3.2 Evolution institutionnelle de la filière coton
au Bénin
Parmi les produits agricoles destinés à
l'exportation, le coton est l'un de ceux dont la culture est de tradition
très ancienne au Bénin. Sa zone de production s'étend plus
particulièrement du nord-Mono (Couffo) au nord-Ouémé
(Plateau), en passant par le ZouCollines, avec une concentration dans le
septentrion (Borgou-Alibori). Le développement institutionnel de la
filière a connu plusieurs phases en relation avec les orientations
générales des politiques de développement et de
l'organisation de l'appareil productif. Cette évolution de la
filière peut être analysée en cinq phases remarquables
(Oloulotan. 2001).
? La période d'avant 1960, caractérisée
par une production insignifiante avec un niveau d'organisation relativement
faible. Pendant cette phase, la filière a été
gérée, dans un premier temps, par l'administration coloniale.
Mais avec le désengagement de cette dernière au lendemain de la
seconde guerre mondiale, les coopératives privées de services
(Union des Coopératives Dahoméennes, Union des Mutuelles
Agricoles de Savè, ...) ont vu le jour et se chargeaient de la collecte
primaire du coton.
? La période de 1960 à 1972 où, sous
l'impulsion des sociétés de développement comme la
Compagnie Française de Développement des Fibres et Textiles
(CFDT) et la Société d'Assistance Technique et de
Coopération (SATEC), la production nationale a enregistré une
croissance record de 50.000 tonnes de coton-graines à la campagne
1972-1973. Cette croissance s'expliquait par l'augmentation
régulière des surfaces emblavées et le
développement de la recherche dans le secteur cotonnier. Les
sociétés de développement étaient chargées
alors d'assurer la collaboration technique entre la filière et les
centres internationaux de recherche (IRAT, IRCT). La méthode
adoptée pendant cette période était plus proche de
l'approche par produit avec une structuration verticale des diverses
sociétés (Institutions internationales-)Institutions nationales-)
Techniciens-)Producteurs), ce qui ne facilitait pas les échanges
horizontaux entre les acteurs. Les organisations paysannes étaient peu
structurées et négociaient directement avec les
sociétés commerciales
? La période de 1972 à 1981: Avec
l'avènement du régime socialiste, un accent particulier a
été mis sur le développement de l'agriculture,
principalement axé sur les cultures vivrières. Il s'ensuit une
chute de la production cotonnière jusqu'à 16.000 tonnes de
coton-graine en 1977- 1978, avec la suspension des contrats entre les
sociétés de développement et l'Etat
révolutionnaire.
? La période de 1981 à 1996 reste
caractérisée par la relance de la production soutenue par les
grands projets de développement rural.
Dans un premier temps, les principales fonctions de la
filière, à l'exception de la recherche sont
exécutées par les CARDER. L'objectif visé était la
mise en oeuvre des politiques de développement rural
intégrées. Les CARDER étaient alors des innovations
institutionnelles pour faciliter la collaboration entre les acteurs, avec une
combinaison des fonctions d'approvisionnement, de commercialisation et de
vulgarisation. Ils assuraient également la gestion des usines
d'égrenage.
Mais en 1988-1989, les CARDER ont été
relayés par une nouvelle société, la SONAPRA du fait de
l'échec des politiques de développement rural
intégré. Ce système a réalisé une
segmentation de la filière séparant ainsi les fonctions de
production des fonctions de commercialisation et d'égrenage.
Malheureusement, cette période reste aussi marquée par des
problèmes liés à:
- la conjoncture économique internationale parfois peu
favorable (fluctuation du taux de change du dollar sur le marché
international, accroissement du niveau mondial de la production...),
- l'insuffisance des infrastructures d'égrenage et de
stockage,
- la méthode de gestion peu efficace de la
filière (...) ayant conduit à un déficit cumulé au
niveau du secteur. Cette situation a été à l'origine de la
libéralisation de la filière coton, objet de négociation
avec les bailleurs de fonds et qui a permis la récupération du
déficit cumulé par la mise en oeuvre de programmes de
réformes efficaces.
? La période de 1996 à nos jours:
caractérisée par l'ouverture de la filière aux
opérateurs privés. La coordination des activités du
secteur est assurée alors par des familles professionnelles (AIC, CAGIA,
CSPR ). Cette libéralisation répond à l'orientation de
l'économie libérale adoptée par le Bénin depuis
1990. Une telle organisation a l'avantage de l'intégration verticale des
fonctions de la filière en remplaçant l'Etat par une
Interprofession forte comme gestionnaire de la filière. Cette
participation accrue du secteur privé dans le sous
secteur cotonnier, fortement contrôlé jusqu'alors
par l'Etat, a constitué une étape capitale dans la mise en oeuvre
de la libéralisation.
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