurs et des croyances ou des paradigmes au sein des acteurs dans un système. Ainsi, la réunion de diverses parties-prenantes demande une parfaite connaissance des intérêts explicites et même parfois implicites et des théories qui fondent la conception des différents acteurs en présence.

Selon Grimble et Willard (1996), les conflits sont des situations de compétition et de potentiels désagréments entre deux ou plusieurs groupes d'acteurs dans un système sur l'utilisation de l'une ou l'autre ressource rare. Cette conception de Grimble rejoint la dimension empirique de Gluckman et celle de ICRA (2003).

March (1987) donne une conception de la notion de conflit à partir des processus de prise de décision. Selon ce dernier le conflit s'identifie à un blocage des mécanismes normaux de la prise de décision, de sorte qu'un individu ou un groupe éprouve des difficultés à opérer le choix de son action. Cet auteur discerne trois principales classes de phénomènes conflictuels.

- conflits individuels qui concernent les prises de décisions personnelles. Ces types de conflit peuvent surgir de l'inacceptabilité, de l'incompatibilité ou même dans des cas d'incertitude.

- conflits organisationnels qui concernent les groupes ou des individus dans une organisation.

- conflits inter-organisationnels qui concernent les distorsions entre des organisations ou des groupes.

Il est possible d'établir une liaison entre ces trois niveaux. Les conflits organisationnels peuvent provenir des problèmes de décision individuelle et il est fréquent de constater que des conflits entre groupes surviennent au sein des organisations de grandes dimensions.

Dans notre étude, nous privilégions plus les dimensions empirique et structurelle d'analyse des conflits qui nous paraissent assez complètes pour aborder notre sujet. Mais toutefois, nous mettrons un accent particulier sur les stratégies personnelles développées par chaque acteur pour satisfaire ses propres besoins.

3.1.5 La notion du pouvoir dans les organisations paysannes

Selon Weber (1957) cité par Vodouhè (1996), le pouvoir est l'équivalent de la tyrannie. Il se définit comme la probabilité qu'un acteur d'un secteur social donné soit en mesure de faire sa propre volonté, en dépit des résistances et quelle que soit la base sur laquelle repose cette probabilité.

Dahl (1961) en poursuivant dans la même logique que Weber, indique que le pouvoir fait référence à l'ensemble de relations entre les unités sociales de telle sorte que les comportements d'une ou de plusieurs unités dépendent, dans certaines circonstances, du comportement d'autres unités. Le pouvoir évolue ainsi, suivant les interrelations entre les différentes parties en présence.

En abordant une autre dimension de l'analyse du pouvoir, Bennis et Nanus (1985) mettent en évidence la polyvalence de cette notion. En effet, dans une société, un individu présentant une puissance sur un plan peut ne pas l'être sur un autre, de sorte que tous les individus d'une organisation pourraient présenter chacun une domination spécifique. Mais dans certains systèmes, tous les pouvoirs peuvent être concentrés en un seul individu.

Dans une association, plusieurs sources de pouvoir peuvent être distinguées et le pouvoir naît le plus souvent du contrôle de domaines de grands intérêts par un groupe d'acteurs (Hermel, 1988). La source de pouvoir peut être formelle ou informelle (Hermel, op cit). Le pouvoir formel est celui officiellement reconnu à un individu. Cette notion de pouvoir formel peut être vue sous plusieurs angles.

En effet, Hermel (op cit) considère que des pouvoirs formels existent à différents niveaux dans l'organisation, autre que dans la relation « patron-client ». Ainsi, si comme le propose Minzberg (1986), le pouvoir est « tout simplement la capacité à produire ou à modifier les résultats ou effets organisationnels », alors le phénomène de pouvoir ne met pas nécessairement plusieurs acteurs en jeu mais peut n'en concerner qu'un seul.

Toujours dans le cadre du pouvoir formel que le « patron » peut exercer à l'égard de ses « subordonnés », il est possible de considérer qu'il s'agit au départ d'un pouvoir potentiellement total (car unilatéral) (Luce et Raiffa, 1957), mais que plusieurs facteurs peuvent conduire à un autre mode de répartition et d'exercice de ce pouvoir formel. Ainsi, tel « Manager » pourra décider formellement de céder une part de pouvoir à tel Managé dans le cadre d'une certaine délégation ou d'un désir de susciter une initiative chez ses collaborateurs (Hermel, op cit). Ainsi, le partage du pouvoir dans une optique synergique pourrait conduire à une meilleure cohérence interne au niveau d'un secteur d'activités. Cela est d'autant plus important qu'il est possible de mentionner deux phénomènes complémentaires (Hermel, op cit) :

- la liaison entre la motivation et l'intérêt du travail, voire le degré d'autonomie ;

- les possibilités de pouvoirs négatifs ou contre-pouvoirs, en cas de non-motivation ou franche opposition.

Ces phénomènes sont autant liés au pouvoir informel qu'au pouvoir formel.

Au-delà du caractère officiel de la distribution des pouvoirs et de l'autorité de l'organisation, qui donne généralement naissance aux structures organisationnelles, les membres d'une structure peuvent s'attribuer un type de pouvoir caché qui leur permet d'avoir une importance sociale (Etzioni, 1961). Sans nécessairement être managers, ils exercent une influence qui fait d'eux des leaders charismatiques (Etzioni, op cit).

