3 - La production laitière locale :
Bien que la production laitière nationale enregistre
une progression entre 1990 et 2005, elle demeure faible eu égard aux
potentialités génétiques notamment du BLM (qui peut
développer beaucoup plus que les 3000 litres annuellement) et à
l'importance de la demande.
La progression observée sur le graphe ces
dernières années, est le résultat direct de l'augmentation
de l'effectif bovin par l'importation de génisses pleines et
l'amélioration progressive des techniques de production. Par ailleurs on
peut aussi constater sur le terrain les efforts de certains éleveurs
pour une meilleure qualité du produit.
L'analyse de la production par espèce montre aussi,
que le lait consommable est issu en majeure partie de l'espèce bovine
(1, 22 milliards de litres en 2000).
4- Evolution de la collecte du
lait cru :
La collecte demeure très faible par rapport aux besoins
de consommation et aussi au regard de la disponibilité. Elle reste
marquée par une évolution en dents de scie, passant de 29
millions en 1969 à 107 millions en 2003.
« Au cours de la décennie soixante dix, la
quantité de lait collectée est de 30 à 40% du total en
lait de vache produit. Ce taux tombe ensuite à 16% du total en 1980-1990
malgré une croissance réelle de la production enregistrée
au cours de cette seconde période » (M. Boukella, 1996).
Les constatations faites par M. Boukella se confirment car les
quantités collectées ont fortement progressé au cours de
la première moitié de la décennie 2000. Elles ont
été multipliées par 3,7 entre 1990 et 1996. Cela peut
être dû à la forte amélioration des prix du lait cru
qui est passé de 7 DA/L à 22 DA/L. Toutefois, elles ont
décliné ensuite jusqu'à l'année 1999. Ce
déclin résulte, d'une part, du délaissement partiel de
l'activité de collecte par le groupe public GIPLAIT au profit de
collecteurs privés, n'en gardant qu'une infime partie et d'autre part,
des perturbations qui ont pesé sur le fonctionnement de la
filière en particulier au plan de l'écoulement de la production
en raison de l'absence de consensus sur le prix de cession du lait cru.
L'annonce officielle (circulaire du 24/02/99 n°103) du
prix du lait à 22 DA/L déjà pratiqué depuis
près de 10 ans et la longue période de sécheresse durant
cette décennie qui a fortement influé sur l'augmentation
substantielle du prix des fourrages, ont conduit l'industrie de transformation
à se détourner de l'approvisionnement en lait cru.
A partir de cette date et durant les deux années qui
suivirent, le lait cru, de manière générale, est
cédé à la consommation directe et aux petits artisans
à un prix variant entre 35 et 40 DA le litre.
A partir de 2001, un nouvel intérêt est
suscité pour la collecte, résultant des incitations et aides pour
l'ouverture de nouveaux centres d'une part et d'autre part de l'augmentation de
la prime de collecte.
La collecte se situe autour de 107.millions de litres en 2003,
acheminés vers les unités de transformation. Le reste du lait
produit sera auto - consommé et / ou commercialisé de
façon informelle à la ferme et ses alentours. La
différence de prix entre le lait commercialisé à la ferme
et le lait collecté par les usines, ainsi que les entraves liées
à l'écoulement et à l'organisation de la collecte peuvent
expliquer cet état des lieux. (Cherfaoui A)
Les moyens et infrastructures de collecte sont
vétustes, ce qui engendre de fréquentes immobilisations. Le parc
de collecte (citernes), totalisant une capacité/jour de 254.000 litres,
ne peut permettre dans sa situation actuelle d'accroître le volume
à collecter.
La part de chaque intervenant dans la collecte du lait,
réalisée en 2000 pour le compte des filiales de GIPLAIT, se
présente comme suit :
* Laiteries GIPLAIT : 45.8% ;
* Producteurs : 39.6% ;
* Collecteurs privés : 14.6%.
Il faut souligner que jusqu'à 1995, la collecte
était assurée, à près de 100%, par les moyens des
ex-unités GIPLAIT. En plus des moyens de transfert du lait, il existe 27
centres et sous-centres de collecte implantés à travers 18
Wilayas, gérés en majeure partie par les filiales de GIPLAIT
(dont 13 en activité) , (03 centres sont gérés par
les producteurs et 05 gérés par les
coopératives).
La capacité de stockage sous froid est
évaluée à 168 700 litres/jour, (61.5 millions de
litres/an). Selon une répartition zonale (répartition par zones
de potentialités hydriques), les capacités des centres de
collecte de lait cru sont les suivantes :
Tableau N°05 : Les
capacités et la collecte par zone en 2000.
Unité : Million de litres
Désignation
|
Zone 1
|
Zone 2
|
Zone 3
|
Capacités des centres de collecte
|
44
|
16
|
1.5
|
Livraisons directes aux unités de transformation
|
17
|
14
|
3,3
|
Collecte/an totale
|
61
|
30
|
4.8
|
Source : Ministère de
l'Agriculture.
Dans l'optique d'une réhabilitation de cette
activité de collecte du lait cru, la dotation ou l'incitation à
l'investissement en moyens de transport, de contrôle, de suivi et de
stockage s'est imposée comme une nécessité absolue.
5- La transformation (industrie
laitière) :
La restructuration a conduit à une organisation des
entreprises en filiales dont le regroupement a donné naissance à
GIPLAIT avec une capacité de 1,5 milliard de litres/an assurant ainsi la
plus grande part d'approvisionnement du marché national
particulièrement en lait pasteurisé. GIPLAIT assure 60% des
besoins de consommation en grande partie par des importations (poudre de lait
et matière grasse de lait anhydre « MGLA »). La
production industrielle des laits et dérivés par le groupe
GIPLAIT a connu une progression jusqu'à l'année 1993 (1.4
milliard de litres), pour régresser à 721 millions de litres pour
l'année 2003.
L'industrie laitière (GIPLAIT) se caractérise
par le fait qu'il s'agit d'un groupe d'entreprises dont le propriétaire
est l'Etat. Elles occupent une position dominante, notamment en relation avec
le segment du lait pasteurisé. Parallèlement, le marché
des produits dérivés est fortement concurrentiel.
Le secteur privé composé de quelque 220 PME/PMI
(MADR 2004), active particulièrement dans la fabrication de produits
laitiers (80% contre seulement 20%, pour les laits de consommation) pour un
volume global estimé à quelques 200 millions de litres
équivalent lait. La production industrielle de ce secteur est
basée essentiellement sur les importations de matières
premières laitières ; l'intégration du lait produit
localement y est insignifiante. De plus, ce secteur comprend plusieurs petites
laiteries privées de faible capacité, réalisées
avec le soutien du PNDA. Elles traitent annuellement 2 millions de litres de
lait cru collecté (MADR 2004).
Le taux d'intégration du lait cru n'a pu enregistrer de
progrès, bien au contraire il ne cesse de chuter depuis 1969. Il est
resté inférieur à 10% sur toute la période
1980-1994, la hausse légère constatée à partir de
1995 s'explique plus par la baisse de la production industrielle que par la
progression de la collecte auprès des étables constituées
de BLM. Ce faible taux d'intégration est dû principalement aux
insuffisances constatées à différents niveaux notamment
ceux relatifs à:
Ø La stratégie d'investissement (en
matière d'équipement) dans la collecte du lait du fait de
l'intérêt économique comparé au coût de la
poudre.
Ø L'exigence de performances et de résultats
des entreprises publiques économiques.
Ø L'administration du prix du lait pasteurisé
et du lait cru.
Ø L'organisation inadaptée des réseaux
(le circuit) de collecte conformément aux bassins de production et
autour des unités de transformation.
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