Pour les migrants enquêtés,
l'insécurité foncière est liée au risque de remise
en cause des droits d'exploitation agricole qui leur ont été
cédés par les propriétaires terriens coutumiers. Elle se
manifeste à travers les retraits de terres et les réductions de
superficie.
· L'insécurité liée aux
retraits de terre
Elle renvoie au risque de remise en cause des contrats
fonciers, qui sont perceptibles à travers les retraits de terre. Sur le
total des exploitants enquêtés, 7 cas de retrait de parcelles ont
été enregistrés, soit 50% de victimes de cette
pratique. Les parcelles ainsi retirées sont
réattribuées à d'autres demandeurs qui, le plus souvent,
sont des migrants.
Le besoin de terre et le non-respect des clauses qui
définissent les contrats sont les principales raisons
évoquées par les propriétaires terriens coutumiers pour
justifier les retraits de terre. Par contre, pour les victimes que sont les
migrants c'est plutôt la recherche du gain qui pousse ces derniers
à retirer les terres pour les céder de nouveau aux plus
offrants.
· L'insécurité liée
à la réduction de superficies
Elle est la conséquence du manque et de l'augmentation
des demandes de terre suite à l'accroissement démographique.
C'est une pratique dans laquelle la victime se voit interdire l'exploitation
d'une portion de son champ. Cette portion est ensuite réattribuée
à un nouveau demandeur. 7 cas de réduction de superficie ont
été enregistrés au cours des enquêtes, soit 50% des
cas de remise en cause des droits d'usage sur la terre.
Pour les propriétaires terriens, c'est pour satisfaire
les nouvelles demandes de terre qui ne cessent d'augmenter que certaines
parcelles sont réduites, notamment celles dont les superficies sont
estimées grandes. Les victimes de réduction de parcelle
enquêtées exploitaient plus de 5 ha. Si certains migrants
acceptent cette pratique, d'autre par contre la trouvent injuste. Pour ces
derniers, certes les parcelles sont grandes, mais il ne faudrait pas ignorer la
taille du ménage qui s'agrandit au fil des années.
L'émergence des retraits de terre et des
réductions de superficie, en dépit du caractère permanente
des contrats fonciers, suscite un sentiment de doute et de crainte chez les
migrants quant à la durée de leurs droits d'usage sur la terre.
En effet, bien que la durée des droits ne soit pas limitée
à priori dans le temps, ils ne sont pas de plus en plus
épargnés de ces problèmes fonciers. De plus avec la
pression foncière qui s'intensifie, les risques de réduction de
superficies s'accentuent. Cette situation place les migrants, notamment ceux
qui ont une assise sociale fragile, dans une situation d'incertitude.
Comme mentionné auparavant, les migrants se
distinguent selon leurs durées d'installation, leurs provenances et
leurs statuts économiques. Ces critères, qui permettent d'une
part de distinguer les anciens migrants d'avec les nouveaux, les migrants en
provenance des localités du pays d'avec les migrants burkinabé de
retour de la côte d'Ivoire d'autre part, influencent leur rapport avec
les propriétaires terriens. En effet, les anciens migrants qui ont
bénéficié de vastes superficies sont les plus
exposés aux phénomènes de réduction de la taille
des champs. Les superficies des champs sont réduites pour satisfaire les
nouvelles demandes de terre faites par les nouveaux migrants, surtout par les
migrants de retour de la Côte d'Ivoire et les « nouveaux acteurs
». Les migrants sont tous exposés aux retraits de terre, mais ce
phénomène affecte le plus les migrants qui n'ont pas d'assise
socio-économique solide dans la zone. Les problèmes
d'accès à la terre ne sont pas spécifiques aux migrants,
car les autochtones évoquent aussi des faits qui rendent incertains leur
autorité foncière.