2.- L'importance de l'élevage :
a.- Les zones de production
laitière :
Les zones de production laitière sont localisées
au Nord du pays et plus précisément dans la frange du littoral et
des plaines intérieures. Fortement liée à la production
fourragère qui, elle-même, est dépendante du système
de culture céréale / fourrage, l'implantation du bovin laitier
n'a pas connu d'extension des zones occupées.
L'extension de l'élevage du bovin est restée
limitée vers le Sud du pays par les isohyètes des 300 mm à
400mm. La création de nouveaux grands périmètres
irrigués n'a pas encore eu d'effet significatif dans ce domaine
d'activité.
En grande partie, la production laitière locale est
assurée par le cheptel bovin (à plus de 80%). Le lait issu des
élevages de l'ovin et caprin, demeure un résultat des
systèmes d'élevage extensif localisés essentiellement dans
les zones de montagnes et des hauts plateaux steppiques ; quant à
la production laitière cameline elle reste très marginale.
Seule la production laitière bovine est à
l'origine de manière essentielle du lait commercialisé.
b.- Evolution du cheptel :
Le tableau ci-après reprend les effectifs depuis 1990.
Toutefois, il est utile de souligner que le cheptel n'a pas connu le même
type de croissance rapide que celui de la population humaine qui est
passée de 25 à 33,2 millions d'habitants durant cette
période (1990 - 2005).
Tableau N °01 : Evolution
des effectifs (année 1990-2005).
Unité : Tête.
Année
|
Bovins
|
Caprins
|
Ovins
|
Camelin
|
1990
|
1392700
|
2471950
|
17697270
|
122450
|
1991
|
1300180
|
2484540
|
16891180
|
126270
|
1992
|
1341550
|
2775130
|
17722780
|
114300
|
1993
|
1313820
|
2683310
|
18664640
|
114380
|
1994
|
1269130
|
2543790
|
17841840
|
114120
|
1995
|
1266620
|
2779790
|
17301560
|
126350
|
1996
|
1227940
|
2894770
|
17565400
|
136000
|
1997
|
1255410
|
3121500
|
17387000
|
150870
|
1998
|
1317240
|
3256580
|
17948940
|
154310
|
1999
|
1579640
|
3061660
|
17988480
|
217370
|
2000
|
1595380
|
3026730
|
17615930
|
234220
|
2001
|
1613040
|
3129400
|
17298790
|
245490
|
2002
|
1551570
|
3280540
|
17587740
|
249690
|
2003
|
1560545
|
3324740
|
17502790
|
253050
|
2004
|
1613700
|
3450580
|
18293300
|
273140
|
2005
|
1586070
|
3589880
|
18909110
|
268560
|
Source : Annuaire statistique pour
l'Afrique (Volume N°1-2000) « ONU » et Doc.
Ministère de l'Agriculture (2001-2005).
Le cheptel est resté semblable à lui-même
durant toute cette période et n'a que peu évolué si ce
n'est les quelques actions de développement de ces dernières
années. Ce sont des inventaires similaires à ceux que l'on trouve
au cours des décennies soixante dix et quatre vingt.
En effet le cheptel bovin est passé de 865 700
têtes durant la période 1968-1970 à 1487 000
têtes entre 1983-1985 (H.. Yakhlef 1989) pour enregistrer un total de
1586 070 durant la période 2004-2005. La croissance est très
faible, elle est la résultante des causes recensées et
énumérées ci-après :
Ø Insuffisance des politiques de soutien à
l'élevage et au développement des cultures fourragères.
Ø Insuffisance de la ressource en eau et du
développement des périmètres irrigués.
Ø Insuffisances de la politique des prix du lait
induisant le désintéressement des éleveurs pour la
production laitière.
Ø Insuffisances dans la maîtrise de la conduite
technique des élevages de manière intégrée.
Ø Longueur du cycle des sécheresses
enregistrées ces dernières années.
Ø Apparition de plusieurs cas de maladies contagieuses
(tuberculose...), ce qui a conduit parfois à des abattages
forcés.
Ø Faiblesse de la vulgarisation agricole.
Ø absence sur le terrain d'associations actives dans
le domaine de l'élevage.
0
200000
400000
600000
800000
1000000
1200000
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Figure N°
01
:
Evolution de l
'
''effectif bovin laitier
(
BLM
-
BLA
)
(1990 - 2005)
BLM
BLA
Les quelques faibles variations des effectifs que l'on observe
dans l'histogramme, s'expliquent plus par une politique d'importation de vaches
laitières par à coups que par le soutien à l'accroissement
des naissances et la conduite d'un élevage orienté vers la
production laitière locale (Amroun M et al 2004).
Jusqu'en 1995, des importations plus ou moins
régulières ont eu lieu (7000 génisses pleines en 1995).
Les difficultés financières du pays à partir de 96, puis
les interdictions à l'importation (de novembre 2000 à avril 2003)
dues aux épidémies qui ont frappé le cheptel
européen, principale source d'approvisionnement, ont conduit à
une chute considérable du cheptel (13%). Ce n'est qu'à partir du
début de 2004 que les importations ont repris (31000 têtes).
Le cheptel bovin se caractérise par la présence
de trois types distincts dont deux sont orientés principalement vers la
production laitière:
v Le Bovin Laitier de race importé dit
« BLM » :
Hautement productif, conduit en intensif, dans les zones de
plaines et dans les périmètres irrigués où la
production fourragère est plus au moins importante, il est introduit
principalement à partir d'Europe et comprend essentiellement les
races Montbéliarde, Frisonne Pie Noire, Pie Rouge de l'Est, Tarentaise
et Holstein. En l'an 2000, le BLM représentait 25, 69 % de l'effectif
national et assurait environ 69,26 % de la production locale totale de lait de
vache.
v Le Bovin Laitier Amélioré «
BLA » :
C'est un ensemble constitué de croisements (non
contrôlés) entre la race locale « Brune de
l'Atlas » et des races introduites. Le BLA est localisé dans
les zones de montagnes et forestières. Son alimentation est
constituée par le pâturage d'herbe de prairies avec un
complément de paille. En l'an 2000, le BLA représentait 74,31 %
de l'effectif national et assurait environ 30,74 % de la production locale
totale de lait de vache.
v Le Bovin Laitier Local «
BLL » :
Le BLL est beaucoup plus orienté vers la production de
viande, sa faiblesse dans la production de lait fait que cette dernière
est surtout destinée à l'alimentation des jeunes animaux.
c.- Les systèmes
d'élevage :
L'élevage bovin ne constitue pas un ensemble
homogène. On peut distinguer trois systèmes :
v Le système
intensif :
Il se caractérise par la présence
d'étables de 50 VL (BLM) en moyenne dans les exploitations
localisées dans des zones à haute potentialité qui
regroupent en majeure partie les terres des plaines littorales et
intérieures de l'ex-secteur colonial sur lesquelles se sont
implantées les EAI et EAC à partir de 1988.
v Le système semi
-intensif :
Il est pratiqué en général par les
exploitations n'ayant qu'une superficie limitée (-5ha), mais disposant
d'un potentiel d'irrigation adéquat. Il s'agit de VL à haut
potentiel dont la conduite est semi- mécanisée.
v Le système
extensif :
Cet élevage est localisé dans les zones de
montagnes et forestières, il concerne des ateliers de taille
relativement réduite de 1 à 6 vaches. Le cheptel est issu de
multiples croisements (non contrôlés) entre bovin local et bovin
importé d'Europe.
d- L'offre alimentaire pour le cheptel :
Il y a deux types de fourrages : les fourrages naturels
(les prairies naturelles et les jachères pâturées) et les
fourrages cultivés (vesce avoine, luzerne,etc.).
Les superficies destinées à ces cultures restent
très faibles par rapport aux besoins. Au cours de la dernière
décennie, les superficies fourragères ont connu une fluctuation
continue mais ne dépassent pas les 2% de la superficie agricole
totale (SAT).
Tableau N°02: Evolution des superficies
fourragères et de leur part dans la superficie
agricole totale (1989-2005)
(Unité : hectare).
