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les problèmes fonciers en zone de front pionnier agricole: cas de Dèrègouè dans la province de la Comoé

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par Sihé NEYA
Université de Ouagadougou - URF/SH - département de géographie - Maîtrise 2006
  

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5.3. L'INTERVENTION DE L'ETAT

Elle a influencé les pratiques foncières locales par le biais de la RAF, des politiques aménagements du territoire et de reboisement.

5.3.1. L'influence des interprétations locales de la RAF

Si la RAF a été promulgué pour assurer la sécurité des exploitants agricoles et veiller à une gestion rationnelle des ressources naturelles, elle est loin d'avoir atteint ses objectifs dans les zones rurales, notamment à Dèrègouè. Les enquêtes de terrain ont en effet révélé que les textes qui la régissent sont méconnus des paysans. Par ailleurs, même si ces derniers sont au courant de l'existence de ces textes, leurs interprétations et appréciations diffèrent d'un acteur à un autre, notamment des migrants aux autochtones.

Les textes de la RAF qui stipulent que « la terre appartient à celui qui la cultive ou celui qui la met en valeur » et que « l'Etat propriétaire de la DFN » ainsi que « la non- reconnaissance du droit coutumier » influencent les perceptions que les paysans ont de la terre. Certains migrants, en s'appuyant sur la cette législation foncière, adoptent des pratiques à l'encontre des interdits dictés par les autochtones sous prétexte que « la terre appartient à tout le monde ». Ils empiètent sur les terres qui ne leur ont pas été attribuées ou plantent des arbres sans l'accord des chefs de terre. Cette situation crée du côté des propriétaires terriens coutumiers des sentiments de crainte pour ce qui concerne l'avenir de leur emprise sur les terres. Comme eux-mêmes le disent, de nombreux migrants ne respectent plus les principes coutumiers ; et lorsqu'ils veulent leur sanctionner, ils sont convoqués auprès des autorités administratives.

Le sentiment d'insécurité foncière que suscite la RAF est surtout vécu par les propriétaires terriens qui les perçoivent comme une sorte de remise en cause de leur autorité en matière de la gestion foncière. En effet, de nombreux migrants qui ont acquis des parcelles

de culture par l'entremise de ces propriétaires terriens, se basent sur la RAF pour s'opposer à certains principes coutumiers en matière de gestion foncière : plantation d'arbres, attribution de parcelles à une tierce personne sans accord des chefs de terre. Pour ces migrants, la modernité devient de plus en plus une garantie de la sécurité foncière au détriment de la coutume.

Si l'avènement de la législation foncière moderne a fragilisé le pouvoir coutumier, l'approche des politiques d'aménagement du territoire ne l'a pas consolidé non plus.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille