4.1.2. L'insécurité foncière chez les
autochtones
Elle est variée et diffère selon le statut
social des autochtones. Cette insécurité se rapporte au
non-respect des clauses qui régissent les modes d'accès
établis avec certains migrants et au manque de terre de plus en plus
perceptible dans la zone.
· L'insécurité liée au
non-respect des clauses
Les clauses, notamment les interdits et les obligations, que
les propriétaires terriens imposent aux exploitants agricoles sont des
éléments qui leur permettent de préserver à priori
leur contrôle foncier. Par exemple, les interdictions coutumières
et les redevances permettent d'abord aux chefs de terre d'empêcher toutes
les tentatives de remise en cause de leur autorité sur les terres qu'ils
ont attribuées aux migrants. Ensuite, cela leur permet de rappeler aux
bénéficiaires que la terre qu'ils exploitent ne leur appartient
pas et que toute opposition à ces obligations peut entraîner une
reprise des parcelles. Si les migrants ont longtemps respecté ces
clauses, ces dernières années nombre d'entre eux enfreignent
à ces règlements.
Les propriétaires terriens coutumiers n'approuvent pas
le fait que certains migrants adoptent des pratiques relatives à la mise
en valeur des terres sans leur consentement : planter des arbres, céder
la parcelle à une tierce personne, refuser de verser le loyer dans les
contrats de métayage. Selon eux, elles viseraient à remettre en
cause leur autorité sur les terres de leurs ancêtres. Toutes ces
pratiques désapprouvées par les chefs terriens se
déroulent dans un contexte où l'autorité coutumière
est fragilisée par la présence du pouvoir administratif.
· L'insécurité liée au manque
de terre : une menace future
C'est un problème que vivent les jeunes autochtones.
Avec l'arrivée massive des migrants et l'intérêt
économique que ces derniers suscitent dans la compétition
foncière, les aînés propriétaires terriens leur
attribuent les terres sans penser à l'avenir de leurs cadets. «
Il n'y a plus de terre, les chefs de terre ont tout attribué aux
migrants, et il serait difficile de reprendre ces parcelles dans les
années avenirs quand ils en auront besoins » affirme SM, un
jeune autochtone. Ces propos mettent en lumière le souci de pouvoir
accéder à leur « patrimoine foncier collectif »
à long terme. Si les terres sont toutes cédées aux
migrants c'est le contrôle foncier des jeunes, relève de la
chefferie terrienne coutumière, qui serait menacé. Au fait, les
jeunes autochtones se sentent dans une situation d'insécurité qui
s'inscrit dans le long terme.
Malgré les divergences au niveau de la perception des
situations d'insécurité, les enquêtes menées dans le
front pionnier de Dèrègouè ont révélé
que les autochtones et les migrants vivent aussi une même
instabilité foncière. Il s'agit du déguerpissement des
paysans de la zone dite pastorale.
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