Le pouvoir informel que possèdent tous les acteurs d'une organisation, à quelque niveau qu'ils soient, capables par des comportements de passivité, de réticence, voire de « sabotage», de compromettre toute décision des personnes à pouvoir formel (Hermel, op cit).

Bernis et Nanus (1985) en faisant une analyse approfondie sur les dysfonctionnements engendrés par ce type de comportement non productif, révèlent l'importance réelle des incidences de ces formes indirectes de pouvoir de sorte que le fonctionnement réel de l'organisation reste le résultat de l'influence réciproque des aspects formels et informels.

3.1.6 Notion du leadership

La notion de leadership varie suivant les auteurs. Pour certains, Feinstein (1986) ; Vroom et al (1988), l'image du leader est celle d'un personnage sage et paternaliste qui prend toutes les décisions et dirige seul une organisation. Cette image du leadership renvoie à la capacité d'un individu à produire une certaine influence sur d'autres personnes au cours d'une interaction réelle, comme un échange de point de vue ou une prise de décision en commun (Fournout, 2003). Le leadership joue alors un rôle crucial dans la mise en application des réformes car il implique deux des aspects les plus importants de la notion de réforme: le changement et les hommes (Bass, 1985). En effet, le leadership se manifeste dans les relations interpersonnelles et un bon leader inspire les hommes. Il contribue à la diffusion et au maintien de nouvelles valeurs nécessaires à une réforme dans un secteur donné, en insufflant un véritable changement du comportement des membres de l'organisation selon les normes de la réforme (Feinstein, 1986).

Helbriegel et al (1989), dans une analyse comparative, établissent une distinction entre les rôles du leader et ceux du manager. En effet, diriger, c'est avoir une vision que l'on communique à autrui ; c'est également posséder le pouvoir de la rendre réelle et de l'imposer. Dans cette perspective, les dirigeants sont des personnes qui font ce qu'il faut pour réaliser leur vision. Pour ces même auteurs, les managers sont des personnes qui font les choses comme il faut. Ainsi, gérer c'est diriger le travail des autres et être responsable des résultats obtenus.

En partant des comportements du leader, Helbriegel et al (1989) mettent en place un modèle qui distingue divers types de leader dont :

- le leadership positif qui tient compte des besoins des subordonnés en manifestant de l'intérêt pour leur bien-être et en créant un climat de parfaite collaboration.

- Le leadership directif qui consiste à faire savoir aux subordonnés ce que l'on attend d'eux, en leur donnant des instructions précises. Alors que le leadership participatif intègre la consultation des divers collaborateurs.

Nous développons cette notion avec ses diverses dimensions pour pouvoir établir le cadre dans lequel se place le fonctionnement des diverses structures concernées par notre étude.

Tous ces concepts développés dans cette rubrique de même que les éléments de littérature cités nous aideront à comprendre la situation qui se présente dans le cas de notre étude. Pour ce faire, ils serviront tantôt de références pour les comparaisons, tantôt de

modèles pour des analyses ou pour renforcer les illustrations tirées des cas rencontrés. Ainsi, nous avons grâce à ces éléments de références, des poches de discussions qui guideront notre analyse.

3.1. 7 Les interfaces sociales

Dans la conception sociologique, «l'interface» est un point critique d'interaction ou de contact entre différents niveaux de l'ordre social où les discontinuités structurelles, basées sur les différences de valeurs normatives et d'intérêts sociaux existent (Long, 1989).

Les parties en jeu se différencient en terme de pouvoir. Ce sont des unités sociales (groupes associatifs, paysans membres des institutions, leaders...) avec des intérêts différents, mais qui ont un certain degré d'interdépendance qui les oblige à s'interagir.

Le concept implique une part de face à face entre les individus ou les unités pour différents intérêts. Ainsi, dans le cadre de cette étude, nous pourrons examiner les enjeux et les inter-relations au niveau du système.

3.1.8 Le système de connaissance et d'information agricole

Pour comprendre le fonctionnement actuel du système (filière coton et ses dynamiques), nous ferons recours à une approche systémique notamment le Système de Connaissance et d'Information Agricole (SCIA) de Röling (1988).

Le Système de Connaissance et d'Information Agricole (SCIA) peut se définir comme un réseau d'acteurs devant travailler en synergie afin de faciliter l'innovation dans un domaine donné d'activité humaine. Plus complètement, il peut se définir comme l'ensemble "des personnes, réseaux et institution et les interfaces et liens entre ceux, qui sont impliqués ou qui dirigent la création, la transformation, la transmission, le stockage, la récupération, l'intégration, la diffusion et l'utilisation des connaissances et d'informations, et qui potentiellement opèrent de façon synergique pour améliorer la correspondance entre les connaissances et l'environnement, et la technologie utilisée dans l'agriculture" (van der BAN et al, 1994).

L'approche SCIA constitue donc la base de la gestion de l'innovation parce qu'en tant que perspective partagée par les acteurs, elle permet à ceux-ci de définir une mission collective, de s'accorder sur les voies et moyens d'améliorer le fonctionnement du système. C'est donc une approche holistique d'analyse dans laquelle les phénomènes sont perçus

comme indivisibles. Elle met en exergue le fait que, pour un développement rural, tous les acteurs doivent être impliqués et jouer pleinement leur rôle.

La SCIA prend en compte la recherche, le paysannat et la vulgarisation, secteurs dans les quels interviennent les acteurs des domaines privés ou publics. Nous utiliserons cette approche pour évaluer les effets de la libéralisation sur les différents sous-secteur de la filière cotonnière.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand