6.2. LES STRATEGIES DE SECURISATION DES
AUTOCHTONES
Parmi les initiatives de prévention prises par les
autochtones en vue de consolider leur contrôle foncier dans le long
terme, nous pouvons mentionner :
· Le refus de formaliser les règles
d'accès à la terre
Lorsque les migrants accèdent à la terre en
contrepartie d'argent qu'ils estiment élevées, certains d'entre
eux tentent de réclamer des écrits attestant la transaction.
Cette logique n'est pas appréciée par les propriétaires
terriens qui préfèrent conclure avec les migrants des contrats
oraux. Au fait le recours à l'écrit dans les transactions est
perçu comme une perspective de remise en cause de leur contrôle
foncier sur les espaces cultivables.
Le refus de formaliser par l'écrit les transactions
permet aux propriétaires terriens de garantir leur emprise
foncière en anticipant sur toutes les tentatives de revendication des
terres qu'ils ont cédées aux migrants. Mais, il y'a aussi le fait
de percevoir le loyer en nature qui rend les migrants redevables auprès
des autochtones sur le plan foncier.
· La perception du loyer en nature
La rente en nature que les chefs de terre perçoivent
auprès des migrants métayers est un élément qui
leur permet de maintenir une relation de dépendance entre ces derniers
et eux. En effet, il rappelle aux métayers que la terre ne leur
appartient pas, et qu'une quelconque opposition au versement de cette rente
peut entraîner la remise en cause des contrats qui leur lient.
Lorsqu'un exploitant exploite un bien qui lui rend redevable
vis à vis de la personne qui l'a cédé, cela
sous-entendrait qu'il ne t'appartient pas. C'est ce rapport de
dépendance qui lie la majorité des exploitants migrants aux
propriétaires terriens. Car, Ceux que nous appelons migrants
métayers sont dans l'obligation de verser une partie de leurs
récoltes ; dans le cas contraire les champs qu'ils exploitent peuvent
être retirés.
· L'acquisition individuelle des
parcelles
L'attribution des terres du patrimoine collectif aux migrants
est perçue comme une source d'insécurité par de nombreux
jeunes autochtones. Pour garantir leur sécurité en matière
de gestion foncière, ces jeunes revendiquent leurs parts du patrimoine
foncier collectif, en tentant d'acquérir et de gérer de
façon individuelle les terres. Par ailleurs, certains jeunes qui
s'impliquent dans la gestion foncière remettent en cause des contrats
que leurs aînés ont conclus avec des migrants. Cette attitude
permet à cette jeune génération d'autochtones
d'étendre et consolider leur assise foncière dans un contexte
où « la terre est finie ».
CONCLUSION PARTIELLE
La recrudescence des problèmes fonciers ainsi que leurs
incidences à Dèrègouè sont la conséquence de
l'accroissement démographique consécutif à la migration et
au croît naturel. Á ces facteurs démographiques s'ajoutent
des facteurs socio-économiques et politiques liés à la
culture du coton, à l'influence socio-économique des migrants,
à la politique de l'Etat en matière de la gestion des ressources
naturelles, etc.
Cette situation amène certains exploitants à
adopter des stratégies en vue de consolider leurs droits fonciers.
L'accès au droit de planter et le versement régulier du loyer de
céréales sont autant de stratégies mises en oeuvre par les
migrants pour rendre durables leurs droits sur la terre. Par contre, le refus
de formaliser les transactions foncières et la perception du loyer en
nature auprès de ces derniers sont des moyens qui permettent aux
propriétaires terriens d'affirmer leur autorité sur les espaces
cultivables.
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