Année
|
SAT
|
Fourrages
cultivés
|
Fourrages
naturels
|
total
|
Superficie
fourragère
totale/SAT (%)
|
1989
|
39 722 120
|
661 180
|
117 400
|
778 580
|
1,96
|
1990
|
39 592 860
|
504 090
|
97 340
|
601 430
|
1,51
|
1991
|
39 575 310
|
522 240
|
145 980
|
668 220
|
1,68
|
1992
|
39 813 960
|
529 680
|
145 270
|
674 950
|
1,69
|
1993
|
39 808 280
|
465 030
|
119 270
|
584 300
|
1,46
|
1994
|
40 596 730
|
494 850
|
115 450
|
610 300
|
1,50
|
1995
|
40 651 820
|
488 860
|
160 020
|
648 880
|
1,59
|
1996
|
40 541 000
|
412 150
|
169 160
|
581 310
|
1,43
|
1997
|
40 663 000
|
391 630
|
176 640
|
568 270
|
1,39
|
1998
|
40 547 370
|
368 130
|
163 000
|
531 130
|
1.30
|
1999
|
40 596 000
|
460 710
|
169 850
|
630 560
|
1.55
|
2000
|
40 888 100
|
458 050
|
127 850
|
585 900
|
1.43
|
2001
|
40 983 000
|
331 270
|
142 690
|
473 960
|
1.15
|
2002
|
40 735 920
|
395 840
|
101 030
|
496 870
|
1.22
|
2003
|
40 785 000
|
272 790
|
299 020
|
571 810
|
1,40
|
2004
|
42 209 600
|
461 589
|
175 634
|
516 810
|
1.22
|
2005
|
42 380 630
|
484 152
|
144 737
|
528 889
|
1.25
|
Moy
|
40 593 570
|
453 073
|
151 196
|
591 304
|
1.45
|
Source : Ministère de
l'agriculture, revue des statistiques agricoles série A et B. *
Source : Calculs
Malgré les aides et incitations initiées par l
'Etat à travers les différents programmes de
développement, les superficies en fourrages cultivés connaissent
une régression. Les causes sont peu évidentes devant
l'intéressement nouveau des agriculteurs à l'élevage bovin
(augmentation du nombre d'éleveurs). Mais l'on peut avancer que l'une
des causes principales de cette régression de superficie est le
résultat d'un ensemble de facteurs parmi lesquels l'extension d'autres
cultures à forte plus value et l'accroissement des superficies
irriguées destinées à l'arboriculture fruitière.
Tableau N°03 :
Evolution des surfaces et des productions des prairies
naturelles
et jachères fauchées en
Algérie entre 1989 et 2005.
Année
|
Prairies naturelles
|
Jachères fauchées
|
Total
|
Surface (ha)
|
Produit (ql)
|
Surface (ha)
|
Produit, (ql)
|
Surface (ha)
|
Produit (ql)
|
1989
|
34 340
|
645 170
|
83 060
|
991 530
|
117 400
|
1 636 700
|
1990
|
26 060
|
318 140
|
71 280
|
612 050
|
97 340
|
930 190
|
1991
|
35 370
|
914 320
|
110 610
|
1 446 440
|
145 980
|
2 360 760
|
1992
|
32 050
|
450 870
|
113 220
|
1 952 380
|
145 270
|
2 403 250
|
1993
|
32 710
|
470 100
|
86 560
|
1 230 130
|
119 270
|
1 700 230
|
1994
|
36 940
|
567 080
|
78 510
|
984 110
|
115 450
|
1 551 190
|
1995
|
39 710
|
700 130
|
120 310
|
1 371 050
|
160 020
|
2 071 180
|
1996
|
40 440
|
941 370
|
128 720
|
2 309 630
|
169 160
|
3 251 000
|
1997
|
42 390
|
354 970
|
134 250
|
644 510
|
176 640
|
999 480
|
1998
|
42 060
|
635 860
|
120 940
|
1 775 580
|
163 000
|
2 411 440
|
1999
|
35 210
|
679 470
|
134 640
|
1 848 770
|
169 850
|
2 529240
|
2000
|
35 230
|
481 950
|
92 620
|
1 287 220
|
127 850
|
1 769 170
|
2001
|
30 900
|
655 890
|
111 790
|
1 879 650
|
142 690
|
2 535 540
|
2002
|
23 640
|
296 000
|
77 390
|
1 137 260
|
101 030
|
1 433 260
|
2003
|
25 950
|
566 300
|
273 070
|
4 364 580
|
299 020
|
4 930 880
|
2004
|
25 434
|
568 850
|
150 200
|
2 929 900
|
175 634
|
3 498 750
|
2005
|
26 070
|
601 860
|
118 667
|
2 254 120
|
144 737
|
2 855 980
|
Moy*
|
33 206
|
579 302
|
117 990
|
1 706 994
|
151 196
|
2 286 367
|
Source :
Ministère de l'agriculture, revue des statistique agricole série
A et B.
