5.3.2. L'impact de l'aménagement de la zone
pastorale
La création et la délimitation d'une zone
pastorale à Dèrègouè a d'abord
entraîné un rétrécissement des espaces cultivables,
et par conséquent le domaine foncier coutumier des chefs de terre. Cet
aménagement conjugué à la croissance démographique
a aussi accéléré la saturation des sites agricoles et
agro-pastoraux. Ne disposant pas d'assez d'espace de culture dans ces deux
dernières zones, les paysans se sont tournés vers la zone
pastorale où la terre est encore disponible pour y installer les
migrants arrivés dans les années 2000. Ainsi on a assisté
à des défrichements intensifs et l'accroissement des superficies
cultivées. Cette situation a entrainé la recrudescence des
dégâts de champs par les troupeaux de bétail, qui
engendraient des conflits entre éleveurs et agriculteurs. Conscient de
la menace que représente la colonisation agricole de la zone pastorale,
les éleveurs ont interpellé les autorités administratives
sur cet état de fait. C'est ainsi qu'en 2004 des exploitants agricoles
ont été déguerpis de ce site par les autorités
administratives.
La zone pastorale cause des problèmes de manque de
terres cultivables, mais il ne faut pas occulter le manque d'approche
participative lors de son aménagement. En effet, des
balises ont été installées pour marquer les limites de la
zone pastorale d'avec le site agro- pastoral sans que le bien fondé d'un
tel aménagement ne fasse l'objet d'une sensibilisation. Les autochtones
affirment qu'ils n'ont pas été sensibilisés sur le
bien-fondé de la création d'une zone pastorale. C'est pourquoi
à Dèrègouè où l'activité principale
est l'agriculture cet espace réservé aux éleveurs se
trouve être inexistant aux yeux de ses agriculteurs. Cela est soutenu par
une autorité administrative qui pense que le manque de sensibilisation
et d'infrastructures d'élevage sont les raisons explicatives de
l'occupation anarchique de la zone pastorale par les agriculteurs. Ainsi, on
assiste à une recrudescence des conflits qui opposent ces derniers aux
éleveurs à cause des dégâts de champs par le
bétail. Ce qui a amené les
autorités administratives de Sidéradougou a
déguerpi les agriculteurs de la zone au profit des éleveurs.
5.3.3. L'impact des politiques de reboisement
Pour lutter contre l'avancée du désert, des
campagnes de reboisement ont été lancées et les
populations encourager à planter des arbres. Cette action est certes
salutaire, mais à Dèrègouè elle est
appréciée sous divers angles. Pour les migrants, les campagnes de
reboisement encouragées par l'Etat vient mettre un terme à
l'interdiction de planter des arbres dans un champ que leur imposent les
propriétaires terriens. Par contre, les chefs de terre n'approuvent pas
cette politique parce qu'elle encourage les migrants à planter des
arbres dans leur champ sans qu'eux ne soient aviser. Cela vient une fois de
plus remettre en cause de leurs autorités sur la terre.
Les chefs de terre, pour faire face à cette situation,
ont pris une mesure qui a consistée à monnayer le droit de
planter sur les parcelles où ce droit a été au
préalable interdit aux migrants. Ainsi, tous les migrants qui veulent
planter des arbres dans leur champ doivent payer.
L'agriculture étant leur activité principale,
les exploitants de Dèrègouè ne restent pas passifs face
à l'émergence des pratiques qui compromettent la stabilité
de leurs emprises foncières.
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