Source : calculs
Les prairies naturelles sont très limitées. Ce
sont des parcelles de bas fonds souvent humides à proximité de
cours d'eau. La tension sur les disponibilités en eau, ces
dernières années, a fait que la superficie moyenne de 35 000
ha de prairies pâturées chaque année a tendance à la
réduction ; en 2002 elle ne fut que de 23 000 ha.
En moyenne deux millions de quintaux de fourrages naturels
sont disponibles chaque année. Les besoins sont de très loin
beaucoup plus importants (en 2000 les besoins pour le cheptel étaient
estimés à 7 680 770 000 UF ; les
disponibilités fourragères et aliments de bétail ne
représentaient que 6 862 665 782 UF soit un déficit de
818 104 218 UF) (OFLIVE 2001). La création de prairies
pâturées est d'une importance primordiale pour le bovin laitier.
Les fourrages cultivés sont encore tributaires des
aléas climatiques et peu maîtrisés. Ils ne sont
disponibles que cinq mois dans l'année. Pour le reste, la ration est
composée de vesce avoine et d'aliments concentrés (10 kg / VL /
jour). Cet état de fait pénalise fortement la production
laitière dans sa quantité et sa qualité.
Tableau N°04 :
Evolution des fourrages cultivés en Algérie
(1998-2005)
Unité :
hectare
Année
|
Fourrage cultivé consommé en sec
|
Fourrage cultivé consommé en vert
|
Total
|
Vesce avoine
|
Luzerne
|
divers
|
total
|
1989
|
301 640
|
4430
|
214460
|
520 530
|
140 650
|
661 180
|
1990
|
223 190
|
4350
|
212430
|
439 970
|
64 120
|
504 090
|
1991
|
250 310
|
2960
|
186170
|
439 440
|
82 800
|
522 240
|
1992
|
177 920
|
360
|
239060
|
417 340
|
112 340
|
529 680
|
1993
|
153 200
|
5320
|
204620
|
363 140
|
101 890
|
465 030
|
1994
|
137 840
|
8860
|
243280
|
389 980
|
104 870
|
494 850
|
1995
|
108 740
|
16210
|
199750
|
324 700
|
164 160
|
488 860
|
1996
|
116 000
|
360
|
194880
|
311 240
|
100 910
|
412 150
|
1997
|
79 560
|
3850
|
225860
|
309 270
|
82 360
|
391 630
|
1998
|
91 740
|
2350
|
230570
|
324 660
|
43 470
|
368 130
|
1999
|
60 950
|
4190
|
302990
|
368 130
|
92 580
|
460 710
|
2000
|
74 390
|
980
|
108860
|
351 530
|
106 520
|
458 050
|
2001
|
65 240
|
1360
|
134500
|
243 520
|
87 750
|
331 270
|
2002
|
55 330
|
2950
|
155890
|
300 280
|
95 560
|
395 840
|
2003
|
59 610
|
1 450
|
211 730
|
272 790
|
0
|
272 790
|
2004
|
60 006
|
2 932
|
278 238
|
341 176
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120 413
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461 589
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2005
|
47242
|
2203
|
345404
|
394849
|
89303
|
484152
|
Source :
Ministère de l'agriculture, statistique série A et B.
2004,2005.
La superficie cultivée en fourrages a nettement
régressée au cours des quinze dernières
années ; de plus de 0,5 million d'hectares vers les années
1990, elle est descendue à moins de 300 000 hectares en 2003 (Stat M.A
2003).
En plus de la faiblesse de la disponibilité, la
qualité du fourrage laisse à désirer et constitue une
contrainte de taille pour l'élevage bovin laitier. La majeure partie du
fourrage (70%) est composée par des espèces
céréalières (orge, avoine...). La luzerne, le
trèfle d'Alexandrie et le sorgho, n'occupent que très peu de
surfaces. La faible pratique de l'ensilage contribue aussi à la
médiocrité de la ration alimentaire du cheptel.
L'irrigation reste une option peu utilisée pour la
production laitière. L'eau est souvent orientée vers les cultures
à forte plus value, notamment dans les zones à hautes
potentialités où se concentre effectivement le bovin laitier
moderne. L'installation de nouvelles luzernières est très
faiblement représentée au regard de l'importance du cheptel. Le
taux d'affectation est d'environ 40 m² de luzernière par vache
laitière.
L'irrigation demeure une option stratégique. La
disponibilité de l'eau d'irrigation au niveau de l'exploitation
constitue un avantage ainsi qu'un atout considérable pour le fourrage en
vert. L'eau devient une nécessité stratégique.
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